mercredi 29 avril 2015

Affaire de l'autoroute est-ouest : le groupe chinois Citic-Crcc nie toute relation avec Chani Medjdoub

Le représentant du groupe chinois Citic-Crcc a indiqué  mercredi devant le tribunal criminel d'Alger qu'il n'a jamais eu de relations  avec Chani Medjdoub, le principal accusé dans l'affaire de l'autoroute est-ouest. 


''Citic-CRCC n'a aucune relation avec Chani Medjdoub et n'a mandaté  personne pour parler en son nom'', a affirmé à la barre le représentant du groupe  chinois, détenteur d'un des lots de réalisation du projet d'autoroute est-ouest.         


''Certes, nous avions des difficultés techniques pour la réalisation  de l'autoroute est-ouest, et nous avions rendu compte à notre direction et au  maître de l'ouvrage" (Agence nationale des autoroutes, NDLR), a encore précisé  la même source. ''Le groupe n'a (jamais) payé de pots-de-vin à Chani'', a-t-il ajouté.         


Par ailleurs, les soeurs Ghrieb Radia et Fella (épouse de Hamdane Rachid,  autre accusé dans cette affaire) ont, de leur côté, nié avoir perçu de l'argent  qui leur a été versé sur leur compte à la BNP par Adou Sid Ahmed, un des 16  protagonistes de cette affaire.         


''Les versements ont été effectués par notre père'', ont-elles affirmé. Les deux soeurs Ghrieb, ainsi qu'une troisième, Widad, sont accusées  de "blanchiment d'argent".




Canada : Recours collectif contre Air Algérie, qui risque gros

Un recours collectif a été lancé par un passager du vol Alger-Montréal du 13 octobre 2009. Le retard et l’humiliation subis par 160 passagers pourraient coûter un demi-million de dollars à la compagnie.



Près de 6 ans après l’humiliante mésaventure subie par des passagers du vol AH 2700 Alger-Montréal du 13 octobre 2009, la justice canadienne a commencé ce mardi à entendre les experts dans le cadre d’un recours collectif lancé grâce à la solide détermination d’un passager.


Le procès qui devait commencer lundi n’a été entamé que mardi car la délégation d’Air Algérie est arrivée en retard au Palais de justice de Montréal.


L’affaire devrait se tenir en deux phases. La cour supérieure du Québec déterminera ce jeudi la validité de l’accusation, après témoignages des experts de l’accusation et de la défense, dont le pilote du vol venu d’Alger. La deuxième phase aura lieu plus tard en 2016.


Les voyageurs concernés par le recours collectif sont « tous les passagers du vol AH 2700 d’Air Algérie qui devait effectuer la liaison entre Alger et Montréal le 13 octobre 2009 à 14h45 et qui détenaient un titre de transport aérien aller-retour Montréal-Alger-Montréal y compris ceux qui ont fait d’autres escales une fois rendus à Alger et avant leur retour à Montréal », selon les documents de la cour supérieure du Québec.


Le groupe soutenu par le Fonds d'aide aux recours collectifs réclame un minimum de 2 000 dollars canadiens de dommages plus les intérêts courus depuis la date du dépôt du recours.


Cette somme est demandée pour compenser « les troubles, inconvénients, fatigue et stress durant l’attente du départ et au retour » et plus important « l’atteinte à la dignité ».


Ces indemnités englobent « les frais de subsistance et d'hébergement durant l'attente; les frais de transport terrestre aller et/ou retour entre l'aéroport et un hôtel pour la nuit du 13 au 14 octobre 2009; les frais d'appel et de communications; perte de salaire pour les 14 et 15 octobre 2009; montants payés à des tiers pour gardiennage des enfants, du domicile ou d'animaux; et autres dommages découlant directement du retard. »



Pas de justice pour ceux qui résident en Algérie


Les avocats d’Air Algérie ont toutefois réussi à exclure du recours 110 passager résidents en Algérie sur les 270. Justice sera alors rendue uniquement aux 160 qui vivent au Canada.


La genèse de cette affaire remonte donc au 13 octobre 2013.  « Après avoir procédé à l'enregistrement, pour un départ prévu à 14 h 45, les passagers du vol AH 2700 au nombre de 270, composés d'adultes et d'enfants de tous âges, étaient dans la zone d'embarquement en vue de monter à bord du vol AH 2700 d'Air Algérie à destination de Montréal », selon les documents de la cour supérieure du Québec.


Ce n’est qu’aux environs de 16 h 30, que des agents d'Air Algérie « ont informé les passagers que le départ avait été retardé » en raison d'un problème technique et les a appelés à monter à bord de l'avion en vue du vol.


Après deux heures dans l'avion, les passagers sont débarqués.  Vers 20 h 00, Air Algérie distribue aux passagers des sandwichs, une tranche de gâteau et une bouteille d'eau.


Le vol est ensuite annulé et on informe les passagers vers 21h00. Ils sont emmenés à l’hôtel pour passer la nuit. Surprise. A l'hôtel, on les informe qu’il n’y avait pas assez de chambres pour accueillir tout le monde à cause d’un congrès.


Les passagers, selon la cour, « ont été laissés complètement à eux-mêmes. Aucun responsable d’Air Algérie n'était présent » pour les assister. Les familles ont été séparées afin de pouvoir attribuer les chambres aux personnes de même sexe.


« Nombreux autres passagers, certains avec leur famille, ont dû passer la nuit, sans dormir, assis dans des escaliers et sur des chaises de l'hôtel. D'autres sont repartis à l'aéroport à bord des navettes et se sont couchés par terre ou sur des sièges de la salle d'attente en attendant le vol promis pour le lendemain. », ajoute la cour.


Ce n’est qu’aux environs de 3 h 30 le matin du 14 octobre 2009, « fatigués voire même exténués » que les passagers ont été invités à embarquer dans des minibus qui « les ramenaient à l'aéroport d'Alger pour s'enregistrer à nouveau en vue du vol vers Montréal ». Et encore un autre retard. Ce n’est qu’à 7 h 30, le mercredi le 14 octobre 2009, que l'avion a quitté Alger.


Si ces voyageurs d’infortune ont trouvé le moyen et la possibilité de faire valoir leurs droits grâce à un passager déterminé, qu’en est-il des milliers d’autres ?





Les architectes montent au créneau à Bouira

Les membres du conseil local de l’ordre des architectes (Cloa) de la wilaya de Bouira ont observé, ce mercredi 29 avril, un sit-in de protestation devant le siège de l’Opgi.  



« Non à l’assassinat de la profession d’architecte », « Nous ne sommes pas des commerçants », « Non à l’adjudication de la profession », pouvait-on lire sur plusieurs pancartes brandies par les protestataires. Ainsi, les architectes ont décidé de ne pas participer à l’appel d’offre qui a été prévu pour l’opération des 430 logements à travers toute la wilaya, et ce suite au refus du premier responsable de l’Opgi de recevoir de le conseil de l’ordre local.


Les architectes protestataires dénoncent les pratiques de l’administration qui procède à chaque fois à des opérations d’adaptation des projets, ce qui est interdit par la réglementation en vigueur. Comme ils comptent rejeter tous les appels d’offres lancés en études et réalisation qui sont hors la loi. « Un architecte doit être impliqué dans la conception des projets. C’est un artiste après tout. Ce qui se passe en Algérie ne se passe pas ailleurs. Nos villes témoignent de cette situation, c’est une anarchie architecturale», souligne un architecte.   


« L’assemblée générale du CLOA de Bouira rejette l’avant projet de Loi relatif à la classification des Bureaux d’Etudes, l’Architecte est un producteur Intellectuel qui ne devra en aucun cas être assimilé à une entreprise de réalisation », a déclaré le Cloa dans un communiqué. De plus, la révision « immédiate » de l’arrêté interministériel N° 17/2001 relatif aux missions de suivi a été exigée par l’ensemble de la corporation.


Selon eux, ces missions « s’avèrent caduques et entraînent une répercussion sur la qualité de la conduite des travaux ». Les architectes protestataires ont plaidé pour la qualité architecturale suivant « les orientations des pouvoirs centraux lors de la remise du Prix National d’Architecture du Président de la république.»







Affaire de l'autoroute est-ouest : Hamdane Rachid récuse ses déclarations contenues dans le PV des enquêteurs

Hamdane Salim Rachid, une des 16 personnes impliquées  dans l'affaire de l'autoroute est-ouest avec sept entreprises étrangères, a  récusé mercredi devant le tribunal criminel d'Alger toutes ses déclarations  lors de l'instruction faites selon lui ''sous la pression''.  


''J'ai été enlevé par le DRS (Direction du renseignement et de la sécurité),  j'ai été détenu pendant quatre jours, j'ai été torturé, j'ai subi des pressions'',  a-t-il dit lors de son audition.         


Hamdane Rachid, ex-directeur de la planification au ministère des Transports,  a ajouté qu'il ne reconnait, et réfute toutes les déclarations (portées) sur  le procès-verbal de la police judiciaire'' a-t-il dit au président du tribunal.         


A la question du président du tribunal d'où provenait l'argent trouvé  dans son domicile par les enquêteurs, il est resté silencieux. Il n'a pas également  justifié l'argent viré au compte de son épouse.         


En détention, il est accusé "d'organisation d'une association de malfaiteurs,  trafic d'influence, corruption et blanchiment d'argent, abus de fonction,  perception de présents injustifiés".




Khelladi : «Bedjaoui et Ghoul ont touché des pots-de-vin»

De gauche à droite : Mohamed bedjaoui, Amar Ghoul, Medjdoub Chani,...

Mohamed Khelladi a révélé que les commissions étaient réparties comme suit : Chani 4%, Falcone et Mohamed Bedjaoui (ancien ministre des Affaires étrangères) 10%, Amar Ghoul 25%, qui en  a reversé 1,25% à Tayeb Kouidri. L’autoroute a coûté 11 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter 5 milliards de dollars de surcoûts.


Tantôt serein tantôt énervé, Mohamed Khelladi, par qui le scandale de l’autoroute a éclaté, a créé la surprise. Les révélations qu’il a faites devant le tribunal criminel ont tenu en haleine aussi bien les avocats que les journalistes. C’est vers 15h30 qu’il est appelé à la barre. Il commence par planter le décor en donnant un aperçu de son cursus, depuis son passage à la Marine nationale où il était dans la construction navale, jusqu’au ministère des Travaux publics, en passant par l’unité de recherche et développement de la Marine nationale, à l’Institut de criminalistique de la Gendarmerie nationale et le ministère de la Pêche.


Il raconte avoir été recruté par Amar Ghoul en tant que directeur d’étude au ministère des Travaux publics, en 2006, alors que le marché et les ordres de service pour la réalisation de l’autoroute étaient déjà finalisés en 2005. «Amar Ghoul m’a demandé de sauver ce grand projet qui était dans une situation de blocage. Je lui ai dit de compter sur ses cadres comme Ghezal le directeur général de l’ANA et Khaldi, mais il a refusé. Quelques jours après, il m’a relancé en me proposant la DPN (division des nouveaux projets). J’ai accepté à la condition d’avoir toutes les prérogatives de prendre les décisions qui s’imposent en temps réel vu les grands problèmes qui se posaient sur le terrain.


Il n’y avait ni personnel, ni logistique, ni organisation, ni structures qui contrôlent l’exécution. Des cadres étaient détournés par les Chinois et les Japonais. Le projet était à l’abandon. Il fallait réagir. Des décisions ont été prises lors d’une réunion du conseil d’administration de l’ANA. Le contrat prévoyait des mesures d’accompagnement exécutées par les groupements. Dans cette affaire, il y a eu corruption. L’autoroute a coûté certes 11 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter 5 milliards de corruption», dit-il.


D’un ton coléreux, il ajoute : «Je vais vous expliquer par les chiffres comment la corruption a été instituée et qui en a profité. Je n’ai rien inventé…» Le juge : «Comment avez-vous appris qu’il y a eu corruption ?» L’accusé : «Déjà en 2005, les gens parlaient de corruption. Même la presse en a fait état, en avançant un montant d’un milliard de dollars. Monsieur le juge, en 2006, le tribunal a ouvert une enquête sur les surcoûts dans la réalisation de l’autoroute Est-Ouest, mais a elle été fermée par la suite. Même le ministre a parlé de 20% de surcoût. J’étais dans une cellule d’intelligence économique à la Gendarmerie nationale, je sais de quoi je parle. J’ai décidé, en tant que citoyen qui aime son pays, d’ouvrir le dossier.»


Le magistrat le fait revenir à sa relation avec Medjdoub Chani. Khelladi raconte : «Le général Hassen m’a appelé au téléphone. Il m’a dit que le général Abdelaâli me demandait de prendre attache avec Chani et de le voir pour savoir ce qu’il voulait. Il m’a remis son numéro et je l’ai contacté. Nous nous sommes rencontrés dans un café bien illuminé à Dély Ibrahim.» La réflexion suscite des éclats de rire dans la salle.


