Les guerres de position, les clivages idéologiques et les intérêts partisans déborderont certainement après les prochaines élections législatives. Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, demande au Mouvement de la société pour la paix (MSP), présidé par Abderrazak Makri, de se retirer de l’Instance de concertation et de suivi de l’opposition (ICSO). Il l’accuse d’avoir officiellement demandé d’intégrer le gouvernement. Et c’est à cause du «double jeu» du parti islamiste, dit-il, que Jil Jadid a décidé de quitter la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), l’été dernier. Abderrazak Makri n’a pas manqué de réagir hier sur sa page facebook, sans citer son pourfendeur. Pour le président du MSP, «certains, qui soutiennent que le parti envoie des messages au pouvoir, manquent de concentration». «Nous qui sommes les seuls à faire face au Front de libération nationale (FLN) dans les communes et les wilayas, nous avons été aussi les plus touchés par les effets de la fraude», affirme Abderrazak Makri, qui décline effectivement la volonté du MSP à rejoindre l’Exécutif, mais sous conditions : «Si les élections ne sont pas truquées, si nous les gagnons, et si nous arrivons à nous mettre d’accord sur un programme qui garantirait la transition démocratique et assurerait également la transition de l’économie rentière à une économie productive.» Ce n’est pas la première fois que le président du parti islamiste montre sa disponibilité à négocier avec le gouvernement. Il en a fait partie depuis les premières élections législatives de 1997. En pleine crise de Ghardaïa, Abderrazak Makri a été bien reçu par le chef de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Ouyahia, avec qui il avait longuement échangé. Il en a d’ailleurs fait un exposé lors d’une réunion de l’ICSO. Et personne n’avait trouvé à redire, même si quelques-uns croyaient déceler déjà à l’époque l’ambivalence du discours chez le président du parti islamiste. Contactés hier, certains de ses partenaires au sein de l’Instance de suivi et même de la CLTD n’ont pas souhaité réagir. Pour eux, la décision de participer ou non aux élections est souveraine. Elle n’engage que les partis eux-mêmes qui ont la liberté d’opter pour les choix qui leur sont appropriés. Mais il faut bien le dire, l’échange entre Abderrazak Makri et Soufiane Djilali porte sur des divergences de taille qui ne peuvent pas passer inaperçues. C’est en effet la collision de deux points de vue totalement opposés. L’un radical, rejetant en bloc toute entreprise avec le pouvoir en place ; l’autre prêt à négocier. Deux conceptions entièrement différentes de la conduite de la transition démocratique dans le pays. Il y a peut-être d’autres paramètres à prendre en considération : Soufiane Djilali est le seul maître du jeu au sein de son parti ; Abderrazak Makri évolue sur une corde raide au MSP où il doit composer avec l’aile menaçante de Aboudjerra Soltani partisan de l’«entrisme», prêt à rejoindre le gouvernement avec armes et bagages. Mais ces divergences au sein de «l’opposition» pourraient rester longtemps sans remonter à la surface. Les regroupements nés des rencontres de Mazafran 1 et 2 sont surveillés comme du lait sur le feu. Les guerres de position, les clivages idéologiques et les intérêts partisans déborderont certainement après les prochaines élections législatives. Certains membres de la CLTD et des partis faisant partie du regroupement de l’opposition assistent, impuissants, l’effritement d’une convergence fragile qu’ils ont mis longtemps à mettre en place.
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