Hall des arrivées à l’aéroport international...
La police des frontières maltaise veille aux frontières de l’Europe et veut filtrer les vrais touristes algériens des candidats à l’immigration illégale, qui transitent par l’aéroport de La Valette. Selon les responsables du contrôle des documents : «Certains algériens font semblant de venir à Malte pour du tourisme, mais leur but est d’émigrer en France.»
Les 12 ressortissants algériens, arrêtés jeudi dernier, à leur arrivée à l’aéroport de la capitale maltaise par un vol d’Air Malta, et encore détenus dans un centre de rétention des immigrés, se rappelleront longtemps de ce jour où leurs pieds ont foulé la petite île méditerranéenne. Il faut dire que nos ressortissants restent très mal informés sur les procédures de visa Schengen, qui une fois obtenu, ne donne pas forcément le droit absolu de se rendre n’importe où dans cette zone européenne. Nos aventuriers, ayant décroché le sésame pour la première fois, ignoraient que ce laissez-passer les oblige à avoir pour destination finale le pays auprès de l’ambassade duquel ils l’ont obtenu, c’est à dire Malte.
Hors, la plupart d’entre eux ne voulaient que transiter par l’île et avaient déjà un itinéraire établi pour la France. Les autres n’avaient pas de réservation hôtelière convaincante à La Valette, ce qui a poussé les agents du service du contrôle de l’immigration à l’aéroport international de Malte, particulièrement suspicieux envers les Algériens, à les séparer de leurs autres concitoyens, qui ont été autorisés à entrer sur le territoire maltais.
Le chargé des affaires consulaires auprès de l’ambassade d’Algérie à Rome, Ahmed Amrine, qui s’est déplacé à Malte pour s’enquérir du sort des voyageurs détenus dans le centre de rétention des immigrés en situation irrégulière de La Valette, nous a assuré que ces derniers se portaient bien et qu’ils ont été correctement traités par les agents maltais. Au fait, ces derniers n’ont pas été refoulés le jour même vers l’Algérie, car il n’y a que deux vols par semaine qui relient les deux pays. Ils auraient dû être embarqués sur le vol d’hier, mais ce dernier a été annulé par la compagnie Air Malta, à cause du nombre insuffisant de réservations.
Le prochain vol étant prévu pour jeudi 30 avril, les touristes malchanceux devraient pouvoir le prendre pour rentrer à Alger. Les Maltais n’ont pas l’intention de les retenir plus longtemps, car tiennent-ils à rappeler, chaque «détenu» coûte 30 euros par jour au Trésor maltais. «Nous souhaitons que nos ressortissants observent avec vigilance les dispositions de Schengen, afin de s’épargner des aventures désagréables. Les Etats restent souverains dans leur droit de refouler les voyageurs qui ne répondent pas, selon eux, aux conditions d’accueil, y compris pour tourisme.
La police maltaise a été très coopérative avec nous et nous a permis de discuter librement avec les voyageurs retenus», nous raconte au téléphone, à partir de La Valette, M. Amrine. Les autorités maltaises, mises sous pression par les autres pays européens, ont renforcé le contrôle des flux de touristes et autres voyageurs. Nos ressortissants et les Africains subsahariens sont les plus surveillés et suspectés.
Un responsable du service de l’immigration à l’aéroport de La valette, Johan Mula, a ainsi résumé cette vigilance, parfois, obsessive, au quotidien maltais Times of Malta : «J’ai noté un certain nombre de cas qui concernent des Algériens, et des personnes d’autres nationalités, où je suis moralement convaincu que les personnes qui demandent à entrer à Malte ne sont pas de bonne foi. Malheureusement, si le voyageur a un visa valable, les directives reçues dictent de le laisser entrer», affirme l’officier Mula à la presse maltaise.
«Ils viennent ici avec pour prétexte de passer des vacances à Malte, mais leur véritable destination est la France. Moi et mes collègues au département de l’immigration tentons souvent de bloquer cet abus, mais malheureusement les ordres de nos supérieurs vont dans le sens de les laisser entrer.» Pour nous enquérir du renforcement de ces contrôles à l’égard des Algériens, nous avons contacté, hier, le ministère des Affaires étrangères maltais, mais son chargé de la communication, M. Etienne St John, n’a pas voulu commenter cette affaire et a suggéré de nous adresser au ministère de l’Intérieur qui gère les affaires de l’immigration et de la sécurité.
Contacté par nos soins, le département en question ne nous a pas encore répondu. Si les Etats ont le droit de surveiller leurs frontières, il ne faut pas toutefois que cette rigueur devienne un délit de faciès qui pousse les agents à voir en chaque touriste algérien un potentiel harrag. Le droit à la libre circulation étant l’un des droits élémentaires de tous est de plus en plus nié à ceux qui ont eu la malchance de naître du mauvais côté de la Méditerranée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire