Dans une salle bondée de monde, l’audience du tribunal criminel d’Alger, que préside le juge Omar Belkherchi, s’ouvre à 9 heures 30. L’accusé n’est toujours pas au box. L’attente va durer 10 minutes avant qu’il n’arrive encadré par sept policiers. D’emblée ses avocats, Me Tayeb Belarif et Amine Sidhoum, avocats de l’auteur présumé de l’assassinat de Ali Tounsi, présentent une liste de douze témoins à convoquer composée des experts ayant établi les rapports de de balistique, de biologie et de psychiatrie, ansi que les trois médecins légistes qui ont effectué l’autopsie, de même que le juge d’instruction et le chef de la BRI (brigade d’intervention et de recherche) qui avait mené l’enquête sur l’assassinat. Le juge : « je la veu avec la filiation de chacun », lance le juge. Il s’ennerve en voyant Me Sidhoum la présenter au greffier. Le procureur général : « la programmation de cette affaire a été faite au mois de décembre dernier. Pourquoi les avocats présentent la liste trois jours seulement avant le procès ? Ils auraient du le faire avant. En plus ce sont eux qui ont notifié les convocations aux témoins. Ce ne sont pas les avocats qui décident. La loi le permet, mais c’est souvent le parquet, partie prenante, qui s’en charge. Je vous demande de ne pas prendre compte de cette demande… », dit-il. Me Belarif, n’est pas de cet avis. Il estime avoir agit dans le cadre de la loi en envoyant la liste, cinq jours avant le procès, et que » le parquet général a lui-même notifié les convocations aux témoins la veille du procès. L’arrêt de la cour suprême donne droit à l’accusé de faire appel à tout expert qu’il estime important à entendre. Les convocations se font par huissier de justice et rien ne l’interdit. C’est notre liste nous tenons à est-ce qu’elle soit acceptée…». La déclaration tourne au vinaigre et le juge lève l’audience pour cinq minutes. Il décide d’accepter la demande en précisant au procureur général, de faire en sorte que les personnes convoquées soient présentes. Il fait l’appel des témoins, une quarantaine, dont sept étaient absents, avant de les sommer de quitter la salle. Après la composition du jury, et la lecture des 54 pages de l’arrêt de renvoi, le président demande à l’accusé de se défendre. Oultache, agé de 72 ans, et natif de Chelghoum Al Aid, à Mila, toujours, entouré par ses sept gardes, s’avance difficilement vers la barre. «Vous dribler beaucoup» Le juge met à sa disposition une chaise. Il est déjà 13 heures 40. « Mr le juge, en écoutant le greffier j’ai remarqué qu’il a occulté des choses très importantes que j’ai déclarées au sujet du défunt…. », souligne l’accusé, avant que le président ne lui précise qu’il aura l’occasion de le faire durant l’interrogatoire. « Je suis pilote de ligne et j’ai été au maquis à l’age de 16 ans. J’ai étudié en Egype, aux états unis et en russie », déclare Oultache avant que le président ne l’interrompt. J’ai atteint le grade de colonel de l’armée de l’air et j’ai pris ma retraite à 54 ans… », dit-il avant que le juge ne l’interrompt. « Une retraite à 54 ans. Vous étiez jeune non ? », lance le président. « J’étais un peu difficil. Je n’acceptais pas tout… », réplique l’accusé et le juge avec le sourir répond : « vous driblez beaucoup. Si vous vous limitiez à jouer vous n’auriez pas la retraite ». L’accusé se retrouve : « exactement. C’est la vérité. A cet age et avec mon grade ou il faut aller vers le grade de général, ou il faut quitter ». Le juge « que voulez-vous dire ? ». L’accusé : « ou il faut être du genre oui sidi ou il faut partir ». Le juge « vous ne disiez jamais oui sidi ? ». L’accusé : « jamais. Dans ma vie j’ai toujours été exemplaire ». Le président lui demande s’il a été