Hier, toutes les filiales du groupe étaient paralysées par un mouvement de grève enclenché par les employés afin de réclamer le versement du salaire du mois d’octobre, la relance de la production et le maintien de la retraite anticipée. Décidément, rien ne va plus à la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) de Rouiba, à 20 km à l’est d’Alger. Ce fleuron de l’industrie mécanique algérienne, qui emploie 7000 travailleurs environ, sombre dans l’inconnu. Hier, toutes les filiales du groupe étaient paralysées par un mouvement de grève enclenché par les employés afin de réclamer le versement du salaire du mois d’octobre, la relance de la production et le maintien de la retraite anticipée. Les protestataires soulignent que tout est bloqué au sein du complexe. A commencer par la production qui stagne depuis plus d’un an malgré les plans d’investissement décidés par les pouvoirs publics. Très inquiets pour leur avenir et le devenir de l’entreprise, les travailleurs ont quitté les ateliers dès le début de la matinée pour se regrouper devant la division véhicule industriel (VIR). «D’habitude on perçoit nos salaires le 23 du mois, mais cette fois, il paraît que les caisses sont vides. Et on n’a toujours pas reçu la paie du mois d’octobre», dénonce Mourad, un ouvrier de la filiale carrosserie. Selon lui, ce problème était prévisible, arguant que l’usine tourne au ralenti depuis plusieurs mois. «Nous n’avons réalisé que 25% de l’objectif tracé pour l’année en cours. On devait fabriquer 2036 véhicules entre camions et mini-bus. Or, à ce jour, on n’en a réalisé que 560. Pourtant ce n’est plus l’argent qui manque. L’Etat nous a débloqué 17,2 milliards de dinars en janvier dernier dans le cadre du plan d’urgence», a-t-il indiqué, accusant le gouvernement de favoriser les autres partenaires du groupe, à l’instar de l’émirati Aabar et l’allemand Daimler/Mercedes-Benz. La SNVI regroupe, pour rappel, cinq partenaires, dont trois ont été créés en juillet 2012, avec un capital de 103 millions d’euros détenu à 51% par la partie algérienne à travers la SNVI (34%) et le MDN (17%), et à 49% par l’émirati Aabar, tandis que l’allemand Daimler/Mercedes-Benz en est le partenaire technologique. «Les dirigeants du groupe doivent partir» Les grévistes ont tenté de sortir dans la rue à maintes reprises, mais ils en ont été empêchés par leurs représentants syndicaux. «Tout est voulu. Nous demandons le départ des dirigeants du groupe. Ils ont failli à leur mission et ont toujours fui leurs responsabilités. Aujourd’hui, personne n’est venu parler avec nous. Nous sommes allés voir le PDG, on nous a dit qu’il était au ministère. C’est grave ! Pourquoi ne vient-il pas écouter les travailleurs», s’écrie Slimane Belkheir, un syndicaliste du VIR, la maison mère de la SNVI. Selon lui, les travailleurs ont décidé de reprendre la grève demain même s’ils sont payés. «La situation du groupe est très critique. Tout est fait exprès pour le privatiser. On veut coûte que coûte réduire ses effectifs. Car il est devenu un vrai casse-tête pour le gouvernement», a-t-il expliqué. Un autre syndicaliste affirme que près de 500 travailleurs sont partis en retraite depuis l’annonce de la révision de l’ordonnance 97-13 du 31 mai 1997. «Aucun employé de la SNVI ne peut travailler jusqu’à 60 ans car il assure des tâches très pénibles. Si l’espérance de vie est de 77 ans chez les hommes en Algérie, chez nous, rares sont ceux qui vivent jusqu’à 70 ans», regrette-t-il. Nos interlocuteurs expliquent le ralentissement de la production par «le laxisme et l’incompétence des dirigeants». «L’Etat a débloqué en février 2014 plus de 91 milliards pour moderniser le groupe. Cependant, hormis la réhabilitation des ateliers, rien n’a été fait pour satisfaire les commandes de nos clients», déplore M. Belkheir. Celui-ci précise que tous les avis d’appel d’offres lancés ces derniers mois pour rénover les équipements et redémarrer l’activité ont été infructueux. «Aucun soumissionnaire ne peut répondre aux cahiers des charges établis par nos responsables. Parfois on lance des avis d’appel d’offres pour l’achat de machines qui sont dépassées et non disponibles sur le marché», a-t-il indiqué, précisant que les employés sont déterminés à aller jusqu’au bout pour préserver leur outil de travail.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire