mardi 1 novembre 2016

La démarche du gouvernement pointée du doigt

Alors que l’Algérie célèbre le 62e anniversaire du début de la Révolution, les crânes de 36 résistants algériens continuent de dormir dans de petites boîtes en carton dans les sous-sols humides du musée de l’Homme à Paris, et ce, depuis la fin du XIXe siècle. Pour Brahim Senoussi, initiateur de la pétition qui a recueilli près de 30 000 signatures, il est clair que le gouvernement algérien «n’est pas pressé» de les récupérer. Le gouvernement algérien ne semble pas presser de rapatrier les crânes des 36 résistants algériens tués à la fin du XIXe siècle par l’armée coloniale, en vue de les enterrer dignement dans leur pays, selon M. Senoussi, auteur d’une pétition lancée le 18 mai dernier visant à récupérer ces ossements. «Il ne se passe rien pour le moment. On ne peut pas dire qu’il y ait une volonté farouche de la part du gouvernement algérien pour récupérer ces crânes», a-t-il déclaré au téléphone à El Watan. Pour espérer que ces crânes retraversent la Méditerranée, l’Etat algérien doit d’abord formuler une requête officielle pour demander leur restitution. Le gouvernement français doit ensuite solliciter le Parlement pour qu’il déclassifie ces crânes qui font partie d’une collection, donc inaliénables. Seule une loi du Parlement français peut enlever cette aliénation et permettre la restitution des crânes. Mais encore faudrait-il que l’Etat algérien en fasse vraiment la demande. N’en déplaise au ministre des Moudjahidine, M. Zitouni, qui a déclaré récemment qu’il avait chargé l’ambassadeur d’Algérie en France de suivre l’affaire. Pourtant, à bien y voir, cette nonchalance de la part du gouvernement algérien et ce dédain vis-à-vis des héros de la Révolution algérienne ont peut-être une explication. Selon M. Senoussi, «le gouvernement algérien aimerait bien que cette page d’histoire ne soit pas ouverte. Ce sont des héros qui ont donné leur vie et qui ont lutté, dès la première heure, contre la colonisation». Et d’ajouter : «Si les crânes reviennent, les jeunes Algériens découvriraient qu’il y avait avant une grande résistance aux colonisateurs. Ils demanderaient à en savoir plus et découvriraient à la même occasion que ce gouvernement et ceux qui l’ont précédé n’ont pas de pages héroïques.» La France n’est pas non plus disposée à rouvrir une nouvelle page d’histoire de la Guerre d’Algérie au moment même où elle cherche à donner des couleurs à la colonisation et à la positiver. «La France veut redorer son blason. Elle a aussi intérêt à ce que cette page d’histoire reste méconnue des jeunes Français», juge M. Senoussi, qui pense que finalement les deux Etats «ont un intérêt commun à ce que la situation n’évolue pas». Il va plus loin en expliquant que dans cette histoire, c’est le gouvernement algérien qui semble ne pas vouloir vraiment demander la restitution de crânes. «La France tient le gouvernement algérien. Ce dernier ne veut pas fâcher son protecteur. Les nôtres (ministres, hauts fonctionnaires, dignitaires du régime…) ont des appartements à Paris, des papiers français, des intérêts personnels en France. Il ne faut donc pas fâcher le protecteur.» Pourtant, une majorité de Français est favorable à la restitution des crânes de résistants algériens, selon un sondage IFOP réalisé pour TSA. Selon les résultats, 88% des Français se disent favorables à la restitution des restes mortuaires. Pas le gouvernement algérien, apparemment.  

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