Longtemps considéré comme un événement subalterne, voire inexistant dans l’agenda officiel, le 27 Février 1962, date du soulèvement populaire organisé à la veille du dernier round des Accords d’Evian, à Ouargla, pour dire non à la séparation du Sahara du reste de l’Algérie, continue à poser problème autant aux autorités, qui n’ont toujours pas statué sur sa consécration en tant que «journée de l’unité nationale», une revendication de toujours, mais aussi au sein de la population qui désespère de voir ce vœu se réaliser un jour. Successivement saisis par la classe politique qui ne manque pas de titiller les sentiments de la population à chaque occasion électorale à ce propos, faisant même sienne cette revendication, mais aussi par le mouvement des chômeurs, qui a réfuté haut et fort les accusations de séparatisme du gouvernement, proclamant lors de la Milyounia du 14 mars 2013 : «Au contraire, les habitants du Sahara avaient donné leur réponse le 27 Février 1962 et voulaient revenir dans le giron national», le débat autour de cette date, qui fait la fierté de Ouargla, n’a jamais été aussi vif dans un contexte national préélectoral, où l’histoire revient en force avec l’affaire du Bachagha Bengana, roi des Ziban. Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine, qui avait annoncé il y a deux ans que le 27 Février allait être fêté au niveau national, est attendu demain à Ouargla pour le rituel de cette date, à savoir la cérémonie de dépôt de gerbes de fleurs au carré des martyrs, une exposition de photos et une conférence historique sur la thématique. L’année dernière, ce le ministre rappelait que «ces manifestations déclenchées par la population de Ouargla constituent une halte historique dans le cours de la Guerre de Libération nationale, ayant apporté la confirmation de l’attachement du peuple algérien à l’unité nationale et permis de mettre en échec les desseins de la France coloniale de séparer le Sahara du reste du pays». Une avancée en soi, sachant que cette date méconnue des Algériens l’est aussi au sein de la jeune génération locale, qui ne saura probablement pas demain qu’il y aura fête à la Maison de la culture. Pourtant, il semblerait qu’un regain d’intérêt au sein de la société civile relance le débat sur la question, le Café littéraire de Ouargla a fait sien ce rappel historique, samedi dernier, et Slimane Hakkoum, chercheur en histoire locale et membre du comité scientifique du Musée du moudjahid de Ouargla, estime que «le slogan de l’histoire aux poubelles n’est plus d’actualité, le rôle crucial de l’intifada de Ouargla n’est pas à prouver, c’est un fait historique indéniable qui a coûté 8 martyrs et des dizaines de blessés, des événements dûment rapportés par la presse étrangère de l’époque et qui nécessitent une nouvelle lecture». Pour l’anecdote, en 2004, le président Bouteflika avait refusé la dénomination de l’université de Ouargla au nom des manifestations du 27 Février 1962, ce qui était d’abord la simple bourde d’un bureaucrate qui avait oublié la signification de cette date devant la délégation présidentielle, a servi de prétexte au Président pour donner le nom de Kasdi Merbah à cette université alors que le dossier de proposition de la dénomination et la plaque commémorative était prêt.
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