«Oui, ce n’était pas un café lugubre comme Chani l’a présenté. Il m’a dit en ces termes : ‘Vos chefs, les gens du DRS, m’ont envoyé vous dire d’exécuter ce qu’ils disent. Vous demandez aux Chinois une enveloppe consistante pour servir de caisse noire au DRS à l’étranger.’ Il m’a parlé sur ce ton, sans aucune introduction. Il m’a dit qu’il était là pour régler tous les problèmes des Chinois, y compris ceux liés au bitume.»


«L’épouse de Sacha est la nièce d’un proche de la Présidence»


Le magistrat lui demande ce que Addou Tadj Eddine lui a dit à propos de l’affaire. «Il m’a dit clairement que quelqu’un de malveillant tourne autour du groupe Citic. J’en ai parlé au ministre, mais rien. Lorsque Chani m’a parlé de cette caisse noire que les Chinois devaient alimenter, je lui ai répondu : ‘Pourquoi, nos Services sont devenus des mendiants pour aller quémander de l’argent ?’ J’ai demandé le statut de sa société et j’ai découvert que ses bureaux étaient situés à quelques mètres de l’ANA.


Il contrôlait tous nos mouvements et ceux des Chinois», répond Khelladi. Le magistrat : «A quel moment avez-vous commencé à fouiner ?» «C’était une initiative personnelle, parce que j’ai été témoin d’une grande corruption. Je ne pouvais pas accepter cela. Tadj Eddine Addou m’a parlé de Sacha, de son vrai nom Boussaïd Nasredine, un type de Tlemcen dont l’épouse est la nièce d’un proche de la Présidence», révèle l’accusé, suscitant encore des éclats de rire dans la salle. Il poursuit : «Tadj Eddine m’a payé le billet d’avion pour Paris.


Sacha devait m’accompagner en Chine, à ses frais, pour voir quelqu’un qui me donnerait tous les éléments.» Le juge : «Avez-vous informé la tutelle ?» L’accusé : «J’avais déjà dit à Amar Ghoul qu’il y avait une personne malveillante qui rôdait, c’était Chani, mais il n’a rien fait. J’ai été à Pékin, et là j’ai rencontré un certain Philippe Chêne.» Le juge : «Pourquoi n’avez-vous pas informé les officiels ?» L’accusé : «Pour qu’ils me suivent et me tuent en Chine ?


Je n’étais qu’un petit poisson pour eux.» Le magistrat : «Dans quel but Sacha vous a-t-il payé le voyage ?» L’accusé : «Peut être parce qu’il y avait une lutte d’intérêts entre lui, Chani et Falcone. Je pense qu’il s’est senti floué par Chani, c’est pour cela qu’il m’a accompagné à Pékin et a pris en charge mon voyage.» Le juge insiste et Khelladi répond : «Posez la question à Tadj Eddine, que je connais depuis que j’étais dans le secteur de la Pêche. J’avais le programme de relance du secteur et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi le ministre ne voulait pas lui accorder l’aide de l’Etat, qui était destinée à tous les citoyens. J’ai su par la suite que Tadj Eddine avait une société de pêche avec Amar Ghoul.


L’essentiel, je n’ai jamais pensé que Tadj Eddine, était impliqué. Pour moi, c’était quelqu’un qui me donnait des renseignements.»
Le magistrat revient sur le voyage à Pékin. «J’ai rencontré ce Philippe Chêne qui m’a assuré que Chani avait pris 4%, Falcone et Mohamed Bedjaoui (ancien ministre des Affaires étrangères) ont pris 10%, alors que 25% ont été pris par Amar Ghoul, lequel a reversé 1,25% à Tayeb Kouidri. J’ai remis toutes ces informations au DRS. Je ne pouvais pas les garder. Ils ont enquêté. Je pense qu’ils les avaient déjà, mais il leur manquait des preuves.» Le juge : «Ce sont les Chinois qui ont payé ?» L’accusé : «Les Chinois ont donné 25% à Amar Ghoul et je regrette qu’il ne soit pas là pour s’expliquer...»


Le magistrat lui rappelle la procédure liée à la convocation d’un membre du gouvernement. «Il a été entendu par écrit et ce n’est certainement pas moi, un petit juge, qui vais ramener un ministre en activité. Il y a une procédure qu’il faut respecter», lui lance- t-il avant de lui demander d’expliquer sa présence sur une photo avec Sacha. «Cette photo veut dire que tout ce que j’ai raconté est la vérité. Je suis bien parti avec Sacha à Pékin, pour enquêter sur la corruption.


Je n’ai pas cherché après Chani ni après les Chinois parce que je savais qu’ils faisaient de l’espionnage. J’ai remis tout le dossier aux Services. Ils ont fait un rapport au président de la République, qui a pris des mesures.» Le magistrat l’interroge sur les soins assurés au fils de Khelladi, dans un hôpital américain au Japon, pris en charge par Citic. Il répond : «Une délégation médicale venait chaque année pour soigner des Algériens. Lorsqu’elle a connu le cas de mon fils, handicapé, les médecins m’ont dit qu’ils pouvaient le soigner dans un cadre humanitaire.»


«80% de l’autoroute étaient des malfaçons»


«Pour passer à l’hôpital américain, il fallait un rendez-vous, ils me l’ont ramené et c’est cela que les enquêteurs ont trouvé chez moi, et non pas une prise en charge. J’ai accepté parce que j’avais l’espoir de voir mon fils guérir.» Le magistrat insiste sur cette prise en charge : «Comment pouvez-vous contrôler Cojaal si vous acceptez que la société prenne en charge votre fils, la location de votre villa, des bureaux de l’ANA et la mise à votre disposition de véhicules, téléphones et ordinateurs ?»


L’accusé : «Cela fait partie des mesures d’accompagnement.» Le juge : «Ce n’est pas le cas, puisque ces prestations sont restées impayées.» L’accusé : «Ce n’est pas vrai ! Moi-même j’ai remercié le directeur général de Cojaal, parce qu’il se pavanait à Paris, abandonnant les travaux à l’Est. Il a laissé une situation catastrophique et un retard énorme dans les travaux. Pour ce qui est de la location de la villa, le ministre en était informé. Les téléphones qu’ils ont trouvés chez moi devaient être remis dans le cadre des passations de consignes, mais le ministre ne voulait pas le faire.


Vous voulez qu’ils m’accusent de vol ?» Khelladi revient sur le coût de l’autoroute : «11 milliards de dollars pour une plateforme sans ouvrages d’art, lesquels ont coûté 5 milliards de dollars. En 2005, le coût était de 2,5 millions le kilomètre. Avec les surcoûts, l’autoroute est revenue à 17,5 milliards. Ce qui représente 34% du budget de l’Etat de 2014.» Khelladi explique que «les dysfonctionnements ont causé 16 mois de retard. Cojaal refusait le béton algérien et le rond à béton. Ils l’ont laissé en importer alors qu’il ne faisait rien sur le terrain.


L’Etat a mis 16 milliards de dinars comme ça, sans aucun suivi ni contrôle…»  A propos du billet d’avion pour Pékin, il déclare qu’il devait y aller avec Ghoul, mais ce dernier lui a dit qu’il devait rester parce qu’il le considérait «comme ses yeux et ses oreilles»… «Mais il m’a envoyé en prison. Je lui ai dit que 80% des travaux des Chinois étaient non-conformes.» Il affirme que des groupes de sous-traitants placés par Amar Ghoul à Aïn Defla avaient fait grève pour être payés, ce qui a nécessité son intervention. Il finit par lâcher : «Quand j’ai parlé, il m’a demandé de revenir sur mes propos en me promettant un poste de ministre, ce que j’ai refusé parce que j’aime mon pays.»


A la fin Khelladi lance cette lourde phrase à propos de Chani : «Chani ment. Il n’est pas venu en Algérie pour voir sa mère comme il l’a dit. Nous lui avons tendu un piège. J’ai dit à Addou Tadj Eddine de l’appeler pour venir à Alger prendre sa commission. Il est rentré, il a été épinglé à l’aéroport. C’était grâce à moi.» Maître Sidhoum lui demande en quelle qualité il a informé le DRS de cette affaire ; l’accusé répond  : «En tant que citoyen.»


L’avocat bondit et Khelladi réplique : «N’oubliez pas que j’étais à la cellule d’espionnage et de crime  économique de la Gendarmerie nationale.» Il  ne lâche pas Chani, qu’il accuse de mentir. «Il ment lorsqu’il vous dit qu’il a été torturé. Lorsqu’il a été arrêté, le général Ghodbane m’a appelé pour me demander d’aller confronter Chani. J’ai été le voir et il était en bon état.


Il n’avait rien qui prouve ce qu’il dit avoir subi. Aucune trace de torture…» Me Sidhoum revient  : «Pourquoi avoir contacté le général Hassen qui est chargé de la lutte antiterroriste ?» L’accusé : «C’est une affaire d’espionnage et de crime économique qui relèvent aussi de ses services.» Et le même avocat réplique  : «Vous savez où sont aujourd’hui le général Hassen et le général Mhenna  ?» L’accusé : «Je ne sais pas. Moi, j’ai fait ce que je devais faire.»  L’audience a été levée pour reprendre aujourd’hui.
 




Consommer 100 % Algérien", un défi à relever

 «Prix et qualité », tel est le défi des participants à la campagne « consommer algérien » organisée, notamment  aux Pins Maritimes à la SAFEX du 26 avril au 2 mai prochain à l'intiative du ministère du commerce.


Pâturages d’Algérie, Lahlou, ou encore Simbel, une marque de produits cosmétiques qui existent depuis les années 60. Ce sont là, entre autres les  marques qui étaient présentes  à l’événement afin de se faire connaitre auprès du consommateur algérien.


Lahlou spécialisé dans le couscous et dérivés, implanté à Ain Zaouia, dans la wilaya de Tizi Ouzou, depuis maintenant un peu plus d’une quinzaine d’années, s’est vu discerner en 2005 le prix du meilleur couscous en Italie. Cette maison familiale prépare les spécialités culinaires locales à la main avec de l'orge, du blé...


Un visiteur se présente à leur stand et achète quelques produits et assure l'animateur du stand connait très bien la maison car il la suit depuis sa création en 1999 et il semble complètement séduit par leurs produits.



Semaine consommer Algérien jusqu'au 2 mai par elwatanvideo



« Nos emballages sont très  bien conçus, nous voulons attirer le consommateur mais nous nous arrêtons pas là » nous assure Seghir Melia, responsable Labo au sein de l’entreprise Pâturages d’Algérie. « Nous voulons que le consommateur soit également satisfait de point de vue qualité » poursuit-elle. Les séances dégustation de la société ne semblent pas décevoir les visiteurs  du stand. Une fois le produit gouté, on s’achète une boite de camembert, de fromage à tartiner…Les produits de cette entreprise installée en Kabylie à Tizi Ouzou sont fabriqués à base de lait de vache qu’on collecte un peu partout à Tizi Ouzou auprès des éleveurs de bovins.  





Medjdoub Chani : «Khelladi a le syndrome James Bond»

Deuxième jour du procès de l’affaire autoroute...

A la barre dès l’ouverture de l’audience, Chani Medjdoub est revenu sur ses activités au Luxembourg à travers son entreprise fiduciaire : la création de sociétés offshore pour des investisseurs qui veulent faire fructifier leur agent. «Je deviens ainsi le mandataire en charge de la gestion de leurs comptes», explique-t-il. Le juge lui demande d’expliquer, par exemple, comment est-il en même temps mandataire et bénéficiaire de ce compte qui a reçu une somme de 24 000 euros.


Il répond : «Voilà : un homme d’affaires algérien, Saad Boudemagh, a des sociétés à l’étranger ; il a de l’argent partout dans le monde, qu’il veut faire fructifier en ramenant la marque de glaces HaggenDas en Algérie. Il a fait appel à ma société fiduciaire pour créer des sociétés devant recevoir les fonds, que je gérais en tant que mandataire. Sur ce compte, il vire 5 à 6 millions de dollars ou peut-être 10 millions dont une partie est gérée par moi, en son nom, mais c’est lui qui en est le bénéficiaire. Ce sont des prestations payantes.


C’est pareil pour tout le monde. Une société fiduciaire repose sur la confiance. Je gère 10 à 15 millions de dollars.» Le président demande des explications sur cet ordre donné par la banque Natixis pour payer d’autres sociétés, comme SHN Zetland et l’accusé réplique : «Ces sociétés font toutes le même travail. Moi j’ai des bureaux à Londres, à Dubaï et au Luxembourg, et la banque possède des bureaux à Hong Kong. Je travaille donc avec elle.


