Le torchon brûle entre Nadia Labidi, ministre de la Culture, et Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). Mme Hanoune a accusé Mme Labidi de l’avoir menacée via un groupe de personnes qui s’est présenté chez elle. Louisa Hanoune, dans une déclaration à l’APN, a accusé la ministre de «corruption et de favoritisme dans l’octroi des marchés», voire de se servir elle-même via une agence de communication dont elle serait la propriétaire.
Mme Hanoune ne se limite pas à ces faits. Preuves à l’appui, elle révèle que Mme Labidi est impliquée dans un «conflit d’intérêt» pour avoir permis le «financement public» d’un film produit par sa propre agence de communication. C’est en faisant le bilan de la première année du 4e mandat de Bouteflika que Louisa Hanoune a estimé que les affaires de corruption n’avaient pas diminué dans notre pays mais que le phénomène prenait, au contraire, de l’ampleur.
Elle a illustré ses propos en citant l’exemple du secteur de la culture où les pratiques douteuses en matière de passation de marchés sont monnaie courante. Hier encore, Mme Hanoune a saisi la tribune de l’APN pour répondre à la ministre, qui l’a menacé de recourir à la justice si elle ne revenait pas sur ses propos suivis d’excuses. Mais Mme Hanoune n’abdique pas ; irritée, elle charge la ministre et qualifie son comportement d’«acte grave». Une attitude qui n’a jamais eu cours dans les annales de l’Algérie.
De quoi s’agit-il ? Selon Mme Hanoune, la ministre a ordonné à un groupe de personnes de se rendre chez elle pour lui remettre une lettre de menaces, lui demandant de retirer ses propos, au risque d’être passible de poursuites judiciaires. La lettre de menaces portait le cachet et le sceau de la République algérienne démocratique et populaire. «Par cet acte, Mme Abidi engage tout le gouvernement.
Ce sont là des agissements de banditisme. A travers ce procédé, nous avons une idée des méthodes de l’oligarchie. Le gouvernement est interpellé», a lancé hier M. Djoudi (chef du groupe parlementaire du PT) à la ministre, lors d’une plénière consacrée au débat autour du projet de loi sur le marché du livre.
Les méthodes de l’oligarchie
Pour Mme Hanoune, il est inadmissible qu’un ministre de la République s’adresse à un responsable politique pour lui interdire de parler et de dénoncer des actes de corruption. La patronne du PT refuse de se taire, elle réclame une commission d’enquête et demande à la justice de s’autosaisir. «Dans le cas contraire, nous sommes déterminés à aller, s’il le faut, devant la justice et présenter à l’opinion publique des preuves.»
Mme Hanoune ne reculera pas, elle persiste et signe : le secteur de la culture est celui où les marchés sont octroyés à la famille et aux amis. Et d’estimer que la fonction de ministre de la Culture et celle de propriétaire d’une agence de production ne sont pas compatibles. «Mme Labidi possède une société de production qui s’appelle Procom International, celle-là même qui produit l’émission ‘ ‘Sahla mahla’’ diffusée chaque vendredi par l’ENTV. Il s’agit là d’un conflit d’intérêts», condamne Djoudi.
Et d’affirmer que le film Le Patio a été produit par Procom International. Ce film a été rejeté, dans un premier temps, par la commission de lecture de la manifestation «Constantine, capitale la culture arabe 2015», mais «après intervention d’un responsable du ministère, il a été repêché et a bénéficié d’un financement de douze milliards de centimes», note le député. Le PT accuse également Mme Labidi d’avoir donné gratuitement, pendant trois jours, le TNA à l’ambassade des Etats-Unis pour l’introduction de la troupe El Gusto en contrepartie d’une bourse aux USA pour son fils.
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