vendredi 1 juin 2018

«Je t’écoute» 3033 : un combat au bout du fil

2008-2018, le téléprogramme «Je t’écoute» du réseau Nada pour la protection et la défense des droits de l’enfant existe depuis dix ans. Dix ans de détresse, de combat, de protection, de sensibilisation et de soutien. 135 264 appels en détresse et 22 693 cas pris en charge en dix ans. Chaque jour, des dizaines de familles, parents, proches et voisins, appellent le numéro vert du réseau Nada pour dénoncer une situation de vulnérabilité et de non-droit dans laquelle se retrouve les enfants. Tous sont à la recherche d’un espoir, une aide, un appui. C’est ce qui est arrivé à M. N., un jeune homme de 18 ans. En 2012, M. N. a composé le 3033 pour lancer un appel au secours, après un décès qui a tout basculé. Du jour au lendemain, lui et son petit frère se sont retrouvés sans abris et sans famille pour les prendre en charge après le décès de leur mère. Aujourd’hui, les deux frères vivent heureux au sein d’une vraie famille qui les a accueillis. «Les professionnels du programme ’’Je t’écoute 3033’’ ont tout de suite fait les démarches nécessaires pour nous rassembler mon frère et moi. Ils nous ont mis en coordination avec le ministère de la Justice, celui de la Solidarité nationale dans une famille d’accueil avec qui nous vivons heureux à ce jour. Les efforts de l’équipe ne sont pas arrêtés là, avec la responsable juridique, j’ai bénéficié d’un accompagnement spécifique pour entamer les procédures nécessaires au niveau du tribunal afin de confirmer notre identité», témoigne le jeune M. N. Installé en 2008, le dispositif d’alerte «Je t’écoute»  garantit aux enfants et à leurs familles l’accès de qualité à la protection sociale et judiciaire, via le numéro gratuit 3033, de la cellule d’écoute pour dénoncer des situations de violence et de non-droit. Au bout du fil, une équipe pluridisciplinaire apporte une écoute, un accompagnement et une orientation aux enfants en détresse socio-psychologique vers les structures et établissements spécialisés. Par ailleurs, le programme assure aussi une coordination avec les points focaux des institutions et des associations de l’éducation, de la formation, de l’action sociale et de la santé sur le plan juridique. DÉFI Selon Fouad Ghoulam Allah, juriste au programme «Je t’écoute» et avocat à la cour, la mise en place de ce téléprogramme a permis dans un premier temps aux enfants en situation de non-droit et de vulnérabilité de trouver un répondant à leurs plaintes. En effet, «Je t’écoute» donne la priorité à l’écoute des enfants en souffrance psychologique, à travers le récit de leur vécu en famille, dans les lieux institutionnels ou dans la rue. «C’était un défi pour nous tous ! Il fallait instaurer une culture de signalement et de dénonciation dans la société algérienne, Ce qui m’a motivé à participer activement (conseils juridiques, formation, accompagnement des cas recensés aux tribunaux, participation dans le plaidoyer devant l’Assemblée populaire nationale (APN) pour la promotion des droits de l’enfant) pour atteindre cet objectif», soutient le juriste. Durant dix ans, les téléconseillers et spécialistes du réseau Nada ont connu les situations les plus délicates que peut vivre un enfant dans son entourage. Violences et maltraitances, discriminations, attouchements sexuels et viols, exploitation, délinquance et toxicomanie, conflits familiaux… Ces appels de détresse retrouvent au bout du fil une assistance assurée par une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues, avocats et juristes. Cette assistance s’appuie sur deux volets importants, à savoir le volet psychologique et celui juridique. Un volet psychologique qui traite tous les aspects comportementaux chez les enfants victimes de maltraitance, de violences et en détresse socio-psychologique. Il se charge de l’accompagnement et l’orientation des enfants vers les structures et établissements spécialisés. Quant au volet juridique, il garantit les droits des enfants, en mettant en place un processus d’aide et d’accompagnement juridique lié à la protection des enfants victimes de maltraitance. Il permet aussi la mise en place de procédures contre les auteurs des violences et maltraitance et l’installation des mesures de protection de l’enfant en situation de danger.

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