mardi 20 juin 2017

La plainte déposée au tribunal de Sidi M’hamed

L’écrivain Rachid Boudjedra a déposé hier, devant le tribunal de Sidi M’hamed, près la cour d’Alger, une plainte contre la chaîne de télévision privée Ennahar, pour le crime de «torture morale», les délits «d’atteinte à la vie privée, d’utilisation illégale de l’image, d’usurpation de fonction et de diffamation». Après avoir été malmené par une caméra cachée de la chaîne privée Ennahar, l’écrivain Rachid Boudjedra a décidé de porter l’affaire en justice. Il a déposé, hier, une plainte pour cinq chefs d’inculpation : «Torture morale, atteinte à la vie privée, utilisation illégale de l’image d’autrui, usurpation de fonction et diffamation». Conseillé par quatre grosses pointures du barreau, les Mes Miloud Brahimi, Khaled Bourayou, Amine Boulenouar et Boutamine, l’écrivain a finalisé hier la procédure qu’il avait entamée, nous a-t-il déclaré, dès le lendemain de son expérience «violente et choquante» avec l’équipe de l’émission caméra cachée d’Ennahar. «J’ai fait l’objet d’un acte terroriste. J’ai été séquestré dans un bout de hall de l’hôtel El Kettani, à Bab El Oued, un endroit, où l’armée française torturait les Algériens, durant la Guerre de Libération. Je ne savais pas si j’allais en sortir vivant. J’étais convaincu que ces hommes, qui m’entouraient armés de pistolets automatiques en plastique, allaient me tuer. Je ne savais même pas où mon épouse avait été emmenée. Elle et moi avons vécu un véritable cauchemar. Il y a quelques jours, elle a eu une éruption de boutons sur tout le corps, conséquence du stress dans lequel elle vit depuis cette journée. Pour toutes ces raisons, et dès le lendemain de l’enregistrement de cette émission, j’avais l’intention de déposer une plainte. J’ai consulté des amis avocats qui ont pris le temps de visionner l’enregistrement et de constater tout ce qui relevait du délit et du crime. Hier, j’ai déposé une plainte devant le tribunal de Sidi M’hamed, près la cour d’Alger», a déclaré M. Boudjedra. A titre de rappel, l’écrivain avait été invité, le 31 mai dernier, aux studios de la chaîne privée Ennahar, pour une émission censée faire la promotion de ses œuvres. Une fois sur les plateaux, il se retrouve devant un animateur qui lui pose des questions inquisitoires. Mais le pire a été cette brusque intrusion dans les studios de trois hommes, armés de pistolets, vêtus de gilets de police et munis de talkies-walkies qui se sont présentés en tant que policiers. Ces images violentes ont provoqué des réactions de colère de nombreux citoyens, lesquels ont enflammé les réseaux sociaux. Les autorités, particulièrement l’ARAV (Autorité de régulation de l’audio-visuel), se sont murées dans un silence ahurissant. Un groupe de citoyens a lancé un appel pour un rassemblement de protestation devant le siège de l’ARAV à Alger, qui a vu la participation énigmatique de Saïd Bouteflika, le frère-conseiller du président de la République. Non seulement il a exprimé sa solidarité à Rachid Boudjedra, mais il a qualifié «d’ignominie» ce que l’écrivain et ancien moudjahid a subi. Les déclarations ont surpris et alimenté le contenu de toute la presse nationale. Aujourd’hui, la même chaîne de télévision devra comparaître devant le tribunal de Bir Mourad Raïs, à Alger, à la suite d’une plainte pour diffamation déposée par Louisa Hanoune, la secrétaire générale du PT (Parti des travailleurs). Le 28 juin, le même tribunal devra prononcer son verdict, dans l’affaire toujours de diffamation opposant le journal Ennahar à Louisa Hanoune et à un de ses députés, Koudria.  

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