jeudi 22 juin 2017

Absentéisme, course à «la brosse» et très peu de critiques

Couloirs de l’APN vides, hémicycle clairsemé et des interventions nonchalantes… Les débats autour du plan d’action du gouvernement, présenté mardi soir par le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, n’attire visiblement pas grand monde à l’Assemblée. Après une présence «massive» la veille à l’occasion de l’intervention du premier responsable du gouvernement, les députés ont préféré la grasse matinée aux discussions autour d’«une copie du gouvernement ne contenant que des généralités». En effet, prévue à 10h30, la reprise des travaux de l’Assemblée a débuté avec près d’une demi-heure de retard. Et seulement quelques députés ont pris place à l’intérieur de l’hémicycle. Le président de l’APN, Saïd Bouhadja, et les membres du gouvernement n’arrivent qu’un quart d’heure plus tard pour donner le signal de la reprise des interventions. Mais pour leur premier contact avec les représentants de l’Exécutif, les députés issus des législatives du 4 mai dernier se montrent très timides. Inscrits massivement sur la liste des intervenants, les représentants des deux partis au pouvoir, le FLN et le RND, donnaient l’impression de faire la course aux louanges de l’Exécutif et du programme du chef de l’Etat. «C’est la course à la chitta (la brosse, ndlr)», ironise Djamel Bahloul, député du FFS. En compagnie des élus de Tizi Ouzou, l’élu de la circonscription électorale de Bouira se lamente sur le niveau extrêmement médiocre des interventions. En tout cas, le décor de la cinquième législature est planté à cette occasion. Sur les 295 interventions prévues, seules quelques dizaines sortiront de «l’ambiance de l’allégeance» pour poser les vrais problèmes auxquels fait face le pays.   Des fleurs jetées aux nouveaux ministres Effectivement, alors qu’on s’attendait à des échanges très animés sur les questions d’actualité liées à la politique de l’Exécutif, le débat a été caractérisé par une mollesse inégalée. Les députés, ceux qui étaient présents durant la journée d’hier à l’hémicycle, ont botté, dans leur majorité, en touche. Au lieu de débattre du contenu de la copie présentée par Abdelmadjid Tebboune, les représentants du FLN et du RND estiment qu’il est plus important de réaffirmer «la loyauté au chef de l’Etat et son programme». Ils jettent aussi des fleurs au nouveau Premier ministre et aux membres de son staff. Sans évoquer les détails du projet, l’écrasante majorité des députés des deux formations majoritaires à l’Assemblée tente de gagner leur estime. Face à l’envahissement de l’Assemblée qu’ils ont réussi à l’occasion des dernières législatives, les élus des partis au pouvoir ont noyé  les voix de l’opposition qui risquent d’être inaudibles tout au long de cette nouvelle législature. «Manque d’objectifs chiffrés» En dépit de leur nombre insuffisant, quelques élus de l’opposition tentent de toucher du doigt les lacunes relevées dans le programme du gouvernement. «Je remarque dans ce plan d’action deux choses. La première est que le gouvernement ne fait aucun diagnostic de la crise. Et quand on ne fait pas de diagnostic, on ne peut pas avancer», affirme Ouamar Saoudi, député du RCD. Le plan d’action du gouvernement, ajoute-t-il, «ne contient aucune solution pour sortir de cette crise aiguë». Selon lui, «ce n’est pas l’identité qui est la source de la crise, mais la répression qui s’abat sur les citoyens partout dans le pays». «Ce sont des généralités. Le gouvernement ne nous dit pas comment procéder par exemple à la relance et à la réalisation des projets structurants», affirme Mohamed Klaleche, député du FFS, dont le parti a décidé de faire seulement «une déclaration politique sur ce programme» et faire l’impasse sur des interventions individuelles. Pour les députés du MSP, l’absence de vision prospective est un grand handicap du gouvernement. «Nous avons besoin d’un ministère chargé de la prospection. Sans une vision prospective, nous n’avancerons pas», estime, de son côté, Yahia Benine, représentant de l’Alliance MSP. Intervenant sur la question de la révision du système des subventions, Ramadane Taazibt, député du PT, demande «l’instauration de l’impôt sur la fortune au lieu d’aggraver la situation des couches les plus défavorisées par de nouvelles doses d’austérité». 

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