mardi 28 février 2017

Grève générale à l’usine

Depuis mercredi 22 février, l’usine de fabrication des tracteurs agricoles,  Etrag, de Oued H’mimine, à Constantine, est paralysée par une grève générale qui risque de s’inscrire dans la durée. Le débrayage de deux jours, initié par les ouvriers des unités fonderie et tôlerie-chaudronnerie, s’est en effet élargi, dimanche, suite à la mobilisation de l’ensemble des effectifs, soit quelque 750 employés, toutes catégories confondues. Les grévistes campent devant le bâtiment administratif de cette entreprise issue de la restructuration de l’ex-Sonacome, connue par son fameux produit, le tracteur Cirta. Ils exigent le départ du directeur général, une réclamation qui vient s’ajouter aux nombreuses revendications de nature socioprofessionnelle. Les employés d’Etrag réagissent, selon eux, au climat délétère qui s’est installé dans l’usine depuis plusieurs mois, conséquemment à l’atrophie qui semble frapper l’entreprise. Des dizaines d’employés en CDD ont vu leurs contrats non renouvelés cette année, considérant qu’il s’agit d’un licenciement déguisé. D’autres mesures semblent avoir semé le doute parmi les effectifs sur l’avenir de leurs emplois, notamment des départs forcés en congé annuel pour l’exercice 2017. Ce qui vient s’ajouter au malaise provoqué par la santé chancelante de l’entreprise, qui a enregistré des bilans négatifs ces quatre dernières années. Par ailleurs, les grévistes tiennent la direction pour responsable du gel de l’exercice syndical, en tergiversant sur la désignation d’une date pour l’élection d’une nouvelle section syndicale. Hier, au sixième jour de grève, les travailleurs réunis en assemblée générale ont décidé de l’organisation, dans un délai de 20 jours, du vote de la section syndicale. Ils ont obtenu aussi de l’administration la suspension des départs prématurés en congé, et des mesures de chômage technique. En contrepartie, ils ont accepté de surseoir à la revendication de départ du directeur général en attendant de confier la plateforme de revendications au syndicat élu. Par ailleurs, ils ont voté à l’unanimité la dissolution du comité de participation (CP) longtemps décrié. Dans une déclaration rendue publique, le bureau local du Mouvement démocratique et social (MDS) a exprimé sa solidarité avec le mouvement tout en saluant «le courage de ceux qui luttent,  en les exhortant à renforcer davantage le front des forces du travail pour peser sur le cours des événements contre les forces de l’argent sale et de la spéculation». Le parti de gauche estime que «les mécanos et l’ensemble des catégories de travailleurs sont unis dans leurs revendications socioprofessionnelles et de liberté syndicale pour s’opposer au déclin de leur outil de production». Plus loin, les rédacteurs de la déclaration avertissent sur les conséquences de la situation de l’usine : «Cet ex-fleuron de l’industrie algérienne est menacé de disparition par la politique des différentes restructurations irréfléchies, inspirées par le néolibéralisme adossé à la rente et menées par les pouvoirs publics.»  

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