Parmi les prestations, la logistique nécessaire à la prise en charge des clients, par exemple. Les factures sont généralement liées à la location de salles de conférences ou de bureaux.» Le magistrat revient sur la société de cosmétiques Oriflam, appartenant à l’accusé. «J’ai été le premier Algérien à avoir introduit le système de franchise de marque en Algérie. J’avais l’exclusivité de cette marque suédoise en Tunisie et j’ai tout fait pour qu’elle soit introduite en Algérie et crée des milliers d’emplois.


J’ai investi 40 milliards de centimes dans cette affaire et, après mon incarcération, les Suédois me l’ont prise, après avoir écrit à mes bureaux qu’ils ne voulaient pas travailler avec quelqu’un qui trempe dans la corruption», dit-il avant que le juge l’interrompe pour l’interroger sur le mode de paiement utilisé par la société. «D’ici, c’est impossible de payer. Tout se paie d’avance et à partir de mes comptes à l’étranger. D’Algérie, ce n’était pas possible vu les problèmes de bureaucratie. J’ai réussi à développer la société et j’ai même racheté la marque au Maroc. Ce qui a poussé les Suédois à demander d’acheter des parts de la franchise.


Nous nous sommes entendus pour qu’ils achètent 30% des actions au prix de 2 millions de dollars. On devait signer au mois de septembre 2009, mais j’ai été mis en prison et ils ont tout pris. Ils ont même changé le nom de la société.» Le président revient sur la relation de l’accusé avec Mohamed Khelladi, l’ancien directeur des nouveaux projets à l’Agence nationale des autoroutes. «Je ne le connaissais pas.


C’est lui qui m’a appelé, pour un rendez-vous à Dély Ibrahim, dans un café assez sombre», répond l’accusé. Le juge : «C’est un bon café…» Et Chani réplique : «C’est un kiosque que je ne connaissais pas. Il m’a dit qu’il venait de la part du général Hassen, qui lui avait donné mon numéro de téléphone.» Le président : «Connaissez-vous ce général ?» Chani répond : «Pas du tout. J’entends parler de lui comme un général chargé de la lutte antiterroriste, pas plus. D’ailleurs, j’ai demandé une confrontation avec ce général pour savoir si réellement c’est lui qui a mandaté Khelladi pour me parler.»


«N’ayez pas peur, dites la vérité»


Remarquant l’hésitation de l’accusé, le président lance : «N’ayez pas peur, dites tout ce que vous estimez important pour faire éclater la vérité.» Et Chani répond : «Vous me donnez l’occasion d’évoquer quelqu’un qui a parlé de moi. Je sais que Khelladi faisait de graves problèmes aux Chinois. J’ai entendu dire qu’il était l’autorité même et personne n’osait en parler. La première fois que je l’ai rencontré à sa demande, il m’a parlé pendant des heures de son passage à la Marine nationale, des sous-marins, etc.


Je peux dire que peut-être il était bien là où il était, mais dans le domaine de l’autoroute, il a perdu pied. Lorsqu’il m’a dit que c’était le général Hassen qui lui avait donné mon numéro de téléphone, cela m’a paru bizarre. Je suis un homme d’affaires connu, je ne suis pas un esclave de l’argent. Les Chinois ont beaucoup souffert de la bureaucratie. Je parlais à tout le monde de cela, mais je ne travaillais pas avec Citic Algérie.


Mon contrat était avec Citic Internationale.» Le juge : «Il vous a aussi parlé de son fils…» Chani : «Il m’a dit que son fils était handicapé et je crois que c’est cela son malheur, je le comprends. Il voulait savoir si Citic pouvait prendre en charge son fils pour des soins en Chine. J’ai répondu que j’allais voir si des possibilités existaient. Comme il disait être venu de la part du général Hassen, je pense que tout le monde savait que j’étais le conseiller de Citic international (…). J’ai des amis généraux avec lesquels j’ai parlé, y compris des problèmes des Chinois. Khelladi m’a appelé pour me demander de venir le voir à son bureau.»


Le juge rappelle les propos de l’accusé, Addou Tadj Eddine, selon lesquels Khelladi lui aurait demandé de le rencontrer pour parler de la qualité du bitume utilisé ; l’accusé nie catégoriquement. Selon lui, il a clairement signifié à Khelladi que sa mission n’était pas d’être auprès de Citic Algérie et que s’il voulait le voir, «il n’avait qu’à venir à son bureau de Dély Ibrahim.


C’est alors qu’il m’a dit que ses bureaux se trouvaient à 800 mètres et qu’il allait me rendre visite. On lui a donné des coffrets-cadeaux Oriflam contenant un collier de perles et un stylo Mont-Blanc. C’était ma deuxième rencontre. Puis il y en a eu une troisième, toujours à sa demande et dans mon bureau.» Le juge : «Qu’avez-vous compris à travers ces visites ?» L’accusé : «Peut-être que le général Hassen voulait avoir des informations sur le projet du siècle, devenu le cauchemar du siècle.»


Le président : «Pourquoi ce général, chargé de la lutte antiterroriste comme vous le dites, cherchait-il après-vous ?» L’accusé : «Je ne sais pas. Il faut le ramener pour lui poser la question. Il faut qu’il vienne ici nous dire s’il a mandaté Khelladi ou pas, et savoir que ce dernier l’a malmené dans le dossier. Quand je lis ce que Khelladi déclare, je comprends que c’est le général Hassen qui m’a arrêté et a ordonné à ses officiers de me torturer.»


Le juge le ramène aux faits : «Parlez-nous de votre voyage en Chine.» Avec un large sourire, Chani répond : «Je vous jure que nous sommes devant le syndrome de James Bond. Khelladi s’est comporté en James Bond pour enquêter et donner des informations. D’ailleurs, dans toutes les photos que vous avez, il est accroché à son téléphone. Les Chinois souffraient des pressions qu’il exerçait sur eux. Il était un goulot d’étranglement.» Le juge : «Pourquoi Khelladi est-il allé en Chine ?» L’accusé : «Posez-lui la question.


Peut-être qu’il voulait servir d’intermédiaire entre les Chinois et le ministre. Il n’a pas réussi. Il est parti en Chine alors qu’il faisait pression sur eux parce que Citic est une entreprise qui refuse de payer. Ils m’ont appelé pour me dire que Khelladi était parmi la délégation et qu’il leur signifié qu’il était en mission. Je leur ai répondu que ce n’était pas vrai.


Les Chinois savaient très bien ce qu’il faisait ; il était hébergé au Sheraton, qui leur appartient. Ils ont dû enregistrer toutes ses communications où il parlait d’argent et de commissions. Je leur ai expliqué qu’il n’était pas en mission officielle.»
Sur les 30 millions de dollars qu’il a reçus, l’accusé explique que 1,5 million concernent ses prestations dans le cadre du règlement des problèmes des Chinois, et le reste concerne son travail au Gabon. «Mais il n’y a rien qui prouve que c’était pour vos activités au Gabon», fait remarquer le juge.


C’est le procureur général qui va faire sortir Chani de ses gonds ; il revient sur les conditions de sa détention. «Mon droit le plus élémentaire n’a pas été respecté. Durant les vingt jours de détention, je n’ai pas été présenté au procureur est-ce normal ? Pourquoi n’avez-vous pas enquêté sur les tortures que j’ai subies ? Durant ces 20 jours je ne me sentais pas humain. J’aurais voulu me pendre.


Je puais. Je voulais me laver, ils ont refusé. J’étais nu, à genoux, et l’un d’eux est venu quelques jours après pour me pisser dessus en me disant ‘tu as besoin d’une douche, voici de l’eau chaude’ ! Ma mère, que je n’ai pas pu voir, est morte d’un AVC», lance-t-il en pleurant. Le procureur général tente de le ramener aux questions, mais l’accusé lui répond : «J’ai décidé qu’après le procès je ferais une grève de la faim jusqu’à en mourir. Parce que je préfère mourir comme un homme que comme un cafard.» Le procureur général l’interroge sur son adresse à Alger et l’accusé répond : «Hôtel Sheraton.»


Mais le procureur revient à la charge et Chani précise : «A la résidence d’Etat.» «C’est une résidence pour les membres du gouvernement», dit le procureur. «Je sais. Tout le gouvernement est chez mon ami Melzi. Demandez-lui pourquoi il m’a donné cette résidence», lui répond Chani. Maître Labassi, avocat de Khelladi, l’interroge sur ce que son client lui a déclaré. «Il m’a demandé de voir avec les Chinois s’ils pouvaient financer une société de camions. J’ai refusé», répond Chani.




Khelladi : «Bedjaoui et Ghoul ont touché des pots-de-vin»

De gauche à droite : Mohamed bedjaoui, Amar Ghoul, Medjdoub Chani,...

Mohamed Khelladi a révélé que les commissions étaient réparties comme suit : Chani 4%, Falcone et Mohamed Bedjaoui (ancien ministre des Affaires étrangères) 10%, Amar Ghoul 25%, qui en  a reversé 1,25% à Tayeb Kouidri. L’autoroute a coûté 11 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter 5 milliards de dollars de surcoûts.


Tantôt serein tantôt énervé, Mohamed Khelladi, par qui le scandale de l’autoroute a éclaté, a créé la surprise. Les révélations qu’il a faites devant le tribunal criminel ont tenu en haleine aussi bien les avocats que les journalistes. C’est vers 15h30 qu’il est appelé à la barre. Il commence par planter le décor en donnant un aperçu de son cursus, depuis son passage à la Marine nationale où il était dans la construction navale, jusqu’au ministère des Travaux publics, en passant par l’unité de recherche et développement de la Marine nationale, à l’Institut de criminalistique de la Gendarmerie nationale et le ministère de la Pêche.


Il raconte avoir été recruté par Amar Ghoul en tant que directeur d’étude au ministère des Travaux publics, en 2006, alors que le marché et les ordres de service pour la réalisation de l’autoroute étaient déjà finalisés en 2005. «Amar Ghoul m’a demandé de sauver ce grand projet qui était dans une situation de blocage. Je lui ai dit de compter sur ses cadres comme Ghezal le directeur général de l’ANA et Khaldi, mais il a refusé. Quelques jours après, il m’a relancé en me proposant la DPN (division des nouveaux projets). J’ai accepté à la condition d’avoir toutes les prérogatives de prendre les décisions qui s’imposent en temps réel vu les grands problèmes qui se posaient sur le terrain.


Il n’y avait ni personnel, ni logistique, ni organisation, ni structures qui contrôlent l’exécution. Des cadres étaient détournés par les Chinois et les Japonais. Le projet était à l’abandon. Il fallait réagir. Des décisions ont été prises lors d’une réunion du conseil d’administration de l’ANA. Le contrat prévoyait des mesures d’accompagnement exécutées par les groupements. Dans cette affaire, il y a eu corruption. L’autoroute a coûté certes 11 milliards de dollars, auxquels il faut ajouter 5 milliards de corruption», dit-il.


D’un ton coléreux, il ajoute : «Je vais vous expliquer par les chiffres comment la corruption a été instituée et qui en a profité. Je n’ai rien inventé…» Le juge : «Comment avez-vous appris qu’il y a eu corruption ?» L’accusé : «Déjà en 2005, les gens parlaient de corruption. Même la presse en a fait état, en avançant un montant d’un milliard de dollars. Monsieur le juge, en 2006, le tribunal a ouvert une enquête sur les surcoûts dans la réalisation de l’autoroute Est-Ouest, mais a elle été fermée par la suite. Même le ministre a parlé de 20% de surcoût. J’étais dans une cellule d’intelligence économique à la Gendarmerie nationale, je sais de quoi je parle. J’ai décidé, en tant que citoyen qui aime son pays, d’ouvrir le dossier.»


Le magistrat le fait revenir à sa relation avec Medjdoub Chani. Khelladi raconte : «Le général Hassen m’a appelé au téléphone. Il m’a dit que le général Abdelaâli me demandait de prendre attache avec Chani et de le voir pour savoir ce qu’il voulait. Il m’a remis son numéro et je l’ai contacté. Nous nous sommes rencontrés dans un café bien illuminé à Dély Ibrahim.» La réflexion suscite des éclats de rire dans la salle.


«Oui, ce n’était pas un café lugubre comme Chani l’a présenté. Il m’a dit en ces termes : ‘Vos chefs, les gens du DRS, m’ont envoyé vous dire d’exécuter ce qu’ils disent. Vous demandez aux Chinois une enveloppe consistante pour servir de caisse noire au DRS à l’étranger.’ Il m’a parlé sur ce ton, sans aucune introduction. Il m’a dit qu’il était là pour régler tous les problèmes des Chinois, y compris ceux liés au bitume.»


«L’épouse de Sacha est la nièce d’un proche de la Présidence»


Le magistrat lui demande ce que Addou Tadj Eddine lui a dit à propos de l’affaire. «Il m’a dit clairement que quelqu’un de malveillant tourne autour du groupe Citic. J’en ai parlé au ministre, mais rien. Lorsque Chani m’a parlé de cette caisse noire que les Chinois devaient alimenter, je lui ai répondu : ‘Pourquoi, nos Services sont devenus des mendiants pour aller quémander de l’argent ?’ J’ai demandé le statut de sa société et j’ai découvert que ses bureaux étaient situés à quelques mètres de l’ANA.


