Le RCD a décidé de participer aux prochaines élections législatives. Pensez-vous que, contrairement aux dernières élections, les Algériens iront voter cette fois-ci ? Les taux de participation aux élections suivent une tendance baissière un peu partout dans le monde. Cette tendance est encore plus accentuée dans les pays en voie de développement. Les dernières élections législatives au Maroc ont connu un taux de participation de 47%. Celles de Tunisie, organisées pourtant par une instance indépendante et intervenues après un changement de système, ont connu un taux de participation d’un peu plus de 60%. En Algérie, à cause des fraudes récurrentes, on ne connaît pas les taux réels de participation. Mais il est vrai que la fraude électorale renforce et alimente l’abstention, ce qui d’ailleurs arrange le pouvoir et facilite le truquage des résultats. La mobilisation des électeurs est de la responsabilité de l’administration et des partis politiques qui participent au scrutin. Malheureusement, la fermeture du champ politique et l’absence de meilleures conditions de l’exercice politique font que les partis ne peuvent réussir cette action comme il se doit. Vous remarquerez que les entraves, voire les interdictions de nombreuses activités des partis de l’opposition n’ont pas cessé, bien que nous soyons dans une période préélectorale. Depuis deux mois, nous sollicitons une autorisation auprès de la direction de la Coupole pour l’organisation de notre 5e congrès ordinaire ; à ce jour aucune réponse ne nous a été rendue. Nous avons sollicité le ministère de l’Intérieur depuis plus de deux mois pour la mise à disposition des résultats définitifs des élections législatives et locales de 2012, et à ce jour aucune réponse. Le mépris du gouvernement envers la classe politique encourage l’abstention en général, pas seulement électorale. Ce comportement nous contraint à ne pas traiter même avec la haute instance nouvellement installée. En ajoutant à cela les manipulations des médias publics et parapublics pour discréditer l’action autonome et désintéressée, il est difficile à l’électeur lambda de croire que la voie des urnes peut améliorer la gouvernance. Ne croyez-vous pas que le discours que vous développez pour argumenter votre participation, les doutes que vous nourrissez sur la gestion du processus électoral et la fraude pourraient avoir un effet repoussoir sur les électeurs algériens qui ne croient pas tellement à l’organisation d’une élection libre et propre ? Le début de votre question suggère que la norme est la non-participation, c’est-à-dire le boycott. Nous sommes avant tout un parti de militants aspirant à faire évoluer les choses, mais aussi un parti de propositions. La proposition d’une instance nationale permanente indépendante du ministère de l’Intérieur pour garantir l’expression de la souveraineté populaire était d’abord celle du RCD avant qu’elle devienne la revendication de toute l’opposition. Lorsque nous informons sur l’inscription sur les fichiers électoraux locaux des éléments de corps constitués de l’Etat en dehors des dispositions légales, ce n’est pas pour apporter des arguments en plus sur la fraude, mais pour alerter l’opinion publique, les citoyens et des centres de décision pour prendre leurs responsabilités. A ce sujet, la décision des partis qui constituent la CLTD de coordonner leurs efforts pour une surveillance politique du scrutin constitue une avancée. Nous pensons que les autres partis de l’opposition qui prennent part à ces élections ont leur place dans une telle démarche. Les Algériens sont-ils mobilisables dans un contexte de crise économique et sociale, la chute du pouvoir d’achat, le chômage qui sont le résultat d’une gestion que vous avez toujours dénoncée et critiquée ? Les Algériens ne sont pas différents des autres peuples. C’est le système politique qu’ils subissent qui les empêche de prendre en charge leur destinée et leurs problèmes. La crise financière induite par la chute des prix des hydrocarbures est l’expression de la crise économique mondiale qui a conduit au ralentissement de l’activité économique un peu partout dans le monde. En Amérique ou en Europe, cette crise a donné lieu à des bouleversements des cartes politiques à travers toutes les élections (Etats-Unis, Espagne, Grèce, France, Hollande, Royaume-Uni…). Ce ne sont pas les difficultés économiques et sociales qui éloignent les Algériens des urnes. C’est la perte d’espoir engendrée par un pouvoir qui s’attache en priorité à discréditer toute autre alternative. Notre campagne électorale est aussi destinée à débattre de telles problématiques.
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