Daho Ould Kablia évoque les médiations de Ferhat Abbas, président du GPRA, à une période où le gouvernement provisoire n’était même pas encore créé... La célébration du 61e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance remet sur la table de nouveeau les démons de la Révolution algérienne, à leur tête l’assassinat de Abane Ramdane. Et, une nouvelle voix vient donner des «explications» ou plutôt des justifications sur un crime qui hantera toujours l’histoire de la Révolution algérienne. Daho Ould Kablia, ancien ministre de l’Intérieur et président de l’Association des anciens militants du MALG (ministère de l’Armement et des Liaisons générales) a estimé, dans une interview accordée au journal arabophone Echourouk, que l’assassinat était «inévitable». Il a déclaré que l’architecte du Congrès de la Soummam était «arrogant», qu’il «méprisait» ses compagnons et «avait un regard hautain» sur les autres dirigeants de la Révolution. Ould Kablia rappelle également que les divergences entre Abane Ramdane et les «dirigeants militaires» de la Révolution étaient arrivées à un point de non-retour. «C’était une question de vie ou de mort», dit-il. Pour ne pas endosser l’acte, Daho Ould Kablia indique que «tous les écrits et opinions s’accordent sur un seul point : la Révolution n’avait pas d’autre choix que de liquider Abane». «C’était l’inévitable remède», a-t-il dit. Plus loin, il explique que «Abane Ramdane avait une perception différente de la gestion de la Révolution, il était en total désaccord avec les autres dirigeants militaires». Avant d’arriver à cette sentence, l’ancien ministre rappelle les «querelles» entre Abane et ses compagnons. Et pour des raisons inconnues, Ould Kablia s’emmêle les pinceaux. Il rappelle qu’à chaque conflit entre les responsables, Ferhat Abbas, président du GPRA intervenait. Or, le GPRA n’a été constitué que le 19 septembre 1958, soit plus de 9 mois après la mort de Abane Ramdane. Mais Ould Kablia n’en tient visiblement pas compte. Et sans aucune connaissance des événements, il déclare que Abane «n’avait pas de sympathisants» au sein du Conseil de coordination et d’exécution (CCE). En contradiction totale avec les témoignages d’acteurs de l’époque et des historiens. Comme première réaction à cette sortie qui n’est pas une nouveauté, l’historien Mohamed El Korso estime, dans une interview accordée au site TSA, que «le fait de justifier l’assassinat de Abane Ramdane en 2015 est encore plus grave. Même si Daho Ould Kablia ne pouvait pas faire autrement». Et à l’universitaire de porter la contradiction : «Daho Ould Kablia ne dit pas tout. C’est vrai que Abane Ramdane avait une perception différente de la Guerre de Libération nationale, une perception exigeante, démocratique et dynamique. Beaucoup ne lui ont pas pardonné le fait d’ouvrir le FLN aux différentes forces politiques de l’époque. Pour lui, la Révolution se menait de l’intérieur et non de l’extérieur. Il avait qualifié d’ailleurs la délégation extérieure de concitoyens immigrés en Orient. Une accusation que ni Ben Bella ni les autres ne lui pardonneront.» Ce n’est pas la première fois que de telles justifications sont apportées pour «expliquer» la liquidation physique de Abane Ramdane. Beaucoup d’anciens dirigeants, à l’image de Ahmed Mahsas, Ahmed Ben Bella, Ali Kafi et d’autres ont tenté d’expliquer la mort de Abane par sa «forte personnalité». Mais l’histoire n’a toujours pas tout révélé.
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