Il contrôlait tous nos mouvements et ceux des Chinois», répond Khelladi. Le magistrat : «A quel moment avez-vous commencé à fouiner ?» «C’était une initiative personnelle, parce que j’ai été témoin d’une grande corruption. Je ne pouvais pas accepter cela. Tadj Eddine Addou m’a parlé de Sacha, de son vrai nom Boussaïd Nasredine, un type de Tlemcen dont l’épouse est la nièce d’un proche de la Présidence», révèle l’accusé, suscitant encore des éclats de rire dans la salle. Il poursuit : «Tadj Eddine m’a payé le billet d’avion pour Paris.


Sacha devait m’accompagner en Chine, à ses frais, pour voir quelqu’un qui me donnerait tous les éléments.» Le juge : «Avez-vous informé la tutelle ?» L’accusé : «J’avais déjà dit à Amar Ghoul qu’il y avait une personne malveillante qui rôdait, c’était Chani, mais il n’a rien fait. J’ai été à Pékin, et là j’ai rencontré un certain Philippe Chêne.» Le juge : «Pourquoi n’avez-vous pas informé les officiels ?» L’accusé : «Pour qu’ils me suivent et me tuent en Chine ?


Je n’étais qu’un petit poisson pour eux.» Le magistrat : «Dans quel but Sacha vous a-t-il payé le voyage ?» L’accusé : «Peut être parce qu’il y avait une lutte d’intérêts entre lui, Chani et Falcone. Je pense qu’il s’est senti floué par Chani, c’est pour cela qu’il m’a accompagné à Pékin et a pris en charge mon voyage.» Le juge insiste et Khelladi répond : «Posez la question à Tadj Eddine, que je connais depuis que j’étais dans le secteur de la Pêche. J’avais le programme de relance du secteur et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi le ministre ne voulait pas lui accorder l’aide de l’Etat, qui était destinée à tous les citoyens. J’ai su par la suite que Tadj Eddine avait une société de pêche avec Amar Ghoul.


L’essentiel, je n’ai jamais pensé que Tadj Eddine, était impliqué. Pour moi, c’était quelqu’un qui me donnait des renseignements.»
Le magistrat revient sur le voyage à Pékin. «J’ai rencontré ce Philippe Chêne qui m’a assuré que Chani avait pris 4%, Falcone et Mohamed Bedjaoui (ancien ministre des Affaires étrangères) ont pris 10%, alors que 25% ont été pris par Amar Ghoul, lequel a reversé 1,25% à Tayeb Kouidri. J’ai remis toutes ces informations au DRS. Je ne pouvais pas les garder. Ils ont enquêté. Je pense qu’ils les avaient déjà, mais il leur manquait des preuves.» Le juge : «Ce sont les Chinois qui ont payé ?» L’accusé : «Les Chinois ont donné 25% à Amar Ghoul et je regrette qu’il ne soit pas là pour s’expliquer...»


Le magistrat lui rappelle la procédure liée à la convocation d’un membre du gouvernement. «Il a été entendu par écrit et ce n’est certainement pas moi, un petit juge, qui vais ramener un ministre en activité. Il y a une procédure qu’il faut respecter», lui lance- t-il avant de lui demander d’expliquer sa présence sur une photo avec Sacha. «Cette photo veut dire que tout ce que j’ai raconté est la vérité. Je suis bien parti avec Sacha à Pékin, pour enquêter sur la corruption.


Je n’ai pas cherché après Chani ni après les Chinois parce que je savais qu’ils faisaient de l’espionnage. J’ai remis tout le dossier aux Services. Ils ont fait un rapport au président de la République, qui a pris des mesures.» Le magistrat l’interroge sur les soins assurés au fils de Khelladi, dans un hôpital américain au Japon, pris en charge par Citic. Il répond : «Une délégation médicale venait chaque année pour soigner des Algériens. Lorsqu’elle a connu le cas de mon fils, handicapé, les médecins m’ont dit qu’ils pouvaient le soigner dans un cadre humanitaire.»


«80% de l’autoroute étaient des malfaçons»


«Pour passer à l’hôpital américain, il fallait un rendez-vous, ils me l’ont ramené et c’est cela que les enquêteurs ont trouvé chez moi, et non pas une prise en charge. J’ai accepté parce que j’avais l’espoir de voir mon fils guérir.» Le magistrat insiste sur cette prise en charge : «Comment pouvez-vous contrôler Cojaal si vous acceptez que la société prenne en charge votre fils, la location de votre villa, des bureaux de l’ANA et la mise à votre disposition de véhicules, téléphones et ordinateurs ?»


L’accusé : «Cela fait partie des mesures d’accompagnement.» Le juge : «Ce n’est pas le cas, puisque ces prestations sont restées impayées.» L’accusé : «Ce n’est pas vrai ! Moi-même j’ai remercié le directeur général de Cojaal, parce qu’il se pavanait à Paris, abandonnant les travaux à l’Est. Il a laissé une situation catastrophique et un retard énorme dans les travaux. Pour ce qui est de la location de la villa, le ministre en était informé. Les téléphones qu’ils ont trouvés chez moi devaient être remis dans le cadre des passations de consignes, mais le ministre ne voulait pas le faire.


Vous voulez qu’ils m’accusent de vol ?» Khelladi revient sur le coût de l’autoroute : «11 milliards de dollars pour une plateforme sans ouvrages d’art, lesquels ont coûté 5 milliards de dollars. En 2005, le coût était de 2,5 millions le kilomètre. Avec les surcoûts, l’autoroute est revenue à 17,5 milliards. Ce qui représente 34% du budget de l’Etat de 2014.» Khelladi explique que «les dysfonctionnements ont causé 16 mois de retard. Cojaal refusait le béton algérien et le rond à béton. Ils l’ont laissé en importer alors qu’il ne faisait rien sur le terrain.


L’Etat a mis 16 milliards de dinars comme ça, sans aucun suivi ni contrôle…»  A propos du billet d’avion pour Pékin, il déclare qu’il devait y aller avec Ghoul, mais ce dernier lui a dit qu’il devait rester parce qu’il le considérait «comme ses yeux et ses oreilles»… «Mais il m’a envoyé en prison. Je lui ai dit que 80% des travaux des Chinois étaient non-conformes.» Il affirme que des groupes de sous-traitants placés par Amar Ghoul à Aïn Defla avaient fait grève pour être payés, ce qui a nécessité son intervention. Il finit par lâcher : «Quand j’ai parlé, il m’a demandé de revenir sur mes propos en me promettant un poste de ministre, ce que j’ai refusé parce que j’aime mon pays.»


A la fin Khelladi lance cette lourde phrase à propos de Chani : «Chani ment. Il n’est pas venu en Algérie pour voir sa mère comme il l’a dit. Nous lui avons tendu un piège. J’ai dit à Addou Tadj Eddine de l’appeler pour venir à Alger prendre sa commission. Il est rentré, il a été épinglé à l’aéroport. C’était grâce à moi.» Maître Sidhoum lui demande en quelle qualité il a informé le DRS de cette affaire ; l’accusé répond  : «En tant que citoyen.»


L’avocat bondit et Khelladi réplique : «N’oubliez pas que j’étais à la cellule d’espionnage et de crime  économique de la Gendarmerie nationale.» Il  ne lâche pas Chani, qu’il accuse de mentir. «Il ment lorsqu’il vous dit qu’il a été torturé. Lorsqu’il a été arrêté, le général Ghodbane m’a appelé pour me demander d’aller confronter Chani. J’ai été le voir et il était en bon état.


Il n’avait rien qui prouve ce qu’il dit avoir subi. Aucune trace de torture…» Me Sidhoum revient  : «Pourquoi avoir contacté le général Hassen qui est chargé de la lutte antiterroriste ?» L’accusé : «C’est une affaire d’espionnage et de crime économique qui relèvent aussi de ses services.» Et le même avocat réplique  : «Vous savez où sont aujourd’hui le général Hassen et le général Mhenna  ?» L’accusé : «Je ne sais pas. Moi, j’ai fait ce que je devais faire.»  L’audience a été levée pour reprendre aujourd’hui.
 




Mohamed Bouchama : «J’ai géré un projet de 11 milliards de dollars et vous me parlez de chocolats et de stylo d’une valeur de 1000 DA»

Mohamed Bouchama, ancien secrétaire général du ministère des Travaux publics, revient sur le processus de lancement du projet de réalisation de l’autoroute et insiste sur «la réussite de ce défi». Le juge lui demande comment il a connu Chani. Mais Bouchama insiste sur les nombreux problèmes auxquels le ministère a été confronté vu l’importance du projet.


«Nous n’avons pas attendu Chani pour régler ces problèmes. Nous avons travaillé sur les statuts nouveaux de l’ANA et la nouvelle loi sur l’expropriation. Lorsque le Président a donné son accord, en 2005, pour que l’Etat finance le projet, un avis d’appel d’offres a été lancé par l’ANA. Trois soumissionnaires ont répondu avec des montants de 632 millions de dollars, 779 millions de dollars et 944 millions de dollars. Nous ne voulions pas rendre publics les montants pour pouvoir faire étudier les trois offres par la commission nationale des marchés. Lorsqu’elle a examiné le dossier…»


Le juge : «Qui a parlé de surcoût ?» L’accusé : «Je ne sais pas, peut-être les gens qui voulaient perturber le projet. Nous avons entendu parler de réunions dans les ambassades consacrées à ce projet. Malgré cela, le dossier a été présenté en Conseil des ministres en juillet 2006.


Le doute est resté. L’annulation de l’avis d’appel d’offres a été proposée afin de lancer une autre consultation. Mais il y a eu, entretemps, la visite d’un bureau d’étude arabe dans le cadre d’une délégation, et le Président leur a remis le dossier pour un arbitrage. Leur conclusion a été que le montant n’était pas élevé en raison du terrain favorable aux glissements, de la sismicité de la région et du relief, mais aussi du délai de réalisation très serré de 40 mois.


Pour eux, le coût de l’autoroute était raisonnable. Le chef du gouvernement a décidé cependant de plafonner le montant pour éviter qu’il soit dépassé. Cojaal et Citic ont été retenus, alors qu’au début il y avait 7 groupements internationaux.» Le juge : «Et ce mini-Conseil des ministres en présence de Falcone ?» L’accusé : «Je ne suis pas au courant. Mais nous savons tous que des groupes de pression distillaient ce genre de rumeurs. J’ai lu cela comme tout le monde. Mais ce n’est pas vrai.


Cela ne rentre pas dans ma tête. J’ai été d’ailleurs étonné de le lire. A l’ANA, tout a été fait de manière légale. Ils avaient leur mission technique d’engagement et moi le volet administratif. Notre souci était de préserver le coût, le délai et la qualité de la réalisation.» Pour sa rencontre avec Chani, l’accusé affirme l’avoir vu pour la première fois dans le bureau de Abdelhamid Melzi, à Club des Pins, à sa demande. «Il m’a été présenté comme conseiller financier des Chinois, qui voulait régler les problèmes auxquels ces derniers faisaient face. Le bitume, les explosifs, etc. Il y avait des problèmes de bureaucratie aussi.»


Le juge fait une longue intervention sur la bureaucratie et la corruption et plaide pour «une loi martiale contre cette vermine». Pour ce qui est du colonel Khaled, Bouchama affirme que c’est une vieille connaissance qui remonte à 1977. «Pour moi quand Chani est venu à mon bureau avec le colonel Khaled, c’était un homme de confiance, il n’y avait aucun doute sur lui. Le colonel, de surcroît du DRS, est suffisamment intelligent pour ne pas jouer avec sa carrière et me sacrifier avec lui.


Si Chani est venu, c’est pour régler des problèmes bureaucratiques pour lesquels tout le gouvernement était engagé.» Le juge : «De quoi vous a-t-il parlé ?» L’accusé : «Il m’a dit que les Chinois avaient peur de ne pas respecter le délais de réalisation et qu’ils se cassent les dents. Donc ils ont décidé de ramener le personnel pour respecter les délais parce qu’ils n’ont pas trouvé de main-d’œuvre qui accepte de travailler dans des conditions difficiles.


Ce qui a suscité des problèmes pour l’obtention des visas.» Il évoque l’intervention de Khelladi pour trois Chinois qui n’avaient pas de relation avec l’autoroute. Selon lui, Khelladi lui en veut parce qu’il a compris qu’il aidait Chani et pense que c’est lui qui lui a supprimé la délégation de signature du ministre, qu’il a continué à utiliser, ajoute-t-il, même après sa suppression. «Cette délégation lui a été donnée à une période où le ministre et moi étions absents, avant d’être annulée parce qu’elle était illégale», précise Bouchama. Il souligne avoir alerté le ministre sur le courrier des Chinois qui dénonçaient les retards, en mettant en garde contre une stratégie qui augure des contentieux et des pénalités.


