Le président de la Chambre de commerce et d’Industrie de Sétif et délégué du FCE, Amar Seklouli, cumulant une expérience de plus de 40 ans comme manager de Safcer, un des fleurons de l’industrie nationale de la céramique nous parle des mesures du gouvernement concernant les importations La mesure initiée par le gouvernement ayant inscrit la céramique dans la liste des produits soumis à licence d’importation, la production nationale peut-elle répondre à la forte demande du marché local ? Avec des capacités estimées annuellement à plus de 120 millions de mètres carrés, et de gigantesques investissements en cours, la production nationale qui a diversifié sa gamme et développé son outil de travail disposant d’une technologie de dernière génération, répond aux besoins nationaux en quantité et en qualité. Même si nos capacités de production ne tournent pas à 100% dans certains cas. Avec plus de 40 ans d’exercice, une filière employant directement plus de 100 000 personnes dispose de l’expérience et d’un savoir-faire lui permettant de faire face à toutes les situations. Nos savoir et savoir-faire ont été acquis par un transfert technologique avec l’appui de nos anciens fournisseurs d’équipements, espagnols et italiens. Ne craignez-vous pas un déséquilibre entre l’offre et la demande ? Pas du tout. Avec un énorme potentiel et un métier construit à la force du poignet, les producteurs nationaux, qui ont consacré de gigantesques investissements pour non seulement booster la production mais aussi aller vers l’exportation, ont les moyens de leur politique. En la matière, notre tissu industriel est très important. Pour l’intérêt de notre économie, on doit saluer la décision du gouvernement qui protège l’outil productif pour lequel de gigantesques investissements se chiffrant en milliards d’euros ont été consentis ces dernières années En matière de qualité, la gamme algérienne peut-elle remplacer le produit importé ? Avec une fiche technique répondant aux normes et standards internationaux, la céramique algérienne présente les caractéristiques d’un très bon cru. Fabriqué selon les normes requises, le produit algérien qui dispose d’un excellent rapport qualité-prix s’attaque désormais au haut standing. Le produit importé n’est pas forcément du premier choix. Ce produit n’est pas testé. Avant son installation, il ne fait l’objet d’aucun contrôle technique (tests en laboratoire s’entend). La promotion du produit du terroir est une affaire nationale. La presse nationale, que je salue au passage, est en mesure de jouer un rôle prépondérant dans la valorisation de la griffe locale. L’arrêt des importations est un bien, qu’on le veuille ou non. Pouvez-vous être plus explicite ? Connaisseur et exigeant à la fois, le client algérien est le meilleur juge et défenseur de la céramique nationale. Pour étayer mes propos, le groupe Safcer fournit de nombreuses entreprises algériennes, turques, chinoises, portugaises, espagnoles, libanaises, syriennes en charge de grands projets des secteurs public et privé. Ayant analysé et testé le produit made in Bladi des plus fiables, certains bureaux d’études, algériens et étrangers, ont incité les entreprises étrangères à opter pour notre céramique et notre porcelaine. Nous sommes, en outre, fiers de voir notre produit orner une aile de la grande Mosquée d’Alger. Une telle confiance s’apparentant à une consécration est le fruit de gigantesques efforts et sacrifices consentis par des compétences algériennes. En misant sur la préférence nationale, les pouvoirs publics n’ouvrent pas la voie à un monopole devant encourager les producteurs nationaux à revoir à la hausse aussi bien les prix à la vente que les marges bénéficiaires ? Ces mesures visent, à mon sens, à économiser les réserves de change et à stimuler la production nationale. Sans démagogie aucune, les Algériens se sont, en peu de temps, réconciliés avec la pomme, le raisin, la nectarine, les biscuits et beaucoup d’autres produits de chez nous. On doit faire confiance au produit local. Le ciment que nous allons exporter prochainement fait partie de la grande liste des produits locaux à vanter. Ayant atteint 38 millions de dollars, nos exportations en boissons ouvrent la voie à d’excellentes perspectives. Ayant fait leurs preuves, l’électroménager et l’électronique font partie du lot des points marqués par les opérateurs économiques nationaux. On peut aussi parler de la datte et ses dérivés, de la pomme de terre, du miel, de l’huile d’olive, du câble électrique, des compteurs d’eau et de gaz, et beaucoup d’autres produits éligibles à l’exportation. Il ne peut donc y avoir de monopole dans une situation de concurrence où plusieurs producteurs nationaux mettent sur le marché une gamme diversifiée avec un panel de prix, répondant de surcroît à toutes les bourses. Afin d’accompagner la décision courageuse des pouvoirs publics, les céramistes n’ont pas revu à la hausse leurs marges. Celles-ci sont actuellement très réduites par rapport au cours de change. En quoi le produit local est-il différent ? L’intérêt de grandes entreprises internationales pour le produit national n’est pas fortuit. Un produit ne peut accéder à l’export que s’il est certifié qualité conforme après analyses et tests. Ayant beaucoup investi dans la qualité, aussi bien des équipements que de la ressource humaine, les grands producteurs nationaux disposent de laboratoires d’analyse équipés de moyens de dernière génération. Mieux encore, nos produits sont testés dans des laboratoires externes de renommée (CETIM) agréés par l’Etat. En plus du rapport qualité-prix, facteur important dans toute transaction commerciale, la céramique algérienne se distingue par de nombreuses caractéristiques et pas des moindres. Peut-on connaître votre vision sur l’exportation de la céramique ? Le placement de la céramique algérienne à l’étranger est notre défi d’aujourd’hui et de demain. Les contacts et échanges avec de nombreux opérateurs économiques et missions diplomatiques de nombreux pays africains qui se sont déplacés sur site où ils ont vu notre gigantesque potentiel industriel ont été fructueux. Il est vrai qu’on ne va pas dérouler un tapis rouge sur notre chemin, mais on y arrivera avec bien entendu l’aide de l’Etat. La mise en place, dernièrement, de la nouvelle structure dédiée à la diplomatie économique, le ministre des Affaires étrangères stimule et encourage les exportateurs nationaux. Cette mesure donne un aperçu sur la vision du gouvernement. Que préconisez-vous pour, d’une part, protéger l’outil productif national et, d’autre part, élever le volume des exportations hors hydrocarbures ? Pour protéger l’économie nationale et notamment les entreprises ayant lourdement investi dans l’innovation et la qualité de leurs produits, il y a lieu d’interdire l’importation de tout produit couvert en qualité et en quantité par la production nationale. L’importation doit être un complément et non un concurrent déloyal, comme c’est le cas présentement. Nous sommes sur ce sujet crucial sur la même longueur d’ondes avec les pouvoirs publics. Une production nationale appuyée et soutenue, évoluant dans un environnement économique sain et loyal, sera une source de création de richesse et d’emploi. La préférence nationale va doper la croissance économique et booster les volumes de nos exportations hors hydrocarbures.
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