mardi 6 juin 2017

Crise libyenne : Alger, Le Caire et Tunis au chevet de la Libye

Les ministres égyptien et tunisien des Affaires étrangères, Sameh Shoukri et Khemaies Jhinaoui, sont arrivés hier à Alger pour prendre part à la réunion ministérielle tripartite Algérie-Tunisie-Egypte sur la Libye. La réunion d’Alger qui sera présidée par Abdelkader Messahel vise, selon le MAE algérien, à permettre aux chefs de la diplomatie des trois pays de «poursuivre leurs consultations sur la situation politique et sécuritaire prévalant en Libye». Elle intervient après celle des pays voisins de la Libye tenue à Alger le 8 mai et la réunion de Tunis des 19 et 20 février dernier. Le ministère algérien des Affaires étrangères indique que l’occasion sera mise à profit pour «examiner l’ensemble des facteurs susceptibles d’être mis à contribution pour favoriser une démarche coordonnée en vue d’accompagner les frères libyens dans leur quête d’une solution politique à la crise à laquelle est confronté ce pays frère et voisin». Cette réunion intervient alors que l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), fidèle au gouvernement non reconnu de Beida, a annoncé samedi avoir conquis la base aérienne de Jufra, au centre du pays, et les localités aux alentours. Selon des observateurs, «il s’agit d’un tournant pour les hommes du maréchal Khalifa Haftar qui se positionnent comme la principale force militaire du pays». Avec la prise de Jufra, la nouvelle stratégie de Haftar sera, dit-on, de rallier un maximum de tribus locales et peser ainsi dans les discussions diplomatiques. Car le maréchal sait que ses hommes n’ont pas la puissance de feu nécessaire pour prendre l’objectif final : Tripoli. A signaler aussi le bombardement par l’aviation égyptienne, sans mandat de l’ONU, de positions de terroristes présumés en Libye. Ces raids, qui ont visé notamment la localité de Derna, interviennent en représailles à l’assassinat, jeudi, de 29 Coptes par Daech. «Il y a suffisamment d’informations et de preuves sur l’entraînement dans ces camps des éléments terroristes impliqués dans (l’attaque)», a affirmé le ministre égyptien des Affaires étrangères à son homologue américain pour justifier les bombardements de Derna. L’EI avait pourtant été chassé de cette cité côtière en 2015 par le Conseil de la choura des moudjahidin de Derna. Cette coalition de brigades islamistes s’oppose à la fois aux islamistes plus extrémistes de l’EI et aux troupes de l’ANL, dirigée par le maréchal Khalifa Haftar. Derna, creuset du djihad libyen, a jusqu’à présent résisté aux assauts du chef de l’ALN, qui a pris le contrôle de la quasi-totalité de la Cyrénaïque. Dans cette région frontalière, l’Egypte du président Al Sissi est son premier soutien. Ce constat a d’ailleurs fait dire que Le Caire a envoyé son aviation en Libye non pas pour venger ses Coptes, mais plutôt pour donner un coup de main au commandant en chef de l’ANL. Pour certains observateurs, cette offensive aérienne fait même de l’Egypte un protagoniste de la crise.  

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