Des intellectuels, universitaires, politiques, artistes, syndicalistes et membres du mouvement associatif, ont demandé, lundi, à l’Etat Français et aux candidats à la présidentielle de reconnaître les crimes coloniaux qu’ils qualifient de « crimes d'Etat ». Dans un texte proposé par l’universitaire Olivier Le Cour Grandmaison, les signataires demandent que « justice soit rendue aux héritiers de l’immigration coloniale et postcoloniale, et que les discriminations mémorielles qui les affectent toujours puissent être combattues ». Ils réclament également aux plus hautes autorités de l’Etat et aux candidats à l’élection présidentielle qu’ils se prononcent pour la création d’un lieu du souvenir à la mémoire de celles et ceux qui furent assassinés, de même que l’ouverture de toutes les archives relatives à ces différents événements et la reconnaissance de ces crimes de guerre et d’Etat. Les signataires, parmi lesquels figurent des historiens comme Gilbert Meynier, Alain Ruscio, Fabrice Riceputi et Michèle Riot-Sarcey, soulignent que tels actes « permettront à tous les Français de mieux connaître cette histoire singulière ». Parmi les crimes coloniaux, le texte cite les massacres de Thiaroye, au Sénégal, en décembre 1944, ceux de Sétif, Guelma et Kherrata, en Algérie, qui débutent le 8 mai 1945 et dont les « dizaines de milliers de morts, en témoignent sinistrement ». « Il y a soixante-dix ans, au mois de mars 1947, la guerre d’Indochine et l’insurrection Malgache débutaient. Le 1er novembre 1954, un conflit long et sanglant commençait en Algérie. Entre 1945 et 1962, la France a donc été presque constamment engagée dans des opérations militaires coloniales », ont rappelé les signataires qui demandent qu’il ne faut pas oublier la guerre « longtemps occultée » menée au Cameroun (1955-1971) et les répressions « sanglantes » des militants Guadeloupéens et Kanaks. Ils ont estimé que si la loi de l’ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira, et les initiatives de la société civile « ont permis un début de reconnaissance sociale et politique de l’esclavage et de la traite négrière, il n’en est pas de même pour les crimes commis avant ou après la Seconde Guerre mondiale, soutenant que « cette situation est inacceptable, car elle ajoute aux massacres, l’outrage aux victimes, à leurs descendants et leurs proches ».
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