dimanche 17 juin 2018

Les réseaux sociaux progressent, les SMS reculent

L’envoi des vœux durant les fêtes de l’Aïd de cette année ont eu lieu à travers les réseaux sociaux et moins fréquemment par SMS. C’est la tendance observée notamment par les opérateurs de téléphonie mobile. C’est devenu un rituel en Algérie, encouragé par l’essor de la 3 et 4G et la généralisation des smartphones auprès de la jeune génération. Certains comportent juste des termes de politesse pendant que d’autres sont plus créatifs. Une autre frange de la population publie sur les comptes Twitter plusieurs photos. La vidéo la plus publiée et partagée par les internautes lors de ces deux journées est la fameuse chanson «Saha Aïdkoum» de feu Abedkrim Dali. La chanson est partagée à partir de la plateforme vidéo YouTube et publiée largement sur Facebook et Twitter. Cette vidéo inédite, en noir et blanc, n’a pas pris la moindre ride malgré la marche du temps. Certaines entreprises et institutions utilisent également ces médias sociaux pour envoyant des vœux aux Algériens à cette occasion. Du marketing de haut niveau en matière de communication afin de réaffirmer leur caractère citoyen auprès des Algériens et surtout maintenir le lien entre la marque et ses consommateurs en ces temps de forte concurrence et de ralentissement économique. Cependant, cette forme de communication moderne est différemment appréciée selon les milieux. Les conservateurs pensent que l’apparition et l’utilisation des TIC a quelque peu isolé chacun dans sa propre bulle et remplacé les visites familiales et les accolades. Cela a contribué à déshumaniser les rapports sociaux. La structure familiale traditionnelle a éclaté sous la poussée de nouveaux modèles familiaux. Les conditions générales de la vie en Algérie se sont grandement transformées au cours de ces dernières années. Les différentes crises politiques, économiques et sociales ont accéléré les mutations sociales et familiales. La culture patriarcale persiste, bien qu’elle ait perdu de sa pertinence sociologique dans les conditions de l’urbanisation et de l’échange marchand. Si les fêtes religieuses véhiculent à leurs yeux le rapprochement, le virtuel a coupé le cordon ombilical et a fini par isoler les membres d’une même communauté. Sans complètement disparaître, les valeurs abrahamiques influent de moins en moins. Au niveau des cybercafés, les jeunes et les adolescents sont les plus branchés à internet et aux réseaux sociaux. Casques vissés sur les oreilles, ils manipulent le clavier avec virtuosité. Ils vivent une époque où l’instantané domine. Certains messages sont originaux tel que : «Je souhaite que ces quelques jours de jeûne aient pu épurer nos corps mais surtout nos âmes : saha aidkoum !» Cela n’empêche pas le fait que l’Aïd reste une fête de communion où on distribue généreusement des sourires et des poignées de main. On retrouve sur Facebook et les réseaux sociaux des modèles de citations toutes faites et même des caricatures ! Les sociologues pensent que nous vivons une époque où les TIC se substituent aux traditions. Entre retour au religieux pour certains et ouverture vers le monde pour d’autres, les TIC n’ont pas fini de tisser leur toile.         

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