C’est un haut moment mémoriel et émotionnel qu’a eu à vivre le beau public qui s’est déplacé en force hier, à la Bibliothèque nationale, pour le colloque consacré à la contribution de nos frères belges à la lutte de Libération nationale sous le titre : «Le Front du Nord. Des Belges et la Guerre d’Algérie (1954-1962)». Pas moins de trois ministres, en l’occurrence, ceux des Moudjahidine, de la Culture et de la Communication, se sont rendus à El Hamma pour dire avec force la reconnaissance de l’Algérie aux «moudjahidine» belges, selon le mot de Tayeb Zitouni. Ce colloque a été organisé à l’initiative de l’ambassade de Belgique à Alger avec le soutien de ces trois départements ministériels. Plusieurs anciens membres des réseaux belges de soutien au FLN étaient présents pour cette journée exceptionnelle, où leur combat est pour la première fois mis à l’honneur d’une façon aussi solennelle. Il s’agit d’Henriette Moureaux, épouse de Me Serge Moureaux, figure de proue du Collectif des avocats belges du FLN. Son mari n’a malheureusement pas pu faire le déplacement pour cause de maladie. Mme Moureaux a, cependant, lu une lettre bouleversante adressée par Serge à ses frères algériens. Notons également la présence de Suzy Thuy-Rosendor qui était en contact direct avec des membres du Comité fédéral de la Fédération de France du FLN ; Anne Somerhausen, l’épouse de Luc Somerhausen, dit Alex, chef du Réseau Jeanson en Belgique, disparu en 2008 ; Adeline Liebman, qui était proche du Réseau Curiel ; Marc Rayet, membre d’une cellule d’étudiants communistes engagée en faveur de l’Algérie et enfin, Mateo Alaluf qui a contribué au sein du Comité d’aide médicale et sanitaire à l’Algérie. Le colloque pouvait compter, par ailleurs, sur le précieux témoignage de Me Ali Haroun pour la Fédération de France du FLN. Un jeune et néanmoins brillant historien, Paul-Emmanuel Babin, l’un des rares spécialistes de la «Guerre d’Algérie» en Belgique, gratifiera l’assistance d’une communication très dense qui a permis une judicieuse mise en contexte historique. Il faut mentionner aussi l’éclairage apporté par le magnifique film de Hugues Le Paige, Le Front du Nord. Des Belges dans la Guerre d’Algérie (1954-1962). Un document unique où l’on pouvait écouter, entre autres, les témoignages (rares) de Luc Somerhausen, Pierre Le Grève et Serge Moureaux. Enfin, il est important de signaler que les participants ont eu l’immense surprise de voir débarquer Omar Boudaoud, l’ancien patron de la Fédération de France du FLN himself. Les retrouvailles avec ses anciens compagnons de lutte ont été, comme vous pouvez l’imaginer, des plus intenses. Dans son allocution d’ouverture, Pierre Gillon, l’ambassadeur de Belgique, précisera que l’un des maître-mots de ce colloque est «devoir de mémoire», référence à cette «mémoire commune entre la Belgique et l’Algérie». «C’est l’histoire de Belges qui ont aidé leurs frères algériens, sur le territoire belge et dans le Nord de la France, dans leur lutte pour l’indépendance», a-t-il souligné. Djamel Kaouane, notre ministre de la Communication, a eu une belle formule de gratitude en scandant : «Un million et demi million de mercis à ces Belges, au féminin et au masculin, qui ont aimé et adopté la cause de mon peuple et de mon pays. Mille mercis, enfin, pour ce moment de mémoire qui nous permet, à nous Algériens, de dire combien nous aimons ceux qui nous aiment, combien nous avons aimé ceux qui nous ont aimés.» Nous reviendrons sur les travaux de ce colloque avec de plus amples détails dans nos prochaines éditions.
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