Comment pouvait-on être Algérien et avocat sous la colonisation française ? Christian Phéline a travaillé sur des archives algériennes pour nous donner la réponse à cette question dans un livre à paraître à Paris aux éditions Riveneuve et chez Casbah à Alger. Christian Phéline note que «dans une corporation européenne ayant opiniâtrement défendu l’éminence de son rôle dans la société coloniale, l’affirmation d’une minorité indigène a dû surmonter bien des obstacles, d’abord juridiques, ensuite d’ordre social ; la diversité des trajectoires sociopolitiques empruntés par les membres de celle-ci n’aura pas évité que la solidarité professionnelle du corps vole en éclats sous les affrontements conduisant à l’indépendance». L’auteur retient que trois avocats indigènes seulement ont effectivement exercé à Alger avant 1914, le premier étant Ahmed Bouderbala, admis en stage en 1891. Les choses ne vont pas vraiment aller en s’améliorant puisqu’à «la rentrée 1956, on en décompte 29, dont 11 stagiaires» et «l’annuaire de 1962 n’en recense plus que 17, dont deux stagiaires». Deux d’entre eux, Mohand Aberkane et Zizine, précise Christian Phéline, seront assassinés par l’OAS. Enfin, une première femme figure parmi les praticiens de patronyme musulman, Kara Mimi, admise en 1936. De mère européenne, elle s’installera à Paris en 1945. Il faudra attendre 1964 pour que soient reçues les premières avocates algériennes, Fatiha Sahraoui et Meriem Belmihoub. L’auteur évoque enfin l’évolution du monde des avocats algériens qui seront partie prenante au tournant des années 1930 de l’appréhension de la question nationale.
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