samedi 26 septembre 2015

Repère : Le temps perdu à ne rien faire

Le gouvernement se découvre soudainement la volonté et l’énergie de réaliser toutes les choses qu’il n’a pu ou su entreprendre durant les nombreuses années qu’il a été aux commandes, c’est-à-dire depuis l’arrivée de Bouteflika en 1999 qui a coïncidé avec la remontée continue des cours du pétrole sur le marché international dès le début des années 2000. Ahurissant ! Qu’est-ce qui a dû se passer durant toute cette longue période où l’argent du pétrole a coulé à flots pour  empêcher les équipes précédentes de travailler sérieusement à l’avancement des multiples chantiers recensés et connus de tous pour leur caractère urgent ? N’est-ce pas que tous ces nombreux dossiers que l’on remet aujourd’hui sur la table dans le but soi-disant de conjurer les effets de la crise qui s’abat sur le pays ont été déjà commentés en long et en large par les autorités ainsi que par les différents segments de la société civile ? Toutes les analyses ont alors conclu à l’importance et la haute priorité à accorder à l’ouverture de ces grands chantiers qui, à terme, devaient conduire à offrir une meilleure sécurité financière au pays. Malheureusement, il n’en est rien. Les dossiers de l’informel, du chômage, du financement et de la diversification de l’économie, de l’exportation, du foncier et de l’investissement recommencent aujourd’hui à meubler les discours pompeux des officiels. Comme durant les années 2000. Avec des moyens financiers et, peut-être humains aussi, en moins. Car de quelque bord que l’on essaye de prendre le problème, la question reste toujours la même : que peuvent faire les gouvernants aujourd’hui sous le sceau de l’urgence qu’ils n’ont pu réaliser durant les quinze dernières années où il était plus commode de s’y appliquer vu l’aisance financière et les faveurs de la conjoncture économique internationale ? Plus qu’une piqûre de rappel, le constat est affligeant ! Car il est vrai que le temps presse, «le temps, c’est de l’argent». Il s’agit, en effet, pour l’Exécutif d’engager une course contre la montre pour tenter, un tant soit peu, d’amortir le choc de la chute du revenu national tiré, pour une très large part, par les recettes des hydrocarbures aujourd’hui en très forte baisse, à cause de la dégringolade des cours de pétrole. Le risque est grand de voir le système de protection sociale voler en éclats, si la mauvaise conjoncture devait s’étaler dans le temps et finir par avoir raison, à court terme, de la modeste épargne budgétaire et des avoirs en devises dont se gargarisent les dirigeants. La monnaie nationale (le dinar) est mise à rude épreuve. Des chefs d’entreprise commencent à peine à ressentir l’un des effets de la crise, à savoir la perte de change avec un dinar toujours plus faible. Inutile de souligner ici son impact sur les petites bourses dont le pouvoir d’achat est fortement laminé par une inflation incontrôlée qui côtoie les cimes des 5%. Le gouvernement est rattrapé par ses échecs, fruit de ses errements et des multiples foucades qui n’ont pu résister à la tentation de la facilité d’ériger la seule redistribution de la rente en un programme politique qui plus est soumis à d’innombrables actes de mauvaise gestion, quand ce ne sont carrément pas la cupidité et la corruption qui en sont la règle. La crise financière qui aujourd’hui tombe tel un couperet ne peut aisément suffire comme opportunité de changement. Car force est de convenir que l’on ne peut raisonnablement admettre pouvoir réussir avec une équipe qui est l’auteur de cet échec cuisant. Les réformes économiques ne peuvent s’abstraire de l’effort suprême qui consiste à prendre le taureau par les cornes afin d’effectuer un changement du tout au tout, c’est-à-dire revoir de fond en comble le système de gouvernance politique qui ne s’accommode guère d’un personnel, dont l’âge et la culture politique les rendent plutôt candidat à la retraite qu’à la responsabilité.  

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