A une question sur la location des bureaux de l’ANA aux frais de Cojaal, Bouchama répond : «C’est une affaire qui concerne Khelladi.» Il s’attarde sur le rôle du commissaire aux comptes, qui est le seul comptable de la gestion de l’ANA même si lui-même est président de son conseil d’administration. Pour ce qui est des cadeaux qu’il aurait reçus de Chani, Bouchama déclare : «C’est une honte. J’ai géré 11 milliards de dollars et vous me parlez de chocolats et de stylo d’une valeur de 1000 DA. J’ai été surpris lorsque Chani m’a remis ce petit sachet avec une boite publicitaire de sa société ; je lui ai dit de ne plus le faire…»




Le parti de Benflis inquiète le FLN

L’ancien chef de gouvernement veut capitaliser l’élan...

Selon plusieurs échos, des militants et des cadres du FLN ayant gardé «fidélité» pour l’ancien chef de gouvernement, rallient son projet de créer un parti politique.


A moins d’un mois et demi de la tenue de son congrès constitutif, prévu les 13 et 14 juin prochain, Talaîou El Houriat peaufine la préparation de son premier rendez-vous organique. Le parti lancé par l’ancien candidat à l’élection présidentielle du 17 avril 2014, ancien chef de gouvernement, Ali Benflis se structure, sa présence sur le terrain se renforce et suscite l’adhésion des différentes franges de la société.
Pas seulement !


Un de ses membres fondateurs confirme les craintes et les appréhensions de l’ancien parti de Ali Benflis, le FLN, déchiré par un conflit qui dure depuis des années mais surtout par une terrible crise de légitimité. «Il est vrai que nous avons beaucoup de ralliements, à titre individuel faut-il le préciser, pour se conformer à la ligne de conduite du parti», affirme notre interlocuteur.


Les adhésions sont importantes, Talaîou El Houriat est présent dans l’ensemble des wilayas et daïras. Il est structuré dans 1241 communes, 47 wilayas plus 13 circonscriptions administratives d’Alger. A l’étranger, indique la même source, «nous sommes présents à travers tous les consulats d’Algérie en France, Italie, Espagne, Grande-Bretagne, Canada, Etats-Unis, Tunis, Qatar, et les Emirats arabes unis». Dans une quinzaine de jours, le parti de Ali Benflis tiendra ses congrès régionaux et promet de faire le plein lors du rendez-vous de juin.


Bien que pénalisé par les entraves bureaucratiques dont a souffert le dossier de la demande d’autorisation au niveau du ministère de l’Intérieur, qui a mis six pour répondre favorablement aux membres fondateurs, Talaîou El Houriat engagé résolument dans l’opposition démocratique est en train de mailler toutes les villes et les localités du pays.


«S’il bénéficie bien évidemment de l’aura de son initiateur, Ali Benflis qui a sillonné tout le territoire national avant pendant la campagne de l’élection présidentielle d’avril 2014 qui l’avait crédité, ‘‘malgré une fraude massive’’, de près d’un million trois cent mille voix, le parti de ‘‘l’avant-garde des libertés’’ a continué à mobiliser, selon notre source, des cadres, des intellectuels, des professions libérales, des fellahs, toutes les catégories sociales.» Au plan médiatique, le parti de l’ancien chef de gouvernement est présent sur tous les fronts.


En plus de son action au sein de l’Instance de suivi et de concertation de l’opposition qui comprend aussi la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CLTD), Talaîou El Houriat s’exprime, donne sa position sur tous les événements. Une stratégie médiatique qui semble payante. Selon un de ses membres fondateurs, le parti, dans la dynamique de mobilisation déclenchée par son leader durant sa campagne électorale, «bénéficie d’une large présence sur les réseaux sociaux».


«Nous sommes à 500 pages facebook, et ça évolue très vite avec une moyenne de 10 pages par wilaya», souligne le membre fondateur. «Cela a eu un effet boule de neige», soutient notre interlocuteur indiquant que le parti possède aussi une page Twitter, en attendant l’ouverture du site web officiel du parti qui sera lancé avec les travaux du congrès constitutif, début juin prochain. «Ces pages sont animées bénévolement pas nos militants et sympathisants dont beaucoup sont des professionnels, y compris la page de publicité qui sert de lien à toutes les pages et les sites de Ali Benflis, diffusée par Google», explique notre interlocuteur.


«Jamais la création d’un parti politique n’a été aussi suivie ni n’a suscité autant d’engouement, ni n’a bénéficié d’une aussi massive campagne médiatique», soutient un militant de Talaîou El Houriat qui trouve que «c’est normal que le projet suscite des appréhensions au sein de l’ancien parti de Ali Benflis, le FLN, dont de larges pans de la base militante lui a toujours été acquise». «Le nouveau parti suscite, selon notre interlocuteur, une adhésion phénoménale.»




Abdelkrim Abada s’oppose au retour de Belkhadem

Le retour de Abdelaziz Belkhadem à la tête du Front de libération nationale (FLN) ne fait pas que des heureux. Abdelkrim Abada, qui n’a jamais porté l’ancien secrétaire général dans son cœur, se prononce publiquement contre cette éventualité. Lui qui fut l’un des artisans de la fronde qui a mené à la chute de Belkhadem, juge impensable un tel retour et se dit prêt à tout mettre en œuvre pour l’en empêcher.


Pour le chef de file du mouvement de redressement et de l’authenticité, le ramdam autour du dîner offert par Belkhadem pour fêter son retour de La Mecque a été organisé par ses partisans pour accréditer l’idée que l’ancien patron du parti est à nouveau dans les petits papiers du régime. «Ce sont ses amis qui ont déclanché le buzz autour du dîner et ce sont également eux qui veulent faire croire aux militants que l’ancien secrétaire général est de nouveau le favori pour diriger le parti.


Je sais que ce n’est pas vrai.» Pour lui, Belkhadem ne peut plus prétendre à la direction du FLN puisqu’il en a été éjecté. «Comment peut-on envisager un tel scénario, quand l’ancien premier responsable a été désavoué à la majorité par les membres du comité central», s’insurge Abdelkrim Abada qui rappelle perfidement que l’ancien conseiller spécial du Président avait avalisé la nomination de Saadani à la tête du FLN lors du comité central d’août 2013, tenu à El Aurassi.


Cet adoubement aurait fait l’objet d’un accord entre les deux hommes en marge du comité central. «Si Amar Saadani est aujourd’hui à la tête du FLN, il le doit à l’accord passé avec Belkhadem. Pour l’un le parti et pour l’autre le soutien du Front de libération dans l’éventualité d’une candidature à la présidentielle», soutien Abdelkrim Abada. Plus grave, il dédouane le secrétaire général du parti de la situation qui prévaut actuellement au FLN et accuse Belkhadem d’en être le responsable «Amar Saadani a hérité d’un parti qui était en piteux état. C’est Belkhadem qui a mis le Front de libération dans cette situation», accuse-t-il.


Et d’ajouter : «C’est lui qui a introduit l’argent sale dans les rouages du parti.» Pour le mouvement de redressement, le retour de Belkhadem sonne comme une grande désillusion. Abada et ses amis se sont échinés à empêcher ce cas de figure jusqu’à s’allier avec Amar Saadani, qui avait jouer sur cet antagonisme pour se rapprocher du mouvement des redresseurs. Le secrétaire général avait fait miroiter à Abdelkrim Abada un siège au sein du bureau politique. Une promesse qu’il n’a pas tenue. Comme le souligne un membre du comité central, la reconfiguration qui semble en marche au parti risque de signer la mort du mouvement des redresseurs.
 




Repère : Corruption ? Chut !

Est-il possible de débattre de la corruption en dehors des procès bien verrouillés qui se tiennent ces jours-ci ? Apparemment non, quand on observe la fermeture à double tour des salles publiques à l’expression citoyenne sur ce serpent de mer qui gangrène le pays. L’opposition politique a été une fois de plus (de trop) empêchée, hier, arbitrairement, de tenir une rencontre thématique au centre culturel Azzedine Medjoubi d’Alger.


Comme d’habitude, l’administration de la wilaya a attendu la veille de la rencontre pour notifier son refus d’accorder l’autorisation introduite une semaine auparavant par le parti El Adala (justice) de Abdallah Djaballah au nom de la CLTD. L’objectif est évident : empêcher les organisateurs de prévoir un plan B pour tenir la réunion. Le comble est qu’il y a une dizaine de jours, cette même coordination des partis de l’opposition a obtenu la précieuse autorisation et dans le même édifice ! Mais le hic se situe au niveau des thématiques.


L’administration de la wilaya d’Alger, qui dépend du pouvoir politique, n’a pas jugé nécessaire d’empêcher ces partis de débattre de la chute des cours du pétrole et de ses conséquences sur l’économie nationale. Un sujet pas très nocif pour l’image du régime tant il relève de facteurs exogènes qui impactent l’économie nationale. Encore qu’il y a tellement de choses à dire et redire... Hier en revanche, les partis de l’opposition devaient discuter de la corruption comme «danger potentiel pour la sécurité nationale».


Un thème, il est vrai, explosif pour le régime en ce sens qu’il est d’une brûlante actualité puisque le procès de l’autoroute Est-Ouest se tient en ce moment au tribunal d’Alger. Il n’est donc pas besoin d’être un fin analyste pour comprendre l’arrière-pensée de cet énième refus politico-administratif d’autoriser l’opposition de se réunir. Débordé de toutes parts par sa gestion calamiteuse et népotique des affaires de l’Etat sur fond d’une corruption épidémique, le pouvoir tente, par cette mesure stalinienne, d’imposer la loi de l’omerta.


Essayer autant que faire se peut de garder ses secrets d’alcôve loin des oreilles indiscrètes et surtout du grand public. Mais ce réflexe d’un autre âge ne trompe plus personne. Pas plus qu’il n’empêche les Algériens de découvrir le sous et les dessous de la république et l’usage que font nos responsables des pétrodollars. En Algérie se tiennent des procès pour corruption, en Italie la justice enquête sur le scandale des pots-de-vin versés à Khelil et ses complices, à Paris un livre sur les acquisitions immobilières de dirigeants algériens fait le buzz.


Comment cacher toutes ces affaires douteuses à l’ère d’un monde 2.0, même si l’Algérie est maintenue, sciemment, en marge du progrès numérique et technologique ? C’est comme tenter de cacher le soleil avec un tamis. L’interdiction de la rencontre thématique de l’opposition risque, in fine, de faire plus de bruit et de mauvaise publicité au pouvoir s’agissant de la corruption. Ceci d’autant que les partis de l’opposition ont tenu leur rencontre au siège d’El Adala. Mais pour le pouvoir, le maître-mot est «chut!» dès qu’il est question de corruption.




mardi 28 avril 2015

Tizi Ouzou: Six terroristes abattus à Azazga

Les forces de sécurité ont réussi à mettre hors d’état de nuire six  terroristes, ce mardi, 28 avril, durant l’après midi, dans  la commune d’Azazga


 


 


Les six islamistes armés ont été éliminés par l’ANPlors d’une embuscade tendue  près du village Hendou, selon des sources locales qui précisent que cinq armes de type kalachnikov et un pistolet automatique ont été également récupérés à l’issue de cette opération.


 


 Les corps des sbires de l’ex GSPC éliminés ont été acheminés vers la morgue du CHU Nedir Mohamed où ils sont actuellement en cours d’identification, ajoutent les mêmes sources.




Nadia Labidi demande une commission parlementaire pour examiner les accusations du PT

La ministre de la Culture, Nadia Labidi, a demandé  mardi à Alger, une "commission parlementaire pour examiner les accusations formées  à son encontre par la secrétaire générale du parti des travailleurs (PT), Louisa  Hanoune, et des députés de sa formation au sujet du financement de projets dans  le cadre de la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe.  


Le parti des travailleurs avait, par la voix  de sa secrétaire  générale et de son député Djelloul Djoudi, accusé la ministre de la Culture  d'être impliquée dans un "conflit d'intérêts" pour avoir permis le "financement  public" d'un projet de film devant être "produit par une société appartenant  à la ministre".         


Répondant aux accusations de Mme Hanoune et réitérées ce jour par la  députée PT, Nadia Yefsah, lors de la séance plénière de l'Assemblée populaire  nationale (APN) consacrée au débat du projet de loi sur le livre ), que tout  ce qui a été dit auparavant "est infondé".  "S'ils ont des preuves, qu'ils les présentent", a-t-elle poursuivi avant  de se dire "disposée à aller loin et détenir des preuves" car il y va de son  image et de son honneur.         


