Votre mouvement s’inscrit dans une démarche visant à obtenir un statut particulier pour la Kabylie. Pouvez-vous nous expliquer votre projet ? Notre projet s’inscrit dans une perspective d’appropriation de la Kabylie d’un pouvoir institutionnalisé en vue de sauvegarder son identité, développer sa langue et sa culture. Cela suppose une refondation de l’Etat algérien qui permettra d’accorder à la Kabylie, et à toutes les régions qui le souhaitent, une large autonomie politique, comme c’est le cas dans tous les pays qui ont opté pour un système régionalisé ou de type fédéral. L’Algérie est une société plurielle qui demande à revisiter, de manière sereine, sa diversité et adapter l’Etat à la nation multiculturelle. Quand on dit large autonomie politique, cela implique l’établissement d’un parlement et d’un gouvernement régionaux. Ils auront des compétences quasi similaires à celles d’un pays, en dehors bien sûr de ce qui relève des domaines de la souveraineté nationale, à savoir la défense, la diplomatie et la monnaie. Pour dédramatiser peut-être ce terme d’autonomie, il faut comprendre que ce n’est pas une invention kabyle, mais un système largement établi dans les pays qui n’ont pas été victimes du système jacobin français. Quels sont les points communs ou de divergence entre votre mouvement politique et le MAK de Ferhat Mhenni ? Le point de convergence avec le MAK est surtout la Kabylie, nous avons la même préoccupation pour la sauvegarde de notre identité face aux menaces réelles de disparition. Ce qui nous différencie, c’est l’Algérie. Pour nous, la Kabylie fait partie de l’Algérie et il faut tout faire pour qu’elle y reste. Nous avons des liens historiques, culturels, humains avec le pays de Larbi Ben M’hidi et de Kateb Yacine. Par contre, le MAK est dans une vision indépendantiste, ce qui peut conduire, de notre point de vue, à des risques dont on ne mesure pas les conséquences. Et avec le RCD et le FFS qui prônent respectivement les projets de la régionalisation modulable et le fédéralisme ? Le FFS et le RCD sont des partis qui se veulent nationaux, même si leur base électorale est essentiellement ancrée en Kabylie et dans l’Algérois. Leurs préoccupations sont nationales et celles-ci n’intègrent pas la demande de reconnaissance des droits collectifs des peuples et communautés constituant l’Algérie. Pour ces deux partis, la question de la nation ne se pose pas, alors que pour nous elle est primordiale. C’est en revisitant la nation dans une conception multiculturaliste qu’on pourra réellement faire avancer le débat sur la régionalisation, comme le suggère, et il faut le reconnaître, le RCD. Comment estimez-vous l’impact suscité par l’annonce de la création de votre mouvement, notamment en Kabylie ? Les réactions sont largement favorables, mais nous acceptons que des avis contraires s’expriment sur notre initiative. Nous avons construit un mouvement, le RPK, pour rassembler les forces vives de la Kabylie pour le meilleur et non pour rentrer en compétition avec les uns et les autres. Nous sommes des démocrates et nous croyons que le débat, l’acceptation de la liberté d’opinion sont les meilleurs voies pour faire avancer notre région, et par la même toute l’Algérie. Les assises constitutives de votre mouvement sont prévues pour l’été prochain, le RPK participera-t-il aux élections après l’obtention de son agrément ? D’abord, la question de l’agrément reste posée, puisque la Constitution algérienne ne reconnaît pas les partis et mouvements politiques sur la base régionale. C’est une bataille politique et juridique que nous aurons à engager avec détermination pour que avoir accès à l’exercice d’un droit politique. Pour les élections, la question sera posée à la direction du RPK, qui sera issue des assises que nous comptons organiser l’été prochain.
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