Moins du quart des hommes algériens arrivent à l’université, tandis qu’un quart des filles atteint ce niveau d’instruction, révèle une étude réalisée par le Centre de recherche en économie appliquée (Créad) dont les grandes lignes ont été présentées hier à Alger. La recherche réalisée sur un échantillon de 10 000 jeunes dans le cadre du partenariat avec la l’Union européenne s’intéresse aux jeunes Algériens de la tranche d’âge 15-29 ans. Selon le docteur Nacereddine Hammouda, chercheur auCréad, cette enquête aborde la situation des jeunes en matière de scolarité, de formation et d’insertion professionnelle. Le Dr Hammouda déplore le fait que peu de lumière ait été fait sur la situation des jeunes sortis trop tôt du système scolaire, n’ayant bénéficié ni de formation et encore moins d’emploi. Pour ce chercheur — qui a esquissé les grands titres de cette enquête à l’occasion d’une journée de présentation des projets financés par l’Union européenne, tenue hier à Alger — les jeunes femmes sont plus nombreuses à souffrir de la précarité de l’emploi : «Un quart des garçons interrogés dans le cadre de l’enquête ont pu suivre une formation professionnelle après être sortis du système éducatif, contre beaucoup moins de filles.» Les filles souffrent plus des affres de l’employabilité difficile en raison de l’indisponibilité des occasions de formation et de stage après les études universitaires, souligne le même chercheur, promettant plus de détails à la publication très prochaine des résultats de cette enquête, financée par l’UE. Le projet propose également un zoom sur le vécu des jeunes filles — plus nombreuses que les garçons — quittant les bancs de l’école sans accéder à la formation et dont le profil augure un chômage et une précarité en l’absence de qualification pour postuler au marché de l’emploi, précise le conférencier. «On parle souvent du chômage des diplômés et on oublie souvent cette catégorie de jeunes qui ne sont ni dans le système éducatif, ni dans le marché du travail, ni dans la formation et sont 25% des jeunes concernés par l’enquête», déplore M. Hammouda, qui évoque également le manque de débouchés professionnels pour les formations universitaires classiques, les mastères professionnels étant le parent pauvre de l’enseignement supérieur. L’enquête qui sera présentée dans quelques semaines, selon le Dr Hammouda, s’est également penchée sur la dévalorisation de la formation professionnelle à l’embauche. «L’employé reçoit 8% de salaire en plus pour une année supplémentaire à l’école.» Le volet de la précarité de l’emploi est aussi abordé dans cette enquête, avec les difficultés d’insertion professionnelle de ces jeunes percevant des salaires précaires n’atteignant même pas le SNMG. Des disparités en matière de rémunération sont relevées selon le genre, l’âge, le niveau d’instruction et le milieu de résidence. «Les filles touchent souvent moins que les garçons pour un travail égal», souligne le chercheur du Créad. L’enquête fait partie des projets financés dans le cadre de la coopération et du partenariat avec l’Union européenne. Des projets de mobilité des étudiants Erasmus Plus grâce auquel 420 étudiants sont sélectionnés pour bénéficier de bourses d’études dans les universités des pays partenaires de ce programme, Eu4youth ou encore Euromed Invest qui facilite le contact entre les jeunes de la région, financés dans le même cadre, ont été présentés. Le projecteur a été également braqué sur Paje, le Programme d’appui à la jeunesse et à l’emploi qui a permis, grâce à un financement de 26 millions d’euros de l’UE et 2,5 millions d’euros de financement national, à développer un réseau de formations aux métiers de réhabilitation du patrimoine local.
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