D'autre part, la ministre de la Culture a estimé important de connaitre  les étapes de dépense des fonds publics, appelant les députés à oeuvrer à établir  la vérité dans un "climat de calme, de confiance et de respect". Faisant part de son étonnement à l'égard de "ce qui a été dit lors des  séances d'hier et aujourd'hui", elle a indiqué qu'"en tant qu'enseignante  universitaire et réalisatrice, elle possédait avant de rejoindre le gouvernement  une petite société" de production de films et émissions pour enfants. Une société,  a-t-elle tenu à rappeler, qu'elle a abandonnée et il existe des documents qui  prouvent cela".         


A cette occasion, elle a appelé les députés à augmenter le budget alloué  au secteur de la culture qui restait, selon elle, insuffisant. La ministre de la Culture avait demandé dans une lettre publiée dimanche  de la secrétaire générale du PT de "démentir publiquement" les propos rapportés  par le quotidien Ennahar El Djadid.         


"J'ai appris par le journal Ennahar El Djadid que vous auriez déclaré  que +la ministre de la Culture attribue tous les projets du secteur à ses amis  ou à sa société+", a écrit la ministre qui déclare recourir, le cas échéant,  à la justice pour déposer une "plainte en diffamation".




Tizi Ouzou : Cinq terroristes abattus à Azazga




le 28.04.15 | 18h05 Réagissez



Les forces de sécurité ont réussi à mettre hors d’état de nuire cinq terroristes, ce mardi, 28 avril, durant l’après midi, dans la commune
d’Azazga.



Les cinq islamiste armés en question ont été éliminés par l’ANP près du village Hendou, selon des sources locales qui précisent que cinq armes de type kalachnikov ont été également récupérées lors de cette opération qui est toujours en cours, ajoutent les mêmes sources.


H. Azzouzi






L’enfant terrorisé par un chien sous l’œil amusé des adultes : Les auteurs de cet acte ignoble arrêtés à Oran

Les quatre sinistres individus qui ont terrorisé un enfant de 7ans en le poussant aux griffes d’un chien de race, et dont les images ont fait ces jours-ci le tour de la toile via Youtube et Facebook, ont été arrêtés, aujourd’hui à Oran, par les éléments de la sûreté nationale.


Le chien a lui aussi été capturé par les policiers, et confisqué à ses propriétaires. Depuis quelques jours, des scènes insoutenables circulent sur Internet, où on voit un  jeune enfant qui tente de s’échapper des crocs d’un chien dangereux, sous l’œil amusé de quatre adultes qui, au lieu de le sauver, le poussait au contraire aux griffes de l’animal.


Cette scène innommable s’était déroulée, il y a deux mois de cela, à Oran, plus précisément dans le quartier populaire de Victor Hugo, relevant du secteur urbain d’Ibn Sina. Cela dit, ce n’est que ces derniers jours, après avoir posté la vidéo de cet acte ignoble sur Internet, qu’elle a provoqué l’émoi et l’indignation générale en Algérie.


Les parents de la jeune victime n’avaient déposé aucune plainte au moment des faits, d’où le fait que la police n’avait pas eu vent de cette affaire plus tôt. La victime de cet acte cruel s’appelle Aymen Nour El Islam. Agé d’à peine 7ans, Aymen est en première année du cycle primaire.


Après que la vidéo montrant cette scène d’une rare violence a provoqué un tohu-bohu sur la toile, et mis en émoi tous les Algériens, le procureur de la République près le tribunal d’Oran a ordonné, ce matin, aux services de la sûreté nationale de mener une enquête afin d’identifier les individus sans-cœurs, auteurs de cet acte ignominieux.  Ces derniers ont aussitôt été arrêtés, et devront comparaître pour répondre de leur acte ignoble.  




Condamné à 3 ans de prison pour atteinte au Prophète : Le procès de Mohamed Chergui reporté au 19 mai

Au final, le procès de Mohamed Chergui, prévu pour ce mardi au tribunal de la Cité Djamel d’Oran, s’est vu reporter au 19 mai prochain, pour des raisons de procédures.

Mohamed Chergui est un ancien journaliste du journal public arabophone El Joumhouria, responsable de la rubrique religieuse « islamiates ».

L’année dernière, il s’est fait renvoyer de son journal suite à la publication d’un article, dont ses rédacteurs en chef ont jugé qu’il portait atteinte au prophète Mohamed.

Pis ! : La direction d’El Joumhouria n’a pas hésité, par la suite, à le poursuivre en justice pour la publication dudit article. Le 24 février dernier s’est tenu son procès en première instance, où Mohamed Chergui a écopé, par contumace, d’une peine de 3 ans de prison ferme, et de 200.000DA d’amende pour atteinte au prophète. Mohamed Chergui a fait opposition.

Louisa Hanoune : « Grine et Kheladi sont des complices de Labidi »

Après les accusations prononcées hier, lundi, lors d’une séance plénière à l’APN par des députés du PT  contre la ministre de la Culture Nadia Labidi, Louisa Hanoune revient à la charge et accuse le ministre de la communication et le directeur de l’Entv de complicité.


Le ministre de la communication et le directeur général de l’Entv cautionneraient, selon Louisa Hanoune, la diffusion touts les vendredis d’un programme  télévisé produit  grâce aux contournements de la ministre des régles en vigueur.


« Elle agit en violation des règles de l’Etat et des uses et coutumes. Elle se comporte en délinquante, comme un chef de bande », affirme Louisa Hanoune qui cite Nadia Labidi et les menaces qu’elle lui aurait adressées, ce mardi lors de la réunion du bureau politique du parti.


La SG du PT affirme avoir rendu public ces faits accablant la ministre de la culture après une importante hésitation. « J’étais gênée parce que c’est une femme. Je l’ai avertie, le 1er novembre, que si elle continuait avec ses malversations quotidiennes elle finira en prison », raconte-t-elle.  «  Ça porte atteinte aux combats des femmes algériennes », se désole-t-elle. Et d’ajouter « j’ai parlé parce que je ne veux pas être une complice ».


Louisa Hanoune a appelé, à cette occasion, à la nécessité d’obliger les ministres à déclarer leurs biens mais aussi ceux de leurs familles


Abdelmalek Boudiaf… le félon


D’autres ministres sont également sous la ligne de mire de Hanoune. Il s’agit, notamment, d’Abdelmalek Boudiaf, minitre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière auquel elle reproche le fait d'offrir  le marché des accélérateurs à un entrepreneur dans le domaine des travaux publics. Elle appelle à l’établissement d’une commission d’enquête.  « Le félon c’est lui qui met en cause la révolution en mettant en cause la gratuité des soins », s’indigne-t-elle.




Louisa Hanoune : « Grine et Kheladi sont des complices de Labidi »

Après les accusations prononcées hier, lundi, lors d’une séance plénière à l’APN par des députés du PT  contre la ministre de la Culture Nadia Labidi, Louisa Hanoune revient à la charge et accuse le ministre de la communication et le directeur de l’Entv de complicité.


Le ministre de la communication et le directeur  de l’Entv cautionneraient, selon Louisa Hanoune, la diffusion touts les vendredis d’un programme  télévisé produit  grâce aux contournements de la ministre des régles en vigueur.


« Elle agit en violation des règles de l’Etat et des uses et coutumes. Elle se comporte en délinquante, comme un chef de bande », affirme Louisa Hanoune qui cite Nadia Labidi et les menaces qu’elle lui aurait adressées, ce mardi lors de la réunion du bureau politique du parti.


La SG du PT affirme avoir rendu public ces faits accablant la ministre de la culture après une importante hésitation. « J’étais gênée parce que c’est une femme. Je l’ai avertie, le 1er novembre, que si elle continuait avec ses malversations quotidiennes elle finira en prison », raconte-t-elle.  «  Ça porte atteinte aux combats des femmes algériennes », se désole-t-elle. Et d’ajouter « j’ai parlé parce que je ne veux pas être une complice ».


Louisa Hanoune a appelé, à cette occasion, à la nécessité d’obliger les ministres à déclarer leurs biens mais aussi ceux de leurs familles


Abdelmalek Boudiaf… le félon


D’autres ministres sont également sous la ligne de mire de Hanoune. Il s’agit, notamment, d’Abdelmalek Boudiaf, minitre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière auquel elle reproche le fait d'offrir  le marché des accélérateurs à un entrepreneur dans le domaine des travaux publics. Elle appelle à l’établissement d’une commission d’enquête.  « Le félon c’est lui qui met en cause la révolution en mettant en cause la gratuité des soins », s’indigne-t-elle.




Hanoune-Labidi : La guerre ouverte

Le torchon brûle entre Nadia Labidi, ministre de la Culture, et Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). Mme Hanoune a accusé Mme Labidi de l’avoir menacée via un groupe de personnes qui s’est présenté chez elle. Louisa Hanoune, dans une déclaration à l’APN, a accusé la ministre de «corruption et de favoritisme dans l’octroi des marchés», voire de se servir elle-même via une agence de communication dont elle serait la propriétaire.
 


Mme Hanoune ne se limite pas à ces faits. Preuves à l’appui, elle révèle que Mme Labidi est impliquée dans un «conflit d’intérêt» pour avoir permis le «financement public» d’un film produit par sa propre agence de communication.  C’est en faisant le bilan de la première année du 4e mandat de Bouteflika que Louisa Hanoune a estimé que les affaires de corruption n’avaient pas diminué dans notre pays mais que le phénomène prenait, au contraire, de l’ampleur.


Elle a illustré ses propos en citant l’exemple du secteur de la culture où les pratiques douteuses en matière de passation de marchés sont monnaie courante. Hier encore, Mme Hanoune a saisi la tribune de l’APN pour répondre à la ministre, qui l’a menacé de recourir à la justice si elle ne revenait pas sur ses propos suivis d’excuses. Mais Mme Hanoune n’abdique pas ; irritée, elle charge la ministre et qualifie son comportement d’«acte grave». Une attitude qui n’a jamais eu cours dans les annales de l’Algérie.


De quoi s’agit-il ? Selon Mme Hanoune, la ministre a ordonné à un groupe de personnes de se rendre chez elle pour lui remettre une lettre de menaces, lui demandant de retirer ses propos, au risque d’être passible de poursuites judiciaires. La lettre de menaces portait le cachet et le sceau de la République algérienne démocratique et populaire. «Par cet acte, Mme Abidi engage tout le gouvernement.


Ce sont là des agissements de banditisme. A travers ce procédé, nous avons une idée des méthodes de l’oligarchie. Le gouvernement est interpellé», a lancé hier M. Djoudi (chef du groupe parlementaire du PT) à la ministre, lors d’une plénière consacrée au débat autour du projet de loi sur le marché du livre.


Les méthodes de l’oligarchie


Pour Mme Hanoune, il est inadmissible qu’un ministre de la République s’adresse à un responsable politique pour lui interdire de parler et de dénoncer des actes de corruption. La patronne du PT refuse de se taire, elle réclame une commission d’enquête et demande à la justice de s’autosaisir. «Dans le cas contraire, nous sommes déterminés à aller, s’il le faut, devant la justice et présenter à l’opinion publique des preuves.»


Mme Hanoune ne reculera pas, elle persiste et signe : le secteur de la culture est celui où les marchés sont octroyés à la famille et aux amis. Et d’estimer que la fonction de ministre de la Culture et celle de propriétaire d’une agence de production ne sont pas compatibles. «Mme Labidi possède une société de production qui s’appelle Procom International, celle-là même qui produit l’émission ‘ ‘Sahla mahla’’ diffusée chaque vendredi par l’ENTV. Il s’agit là d’un conflit d’intérêts», condamne Djoudi.


Et d’affirmer que le film Le Patio a été produit par Procom International. Ce film a été rejeté, dans un premier temps, par la commission de lecture de la manifestation «Constantine, capitale la culture arabe 2015», mais «après intervention d’un responsable du ministère, il a été repêché et a bénéficié d’un financement de douze milliards de centimes», note le député. Le PT accuse également Mme Labidi d’avoir donné gratuitement, pendant trois jours, le TNA à l’ambassade des Etats-Unis pour l’introduction de la troupe El Gusto en contrepartie d’une bourse aux USA pour son fils.




Une centaine de députés veulent la tête de Saadani

Les députés menacent de créer un groupe parlementaire parallèle si le parti ne se dote pas d’une direction légitime.


La crise qui secoue le Front de libération nationale (FLN) s’installe définitivement au sein de l’Assemblée populaire nationale (APN). Dans une déclaration adressée hier à notre rédaction, des députés, appartenant à cette formation politique qui bat de l’aile, interpellent vivement le premier magistrat du pays, Abdelaziz Bouteflika, en lui demandant d’user de son poste de président d’honneur pour remettre le parti sur les rails.


