dimanche 27 novembre 2016

«Les zaouïas doivent rejaillir de leur profondeur historique»

Les zaouïas ne jouent plus le rôle et la mission attendus d’elles dans la société. C’est ce qu’a laissé entendre le ministre des Affaires religieuses, hier à Boumerdès, en marge du 3e colloque national sur «La dimension spirituelle dans le patrimoine national amazigh». «Les zaouïas sont tellement harcelées actuellement qu’elles sont en retrait concernant l’éthique et la déontologie dans la société. Nous les avons invitées à rejaillir de leur profondeur historique et de leur spiritualité hautement profonde pour se redéployer dans la société», a-t-il déclaré. Selon lui, les zaouïas doivent apporter leur contribution «pour qu’il y ait plus de déontologie et d’équité dans nos relations humaines». Le ministre dit avoir appelé ces zaouïas à la vigilance, précisant qu’il y a eu des tentatives de certaines parties «de les capter afin de promouvoir des idées étrangères à notre identité». «C’est cela le vrai problème. Ces zaouïas ont une appartenance en dehors de nos frontières alors qu’elles sont nées chez nous. Et elles ont un héritage commun dans lequel nous trouvons la conjugaison de l’amazighité et de l’arabité», a-t-il rappelé. Interrogé sur leur implication dans la politique, le ministre rappelle que les zaouïas sont autonomes dans leurs décisions, soulignant que «les lois de la République les autorisent à exercer leur rayonnement spirituel et scientifique afin qu’elles soient le vrai catalyseur de l’Algérie profonde». Selon lui, les zaouïas peuvent être visitées par des gens qui ont commis des fautes, des repentis, des hommes d’affaires, des chercheurs… «Il revient à elles de décider à qui elles doivent ouvrir leurs portes ou les fermer. Il n’y a eu ni implication, ni obligation, ni orientation ou recommandation de quiconque de recevoir de l’un ou l’autre», a-t-il assuré. Le ministre a annoncé que son département va bientôt créer une fondation qui se chargera de la préservation des anciens manuscrits religieux relevant du patrimoine national. «Des entreprises ont été créées pour protéger ces manuscrits très importants et nécessaires pour la culture universelle et leur exploitation à des fins scientifiques, mais on a remarqué un peu de réticence chez certaines familles qui en ont hérités. Pour cela, nous avons décidé de créer une fondation spéciale qui se chargera de les inventorier et les enregistrer sur des supports informatiques pour qu’ils soient exploités par les chercheurs», a-t-il expliqué, ajoutant que l’objectif de la démarche «est de ne pas laisser les manuscrits prisonniers des centres islamiques, des zaouïas ou autres Selon lui, la date de création de la fondation dépend de l’implication et de la collaboration des familles concernées. Le ministre n’a pas manqué d’appeler l’élite intellectuelle à s’impliquer pour la réussite de ce projet. «Il est temps de dire à nos enfants que nous avons une identité profonde et qu’ils n’ont pas le droit d’oublier notre patrimoine, notamment en cette époque où tout le monde peut se fabriquer une identité sur les réseaux sociaux», a-t-il soutenu. Il est à noter que plusieurs conférences ont été animées par d’éminents spécialistes sur les manuscrits religieux et scientifiques et le patrimoine oral en Kabylie. Le ministre a noté que l’objectif du colloque consiste à rechercher la dimension spirituelle qui  compose et fait la spécificité de l’identité algérienne.

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