Aucune enquête sérieuse et efficace n’a jamais été menée et les plaintes portées par les familles devant les tribunaux algériens contre les auteurs de ces disparitions n’ont jamais abouti malgré les preuves, les témoignages et les noms de ces agents de l’Etat qui ont fait disparaître leurs proches.» C’est là une partie de la réponse de l’association SOS Disparus aux propos du Premier ministre affirmant que le dossier des disparus a bien été pris en charge par les autorités. Le communiqué de SOS Disparus note que Abdelmalek Sellal reconnaît officiellement que 7144 familles ont perdu un ou plusieurs membres et «malgré ce constat, aucune volonté politique de traiter la question des disparitions forcées de manière satisfaisante n’a été constatée à ce jour». Et de préciser que «jamais les autorités algériennes n’ont montré le moindre signe de sympathie envers les familles de disparus. Le président Bouteflika lui-même a, dès sa prise de pouvoir en 1999, déclaré : ‘‘Les disparus ne sont pas dans mes poches.’’». SOS Disparus, qui a organisé un sit-in hier devant la maison de la presse Tahar Djaout, explique dans son communiqué que «les mécanismes institutionnels prétendant prendre en charge le dossier des disparus et notamment la charte pour la paix et la réconciliation et ses textes d’application n’ont été que des tentatives de garantir l’impunité des auteurs de ces violations graves des droits de l’homme et de régler la question à travers une procédure d’indemnisation qui consacre le déni du droit à la vérité et à la justice». Le communiqué de l’association signé par sa présidente Fatma Yous rappelle que «la charte et ses textes d’application n’apportent aucune réponse aux questions des familles, se contentant d’acheter leur silence». Et d’indiquer que l’article 45 de cette charte «empêche toute ouverture sur le sort des personnes disparues et déclare toute plainte ou dénonciation irrecevable, privant ainsi les familles du droit à un recours effectif». Autre grave mesure soulignée par les familles de disparus est que cette procédure «conditionne toute indemnisation à l’établissement d’un constat de disparition suivi d’un jugement de décès, une démarche pénible pour les familles». Elles estiment que «la charte et ses textes d’application ne règlent donc rien du tout pour les familles mais est simplement un moyen pour l’Etat de classer l’affaire sans avoir à apporter de réponses et reconnaître sa responsabilité». Un argumentaire qui annule, précise le communiqué, l’affirmation de Sellal selon laquelle «les familles ont bénéficié d’un accompagnement juridique pour porter leurs affaires devant les tribunaux». Cela «s’oppose à la réalité», insistent les familles de disparus qui tiennent à «dénoncer les affirmations mensongères du Premier ministre» et à rappeler que leur combat ne cessera pas tant qu’elles n’auront pas obtenu «vérité et justice».
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