Ces députés, qui affirment être 118 signataires, se disent «très inquiets» quant à «la multiplication de dérives» au sein de cet ex-parti unique censé être «la locomotive» de la vie politique nationale. Ils expliquent que leur déclaration n’a pas été le fruit du hasard mais plutôt un acte «mûrement réfléchi» qui vise à faire connaître au chef de l’Etat la triste réalité dans laquelle se trouve le FLN.


«En notre qualité de militants plébiscités par le parti et d’élus choisis par le peuple que nous avons l’honneur de représenter au sein d’une institution constitutionnelle, il est de notre devoir de veiller à la pérennité du parti et de défendre son existence en nous dressant comme un rempart contre les dérives et dérapages d’une direction autoritaire qui n’obéit ni aux statuts ni au règlement intérieur du parti», précisent-ils, relevant parmi ces «dérapages» le nouveau découpage des structures locales qualifié d’«opération d’émiettement» de la base militante.


Autres griefs retenus contre la direction actuelle, représentée par Amar Saadani : l’atteinte à la légitimité des instances élues, la confiscation de la volonté de la base militante et la désignation par le haut des instances de transition en faisant fi des principes de la pratique politique et des valeurs du parti. Usant d’un ton fort, les auteurs de la déclaration mettent en avant la gestion autoritaire et opaque par laquelle se distingue la direction actuelle du parti.


Ils accusent Amar Saadani de semer le flou sur la tenue du 10e congrès pour le préparer «dans l’opacité». Ces députés, qui veulent ainsi en découdre avec le secrétaire général du FLN, relèvent en plus de l’autoritarisme, les décisions intempestives et irréfléchies qui proviennent de la direction nationale. Des décisions qu’ils qualifient de contraire à la pratique démocratique et aux valeurs du FLN. Dans la même déclaration, ces députés protestataires relèvent la «faiblesse» du discours politique produit par la direction actuelle qui «ne correspond pas aux valeurs et principes défendus par le FLN, dont la référence historique reste la Déclaration du 1er Novembre 1954».


Se référant aux articles 34 des statuts et 54 du règlement intérieur du parti, les députés demandent clairement au chef de l’Etat «de mettre un terme à ces dépassements d’une direction qui altère le climat politique au sein du parti et qui adopte une démarche contraire à la pratique politique saine». Ils estiment que la direction est allée sur le terrain des «considérations individualistes» et des «calculs étroits» qui ne travaillent ni les intérêts du parti ni ceux du pays.


Ils appellent par la même les membres du comité central à dépasser leurs divergences et à placer l’intérêt du FLN au-dessus de toute autre considération en agissant dans le sens de l’organisation rapide d’une session extraordinaire pour régler définitivement la crise et passer à l’organisation effective du 10e congrès dans un «climat apaisé».


«Si cette situation persiste, nous allons déclarer notre rejet de toute autorité politique qui ne respecte aucunement la volonté de ses militants», menacent-ils, eux qui, si leur nombre est exact, représentent la moitié des députés FLN (216 au total). Ces députés ont déjà affiché leur volonté de créer un groupe parlementaire parallèle si le parti ne se dote pas d’une direction légitime. Cet appel au chef de l’Etat intervient quelques jours seulement après le retour annoncé de Abdelaziz Belkhadem sur la scène politique et la salve de Saadani contre lui.
 




Medjdoub Chani se dit victime de «luttes de clans»

«Tout le monde sait que c’est une affaire politique. Khelladi lui-même a dit que Amar Ghoul lui a affirmé qu’il n’avait rien à craindre s’il revenait sur ses déclarations, parce que le Président était avec lui et qu’il allait le protéger. Les gens qui poussent à l’affrontement entre les institutions de l’Etat sont les véritables responsables», a déclaré Medjdoub Chani, principal accusé.


Principal accusé dans l’affaire autoroute Est-Ouest, Medjdoub Chani a été entendu hier par le tribunal criminel près la cour d’Alger. Il était le deuxième accusé sur une liste de 16 à être entendu, en plus des sept représentants des sociétés étrangères, poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation allant de l’«association de malfaiteurs» au «blanchiment d’argent» en passant par la «corruption» et le «trafic d’influence».


Il commence par entraîner le juge dans l’affaire du Fonds algéro-koweitien d’investissement (FAKI), pour laquelle il a été jugé et condamné en disant qu’il avait été victime d’une escroquerie de la part de Anouar Al Mili, fils de l’ancien ministre, actuellement en fuite. Le magistrat tente de le faire revenir au dossier : «Vous avez cité Benachenhou, l’ancien ministre des Finances, qui vous aurait parlé d’un Conseil des ministres retreint auquel devait assister Falcon…» Mais l’accusé récuse cette déclaration en criant à qui veut l’entendre qu’il est financier.


Le président lui demande de se calmer et Chani répond : «Il est difficile d’accepter d’être transformé en chiffon dans votre propre pays, alors que vous êtes respecté dans le monde.» Le magistrat le fait revenir au sujet de Benachenhou et Chani réplique : «Je ne suis pas tombé du ciel. Je suis connu dans le monde de la finance depuis les années 1990. Toutes les autorités politiques et sécuritaires me connaissent. Le colonel Khaled est le dernier que j’ai eu à connaître. Je voulais apporter à mon pays des IDE (investissements directs étrangers) grâce à mes réseaux à travers le monde de la finance.»


Chani revient sur la création de Housing Bank puis sur l’affaire du FAKI et comment Anouar Al Mili et Kadri Luminaires se sont retrouvés dans ce dossier, avant qu’il ne rembourse les montants subtilisés par Al Mili, contre lequel il dit avoir déposé une plainte. Le juge le ramène de nouveau au sujet, en lui précisant qu’il n’est pas devant le tribunal pour l’affaire FAKI. Il déclare : «Lorsque maître Aziz Brahimi est venu me dire que le bâtonnier l’a commis d’office pour me défendre, je n’y ai pas cru et j’ai même refusé parce que le bâtonnier s’est attaqué à mon collectif de défense.» Me Brahimi réagit : «Notre rencontre à la prison relève du secret de la profession et je ne vous ai jamais dit que c’était le bâtonnier qui m’avait commis.» L’incident est clos, après le rappel à l’ordre du président, demandant à l’accusé de revenir à l’affaire.


«j’en veux aux agents du drs»


Chani insiste encore sur son parcours de financier, sa clientèle européenne et ses ambitions de développer l’investissement en Algérie. Le magistrat le ramène au dossier de l’autoroute Est-Ouest. «J’ai eu un contrat avec la société chinoise Citic International pour ses activités en Afrique…», dit-il avant d’être interrompu par le juge : «Revenez à l’autoroute !» L’accusé : «J’y arrive. La Citic m’a envoyé au Gabon, à la tête d’une délégation chinoise, pour développer des marchés de réalisation de stades, d’universités, etc.


J’ai été reçu par le président gabonais.» Le magistrat intervient : «Parlez-nous de l’autoroute !» L’accusé : «On m’a appelé de Pékin pour me demander si je pouvais régler les problèmes de garantie bancaire d’une banque européenne que l’Algérie exigeait pour la réalisation de l’autoroute….» Le juge : «Parlez-nous de ce Conseil ministériel restreint.» Chani : «Je conteste ces procès-verbaux et je l’ai dit au juge. Ils m’ont été dictés par le DRS.» Et d’éclater : «Je suis rentré le 16 septembre, la veille de l’Aïd, pour voir ma mère, et j’ai été arrêté à l’aéroport par les agents du DRS. J’ai disparu de la circulation jusqu’au 6 octobre.


Ma mère a assisté à la disparition de son fils, comme elle a assisté à celle de son mari durant la guerre de Libération. J’en ai souffert. J’en veux aux agents du DRS dont les visages ne me quittent jamais, mais pas à l’institution que je respecte beaucoup, notamment pour son combat contre le terrorisme. Il y a pire que le terrorisme, c’est l’humiliation. Je n’avais plus la notion du temps. Mes quatre téléphones confisqués n’arrêtaient pas de sonner. Je les suppliais d’informer ma femme et ma mère, mais ils refusaient.


J’ai su la date du 21 grâce au bip du téléphone qui m’indiquait l’anniversaire de mon fils. Je n’oublierais jamais le visage de mes tortionnaires. L’un d’eux m’a dit : déshabille-toi. J’ai refusé. Il m’a frappé, je suis tombé par terre. Je me suis exécuté. Il m’a demandé de tout enlever et de m’agenouiller. A cet instant, si j’avais pu me pendre, je l’aurais fait. Durant tout l’interrogatoire j’étais à genoux, face au mur. Ils me parlaient de mon neveu, je leur ai dit qu’il tenait ma comptabilité.


Deux ou trois jours après, ils m’ont emmené à mon entreprise, où ils ont saisi les ordinateurs. Mon neveu Larbi a été arrêté. Habituellement, ma cellule était fermée, mais le lendemain, ils l’ont laissé ouverte. J’ai traversé le couloir et, à droite, j’ai vu, dans le coin d’une cellule, un homme nu, recroquevillé, en train de pleurer. Je suis revenu dans ma cellule. Après, ils sont venus. J’entendais des cris. J’ai reconnu la voix de mon neveu. Ils lui parlaient du colonel Khaled, de l’argent, etc. Je ne sais pas combien de temps je suis resté à genoux, en face du mur. Puis ils sont venus vers moi. Ils m’ont dit de tout dire sinon mon neveu allait y passer.


C’est alors que j’ai commencé à construire l’histoire. Devant la porte du juge, ils m’ont dit ‘si vous changez d’avis, n’oubliez pas que nous avons votre neveu et les ordinateurs’. Cette affaire repose sur un grand mensonge. Toutes ces accusations ont été montées pour me détruire et détruire ma famille. Je vous défie, Monsieur le juge, de trouver cette Chinoise présentée comme ma maîtresse. Elle n’existe pas.»
Un silence de marbre pèse sur la salle d’audience.


Le juge : «Il y a un chauffeur qui confirme…» L’accusé : «Où est ce chauffeur ? Il n’est pas là !» Il ajoute : «Cette affaire est un mensonge d’Etat couvert par le juge d’instruction. Tout le monde sait que c’est une affaire politique. Khelladi lui-même a dit que Amar Ghoul lui a affirmé qu’il n’avait rien à craindre s’il revenait sur ses déclarations, parce que le Président était avec lui et qu’il allait le protéger. Les gens qui poussent à l’affrontement entre les institutions de l’Etat sont les véritables responsables. Moi, je n’ai aucun lien avec l’affaire.»
Le juge l’interroge sur le miniconseil auquel Falcon a été convié et sur Sacha.


L’accusé persiste : «On m’a dicté ce que vous dites.» Le juge : «Ils ont inventé l’histoire ?» L’accusé : «Les gens qui ont fait le dossier la connaissent. L’histoire est connue par toute l’Algérie depuis 2005. Ce n’est pas moi qui l’ai racontée. Eux n’ont pas eu le courage de le faire publiquement, ils m’ont choisi pour la révéler à leur place.»


Chani continue à nier, y compris les déclarations de Tadj Eddine Addou sur Falcon et Sacha Nasreddine. Le juge l’interroge sur le contrat avec les Chinois et il explique qu’il comportait deux volets : le règlement de la caution bancaire et des problèmes bureaucratiques. Le président du tribunal insiste sur les déclarations faisant état de tricherie par les Chinois sur les matériaux utilisés. «Ce n’est pas moi le responsable de l’exécution de ce marché. Convoquez les dirigeants du secteur», répond-il, en confirmant avoir rencontré pour la première fois Mohamed Bouchama dans le bureau Hamid Melzi, un ami.


Medjdoub Chani évoque sa société de conseil ADC, mais aussi PN, engagées avec Citic. Il reconnaît avoir perçu 1,5 million de dollars dans le cadre du contrat avec les Chinois, mais tente de convaincre le juge que les autres montants qu’il a reçus par la suite concernent le contrat relatif à ses prestations au Gabon. Acculé par le magistrat, Chani finit par lâcher : «Je suis fatigué.» Le juge lève l’audience pour une durée de 15 minutes. Il revient, et Chani lui dit : «Je suis usé. Je ne peux pas continuer.»  Le juge lève l’audience qui reprendra aujourd’hui avec le même accusé.




Colonel Ouezzane Mohamed : «je ne comprends rien à l’affaire»

Les auditions commencent par le colonel du DRS, Ouezzane Mohamed, plus connu sous le nom de colonel Khaled. Durant une longue décennie, il a exercé en tant que conseiller auprès de l’ex-ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, avant d’être poursuivi pour «trafic d’influence», «abus de fonction» et «corruption».


D’emblée, Ouezzane déclare «ne rien comprendre à l’affaire» et se dit «étonné» de se trouver à la barre. «Parmi les accusés qui sont au box, je ne connais que deux personnes : Mohamed Bouchama l’ex-secrétaire général du ministère des Travaux publics, une relation de près de 40 ans puisque nous sommes tous deux d’anciens élèves de l’Ecole nationale d’administration, et Medjdoub Chani que j’ai rencontré ces dernières années. Ma relation avec ce dernier est plus qu’amicale, c’est un membre de la famille. D’ailleurs, il porte le même nom que ma grand-mère», dit-il.


Le juge : «Dites-nous comment vous avez connu Chani.» L’accusé : «Deux amis m’ont parlé de lui. Il était à l’étranger et a fait l’objet d’un mandat d’arrêt dans le cadre de l’affaire du FAKI (Fonds algéro-kowetien d’investissement, ndlr). Je leur ai dit qu’il devait rentrer pour vider son mandat d’arrêt et poursuivre la procédure.» Il est interrompu par le magistrat qui lui demande de revenir sur sa première rencontre avec Chani. Il explique : «Deux amis m’ont sollicité à son sujet…» Le juge : «Ils voulaient que vous interveniez ?» Ouezzane Mohamed : «Pas du tout. Ils me l’ont présenté comme victime et voulaient avoir un conseiller pour l’aider. D’ailleurs, je ne savais même pas qu’il était rentré au pays et qu’il avait vidé son mandat d’arrêt, puis a été condamné par le tribunal avant d’être rejugé après un pourvoi.


Après il est devenu mon ami et même plus qu’un ami. Il venait chez moi à chaque fois qu’il venait en Algérie.» Le président interroge Ouezzane sur les postes qu’il a eu à occuper à l’étranger, et ce dernier cite Strasbourg et Lyon en niant avoir connu Chani en dehors du pays. Le juge : «Il vous a dit qu’une avocate l’avait aidé…» L’accusé précise qu’il s’agissait de rumeurs qui circulaient à l’époque, précisant toutefois que «l’affaire était trop grave et je ne pense pas que ce soit le cas, puisqu’il a été condamné».


Le président veut connaître l’identité des deux amis qui lui ont parlé de Chani. Ouezzane affirme qu’ils ne lui ont pas donné de détails, du fait que Chani était une victime. Le magistrat insiste sur les détails de cette affaire et Ouezzane éclate : «Je me rappelle pas. Je suis le produit de l’école algérienne, militaire, mon principal souci est l’intérêt de mon pays et le Trésor public, le reste n’est qu’une affaire privée qui concerne Chani.» Le magistrat revient à la charge et l’interroge sur l’identité des deux amis qui l’ont sollicité à propos de Chani.


Après un silence qui dénote sa gêne, il finit par lâcher : «Nacer Mehal (ancien directeur de l’APS) et Mohamed Chami (ancien président de la Chambre de commerce). Je ne veux pas faire de mal à ces gens…» Le juge réplique : «Vous êtes libre de répondre ou de ne pas répondre. Dans cette enceinte, je suis la justice, personne ne vous touchera. Alors n’ayez pas peur.» Ouezzane se ressaisit : «Je ne veux pas mesurer les mots que je prononce. Je suis là pour dire la vérité.» Des propos qui suscitent la réaction du juge : «Justement, ce sont vos déclarations qui vont me permettre de démêler les fils de l’affaire.»


Magistrat peu convaincu


Mal à l’aise, l’accusé répond : «Il était sous le coup d’un mandat d’arrêt, ils sont venu me voir pour l’aider. Ils m’ont appris par la suite qu’il avait réglé son problème. J’ai entendu, après, cette rumeur sur l’intervention d’une avocate et d’une juge. Pour moi c’était un non-événement puisqu’il a été condamné, il a cassé le jugement et a été rejugé.» Sur sa relation avec Mohamed Bouchama, Ouezzane affirme qu’elle remonte aux années 1977 ou 1978, époque où les deux cadres étaient sur les bancs de l’ENA. «Son épouse, qui est magistrate, est devenue après une collègue. C’est donc une vieille connaissance.


Lorsque Chani m’a dit qu’il était allé le voir au ministère des Travaux publics, je lui ai dit que c’était un ami. La première fois que les deux hommes se sont rencontrés, c’était dans le bureau de Hamid Melzi (directeur de la résidence d’Etat Sahel) à Club des Pins et grâce à ce dernier. Ce n’est pas moi qui l’ai mis en contact avec Bouchama. J’aurais pu le faire, mais je suis arrivé en deuxième position. Bouchama est un homme intègre, il ne me viendrait jamais à l’esprit qu’il puisse le rencontrer pour autre chose. J’ai passé dix ans à mon poste au ministère, je ne peux pas tomber dans cette erreur.


Pour moi, Chani est allé voir Bouchama avec des documents pour des problèmes liés à la réalisation de l’autoroute», dit-il. Le magistrat : «Votre rôle se limite au secteur de la justice, pourquoi avoir accompagné Chani au ministère des Travaux publics pour voir Bouchama ? Etait-ce votre rôle ?» L’accusé : «J’ai accompagné un ami voir un autre ami. Pour moi, cela relevait du bon sens.» Le juge : «Il vous a utilisé pour lui rendre service…» L’accusé rappelle la relation qui le lie à Chani et précise l’avoir emmené chez Bouchama à deux reprises, après lui avoir déclaré qu’il représentait les Chinois en Algérie.


Le magistrat ne semble pas convaincu de la réponse : «L’accompagner chez Bouchama ne vous paraît-il pas anormal ?» L’accusé se défend : «Dans ma conception des choses, Chani n’est pas dans mon secteur. Il est allé chez un ami, qui de surcroît n’entre jamais dans ces histoires. Il est propre, il a occupé un poste de directeur à la Présidence, conseiller au Conseil de l’Etat, avant d’être secrétaire général. Pour moi, Chani est allé le voir pour débloquer un projet d’importance nationale et ne volait pas le Trésor public, ce qui n’était pas en contradiction avec les prérogatives.»


Chani, Ouezzane le présente comme un investisseur, expert en finances, dont les activités sont méconnues en Algérie. «Il a trouvé quelqu’un qui l’aide à régler ses problèmes, pour moi cela relève du bon sens. Ce n’est pas pour l’argent, parce que je connais bien Bouchama, il n’est pas du genre.» Le juge le ramène aux propos de Chani durant l’enquête préliminaire et devant le juge. «Je retiens qu’il a passé 20 jours en détention et qu’il a nié ses déclarations, à la fin, devant le juge», dit-il.


Le magistrat : «Pensez-vous que la police judiciaire ait inventé ces déclarations selon lesquelles Chani vous utilisait ? Combien d’années avez-vous exercé au sein de ce service (DRS) ?» L’accusé, visiblement gêné, répond : «30 ans. Monsieur le juge… (long silence) sa déclaration a changé.


Il n’a pas dit cela.» Le juge : «Il y a aussi les documents retrouvés chez le neveu de Chani, qui font état des montants qu’il vous a remis…» L’accusé : «Oui, mais Chani est revenu sur ses propos…» Le juge lui demande encore une fois si le DRS a inventé les documents et les faits. L’accusé : «Il a donné une version compte tenu des conditions de son audition. Je retiens sa dernière déclaration où il était plus serein.»


«je n’ai aucune influence»


Le juge revient sur les documents, en disant qu’ils font ressortir des montants de 500 000 DA en 2007, puis de 8 millions de dinars et de 20 millions de dinars 2008, puis 1,4 million en 2009. Ouezzane : «Je suis un retraité de l’armée, qui n’a jamais eu de problème. Je suis issu d’un quartier populaire d’Oran. En 2003, j’ai décidé de vendre ma petite maison située face à un cabaret, dont le patron, El Maazouzi, a toute mon estime. Chani m’a proposé la somme de 5,20 millions de dinars. C’était en 2006. J’avais une réservation d’un appartement à Staouéli, auprès de l’EPLF de Boumerdès, J’ai fait un crédit CNEP.


Après, vu les lenteurs de la construction, je me suis inscrit dans une coopérative privée à Birkhadem, mais je n’avais pas la totalité et Chani, qui avait donné la maison d’Oran à cheb Khaled en compensation d’une dette, m’a proposé d’acheter l’appartement de Staouéli, afin que je puisse finaliser mon dossier de Birkhadem.» Les propos de l’accusé s’emmêlent. Il lance : «Vous vous imaginez le colonel Khaled a besoin de prendre 500 000 DA !» Le magistrat lui rappelle les montants qu’il aurait encaissés et l’accusé réplique : «Chani est revenu sur ses accusations.»


Le juge revient à la charge : «Ce sont vos collègues. Ils vous connaissent, ils auraient pu vous épargner. Pourquoi auraient-ils inventé cette affaire ? Avez-vous des problèmes avec eux ?» L’accusé : «Chani affirme qu’il a subi des pressions. Je n’ai jamais eu de problème avec mes collègues. Comment pourrais-je influencer des cadres ? Un colonel n’est rien, ce ne sont plus les colonels d’avant. Je n’ai aucune influence.»


Le procureur général lui demande si en accompagnant Chani chez Bouchama, il n’a pas rompu l’obligation de réserve. «Chani est un citoyen algérien qui voulait investir en Algérie, il a eu un problème avec la justice qu’il a réglé, le reste relève de sa vie privée. Je suis un officier du Renseignement, si je ne parle avec personne comment puis-je collecter l’information ? Mon travail, c’est d’être avec tout le monde…» Maître Amine Sidhoum tente de revenir sur les «conditions difficiles» dans lesquelles Chani a fait ses aveux.


L’officier reste très évasif. Il refuse d’aller plus loin, mais après insistance de l’avocat, Ouezzane déclare : «Je m’inscris dans un registre académique. J’ai dit que les dépositions ne sont pas les mêmes devant la police judiciaire et le juge. Je ne suis pas un défenseur, mais je dis que l’atmosphère n’était pas la même.»




Hanoune-Labidi : La guerre ouverte

Mme Hanoune ne se limite pas à ces faits. Preuves à l’appui, elle révèle que Mme Labidi est impliquée dans un «conflit d’intérêt» pour avoir permis le «financement public» d’un film produit par sa propre agence de communication.  C’est en faisant le bilan de la première année du 4e mandat de Bouteflika que Louisa Hanoune a estimé que les affaires de corruption n’avaient pas diminué dans notre pays mais que le phénomène prenait, au contraire, de l’ampleur.


Elle a illustré ses propos en citant l’exemple du secteur de la culture où les pratiques douteuses en matière de passation de marchés sont monnaie courante. Hier encore, Mme Hanoune a saisi la tribune de l’APN pour répondre à la ministre, qui l’a menacé de recourir à la justice si elle ne revenait pas sur ses propos suivis d’excuses. Mais Mme Hanoune n’abdique pas ; irritée, elle charge la ministre et qualifie son comportement d’«acte grave». Une attitude qui n’a jamais eu cours dans les annales de l’Algérie.


De quoi s’agit-il ? Selon Mme Hanoune, la ministre a ordonné à un groupe de personnes de se rendre chez elle pour lui remettre une lettre de menaces, lui demandant de retirer ses propos, au risque d’être passible de poursuites judiciaires. La lettre de menaces portait le cachet et le sceau de la République algérienne démocratique et populaire. «Par cet acte, Mme Abidi engage tout le gouvernement.


Ce sont là des agissements de banditisme. A travers ce procédé, nous avons une idée des méthodes de l’oligarchie. Le gouvernement est interpellé», a lancé hier M. Djoudi (chef du groupe parlementaire du PT) à la ministre, lors d’une plénière consacrée au débat autour du projet de loi sur le marché du livre.


Les méthodes de l’oligarchie


Pour Mme Hanoune, il est inadmissible qu’un ministre de la République s’adresse à un responsable politique pour lui interdire de parler et de dénoncer des actes de corruption. La patronne du PT refuse de se taire, elle réclame une commission d’enquête et demande à la justice de s’autosaisir. «Dans le cas contraire, nous sommes déterminés à aller, s’il le faut, devant la justice et présenter à l’opinion publique des preuves.»


Mme Hanoune ne reculera pas, elle persiste et signe : le secteur de la culture est celui où les marchés sont octroyés à la famille et aux amis. Et d’estimer que la fonction de ministre de la Culture et celle de propriétaire d’une agence de production ne sont pas compatibles. «Mme Labidi possède une société de production qui s’appelle Procom International, celle-là même qui produit l’émission ‘ ‘Sahla mahla’’ diffusée chaque vendredi par l’ENTV. Il s’agit là d’un conflit d’intérêts», condamne Djoudi.


Et d’affirmer que le film Le Patio a été produit par Procom International. Ce film a été rejeté, dans un premier temps, par la commission de lecture de la manifestation «Constantine, capitale la culture arabe 2015», mais «après intervention d’un responsable du ministère, il a été repêché et a bénéficié d’un financement de douze milliards de centimes», note le député. Le PT accuse également Mme Labidi d’avoir donné gratuitement, pendant trois jours, le TNA à l’ambassade des Etats-Unis pour l’introduction de la troupe El Gusto en contrepartie d’une bourse aux USA pour son fils.