poursuivi, et Oultache dit non, avant que le magistrat ne lui rappelle l’affaire des marchés des équipements informatiques, pour laquelle il a écopé d’ujne peine de 7 ans. « Vous avez été condamné pour corruption… », lance le juge. L’accusé : « mais cette affaire est liée à celle-ci, ils ont voulu me créer un alibi. Ils ont tout fomenté… ». Le magistrat lui demande de parler avec respect, avant de l’interroger sur l’arme qu’il portait sur lui et qui a servi lors de l’assassinat de Ali Tounsi. Le juge :« avez-vous un permis de port d’armes, ». Oultache : « j’ai ma carte professionnelle de commissaire divisionnaire et ma carte d’identité… ». Le juge insiste : « donnez moi l’autorisation et je vous acquitte pour cette accusation ». Oultache : « je n’ai pas besoin d’une autorisation… ». Le président : « cela ne vous donne pas le droit d’avoir une arme sans permis ». L’accusé ne cesse de répéter qu’il n’a pas besoin d’une telle autorisation arguant du fait qu’il s’agit selon lui, d’une arme personnelle et non pas professionnelle. « je l’ai achetée. La sureté nationale ne m’a pas donné d’armes. J’ai acheté les armes comme je peux même acheter des avions ». Le juge : « vous être un hors la loi alors ? ». L’accusé : » je suis respectueux de la loi ». Le juge : « si la police vous arrête comment allez vous vous défendre ? ». L’accusé : « j’ai déjà été arrêté à des barrages de la gendarmerie et je leur ai montré ma carte professionnelle. Je suis passé.. ». N’ayant pas pu avoir de réponse, le magistrat passe à l’assassinat et demande à Oultache de s’expliquer. « Pourquoi je vais le tuer ? Il n’y a entre nous ni des histoires de fmmes ni d’argent ». Le juge s’offusque : « pourquoi les femmes peuvent susciter des crimes ? ». L’accsué : « je ne l’ai pas tué… ». Le président : « qui l’a tué ? ». Oultache : « ce sont eux ». Le juge : « Ce n’est pas ce que vous avez dit au juge d’instruction… ». L’accusé : « de quel juge parlez-vous ? Il n’a fait que suivre ce que la police lui a dit de faire… ». Le juge lui rappelle ses aveux, et l’accusé, persiste à affirmer « ce sont eux qui l’ont dit ». Le juge : « vous aviezavoué aux experts votre crime et vous aviez même dit être prêt à réparer la faute… ». L’accusé continue de nier. Le juge lui demande combien de balles a-t-il tiré et Oultache déclare : « j’ai triré 4 balles. J ai visé sa main droit qui trenait un coupe papier avec lequel il me menacait.Pourquoi je vais le tuer alors que la veille j’étais avec lui… ». Le juge revient sur l’ arme du crime, et Oultache persiste à dire qu’il l’avait toujours sur lui, depuis 2009, lorsqu’il est passé dans un repôrtage avec la chaine française M6. « Vos collegues disent ne vous avoir jamais vu avec une arme… », lance le juge. L’accusé : « pourquoi je vais leur montrert mon arme ? Elle était dans la boite à gants ou dans la valise… ». Le juge : « votre femme aussi dit ne vous avoir jamais vu avec une arme ». L’accusé : « je ne lui montre pas mon arme. Mais elle sait que j’ai une arme ». Le juge : « elle dit le contraire ». Oultache : « que dieu lui pardonne ». Oultache se plaint du juge d’instruction , resté selon lui plus de deux heures avec Daimi, le DAG ( directeur de l’administration générale) et Abdelmoumen Abderabi, chef de sureté de wilaya, « pour leur dire ce qu’ils doivent révéler ». Le président le remet à l’ordre, puis l’interroge sur le nombre de balles tirées et lui persiste à dire quatre. Le magistrat lui rappelle ses propos lors de l’instruction. « Ils voulaient me tuer. Belkacem Zeghmati (procuer génértal), et le juge étaient de mèche. Il était l’ami de Yazid Zerthouni, le ministre de l’Intérieur tout comme El Affani, … », lance t-il avant que le juge ne l’interrompt : « vous aviez dit avoir tiré deux balles ». Oultache maintien ses propos. « J’ai tiré quatre et j’ai visé la main et la poitrine coté droit ». Le juge reprend les propos de Oultache devant les experts, selon lesquels, il aurait tiré deux balles de haut vers le bas, l’une d’elle a perforé la langue et l’autre le crane… ». «L’expertise ne vaut rien» L’accusé : « comment peut elle aller d’un endroit à un autre ? ». Le juge : « parce que la victime était assise et vous étiez debout. C’est l’expertise qui dit que la balle était coincée et qu’il était touché à la tête. En tout il y avait six balles, quatre n’ont pas explosé ». Tout de suite Oultache réplique : « ce ne sont pas mes balles. Les miennes sont bonnes. L’expertise ne vaut rien… ». Le juge : quel intérpêt ont les experts à dire des choses autres que ce qu’ils voient… ». L’accusé : « juste pour dire que c’est moi l’assassin et protéger le véritable auteur… ». Le juge : « vous aviez déclaré avoir retourné l’arme contre vous mais elle était bloquée. Pourquoi voulez-vous vous suicider ? « . L’accusé : « pour éviter un sort plus terrible…C’est mon frère qui était là allongé…. ». La tension monte. Me Belarif, s’avance : »nous demandons les pièces à conviction ». Le juge : « vous auriez du les demander au début du procès… ». Me Belarif s’offusque : « je demande acte de votre refus. C’est une violation de la procédure Vous ne voulez pas que le procès prenne la bonne voie… ». Le procureur général intervient : « nous allons les ramener… ». Le juge revient à la charge : « vous avez tué Ali Tounsi… », Dit-il avant que Me Belarif n’interienne : « vous etes entrain de le rendre responsable. Posez lui la question de manière normale… ». Le juge l’accuse de vouloir perturber l’interrogatoire. Il se retrourne vers Oultache et l’interrtoge : Pourquoi avoir tué Tounsi ». L’accusé : « Je ne l’a pas tué. Je l’ai juste blessé ». Le juge tire les photos prises lors du crime pour lui montrer qu’à sa sortie du bureau du défunt, ce dernier était mort. « Qui a dit cela ? La police ? Elle n’est pas crédible. J’ai reconnu l’avoir blessé. L’expert m’a demandé si je regrettais, j’ai dit oui. J’ai demandé pardon à sa famille il a refusé de le mentionner… », déclare Oultache. Le président : »pourquoi avoir appelé les trois responsables après ? ». L’accusé : « je savais que Abderabi et Daimi étaient armés. Je voulais les provoquer pourqu’ils me tuent ». Le juge : « mais vous aviez décalré que vous vous entendez pas avec Abderabbi…. ». L’accusé « je le tue parce que je ne m’entends pas avec lui ? Jamais…. ». le juge : « pourquoi avoir tué alors Tounsi ? ». L’accusé persiste à dire qu’il ne l’a pas tué, mais juste blessé. Même le rapport de l’autopsie, est selon Oultache manipulé. « Ils auraient du donner l’enquête à une commission mixte police, gendarmerie drs, au lieu de laisser la police faire ce qu’elle veut », ne cesse t-il de répéter. Le juge lui rappelle que le chef de cabinet, Mr Zebouchi, lui disait « attention Al Hadj, laisse nous entrer porter secourir au défunt, il est blessé ». L’accusé nie catégoriquement. Le magistrat revient à la charge : « pourquoi avoir appelé Abderabi ? Est-ce pour le tuer ? ». L’accusé : « c’était juste pour le provoquer mais lui dés qu’il a vu l’arme il a eu peur, il s’est enfui. Ils ont tous eu peur ». Le juge : « vous aviez dit à Zeboudji que de toute facon tout est fini pour le défunt,lorsqu’il vous a demandé de laisser les secours rentrer ». L’accusé nie en disant « tous quand ils m’ont vu ont pris la fuite. Je n’avais pas un klach pour les tuer tous. J’avais juste un pistolet. A trois ils n’ont meme pas pu me désarmer ». Oultache explique aussi qu’il voulait voir Ali Tounsi, « pour ( minutes » avant la réunion afin qu’il lui demande de reporter la réunion bilan avec les directeurs centraux. « Il m’a reçu froidement et il m’a dit que c’était le jours des scomptes. Il m’a parlé des micros que je n’aurais pas remis à la suyreté de wilaya, et des retards . Je lui ai expliqué que lors de la réunion qui a regroupé le général Toufik, le général Boustila, Gaid Salah, et le patron de la protection civile, et lui, même, il a été décidé de remettre le dossier de la télésurveillance, pour lequel 72 milliards de centimes ont été consacrés, à la wilaya d’Alger. La décision était politique, mais lui pensais que c’était moi qui ai proposé l’idée.Il m’en voulait et il m’a traité de traitre. J’ai très mal accepté. Je lui ai dit c’est toi le traitre le le harki, tu as fais ton maquis dans un hotel 5 étoiles à Sidi Bel Abbes. Il s’est mis en colère il a pris le coupe papier et il il m’a menacé. Je lui ai dit je susi armé et lui continuait à me menacait. J’ai tiré en visant sa main ». Le juge lui fait savoir que sa main n’était pas blessée, et Oultache replique « Je l’ia blessé plus haut ». le magistrat continue à faire remarquer que la main du défunt était saine. « Pour pouvoir croire la thèse du juge, il faut que je monte sur le bureau et que je tire sur lui. J e ne l’ai pas tué ». Le juge lui rappelle que lorsque les trois cadres étaient rentrés au bureau le défunt était déjà mort, mais Oultache conteste. « Il agonisait. Il n’était pas mort. C’est mon ami. Je partais chez lui, j’ai assisté aux mariages de ses enfants etc… ». L juge : « est-ce cela l’amitié ? ». Oultache : « c’est lui qui est responsable. Il l’a cherché… ». Le juge : « il vous a été et donné un emploi ». L’accusé : « je n’ai jamais été chomeur. J’avais une proposition pour un salaire de 600 000 DA au ministère du transport ». Le juge : « pourquoi n’avoir pas appelé les secours ? ». L’accusé : « je ’ai vu il avait des douleurs. Pas plus. Quand je me suis du coma, j’ai vu de nombreux membres de la BRI dans la chambre, et leur chef qui criait ramenez le moi, mort ou vif. J’ai eu peur j’ai donné cette version que vous lisez…. ». Le juge : « ils sont tous contre vous ? ». L’accusé : oui tous. Ils veulent me faire endosser le crime pour protéger l’auteur ». Ils m’ont mis un expret pour me condammner à la peine capitale…dieu seul sait ce qui m’attend… ». Les avocats de la partie civile, Mes Kisenti et Chenaif, avancent. Ils reviennent sur les mêmes questions, et l’accusé donne les mêmes réponse. Ils llui montrent les photos du défunt prises le jour du crime, allongé, dans une marre de sang, un peu loin de son bureau. « Je l’ai touché à la main. Si c’était à la tête il serait tombé sur sa chaine. La défense : « pouvons-nous tuer avec un coupe papier ? ». L’accusé : « oui bien sur. Lui-même le défunt m’a dit qu’il pouvait tuer quelqu’un avec une grande tronbone ». Au Procureur général, il affirme avoir pris son arme ce jour là parce que c’était le chauffeur qui l’accompagnait et qu’il ne pouvait pas la lui laisser. Selon lui, entre le moment où il a tiré et celui, ou il est sortie, « deux minutes se sont écoulées, et il kest resté en tout 20 minutes. Tout ce qui a été rapporté n’est que mensonge. C’est eux l’ont tué. Ceux qui ont un problème avec lui.. ». Le juge : « ce sont ses gardes personnels qui ont intervenu. Est-ce eux qui l’ont tué ? ». Le procureur général revient à la charge, cette fois-ci avec les balles retrouvées sur les lieux du crime. Oultache nie catégoriquement qu’il puisse s’agir de celles de son Smith. « Les miennes ne sont pas percutées. De plus, il y a deux calibres 8mm et 9 ». Me Sidhoum, demande à est-ce qu’un essai soit fait devant l’assistance, et Me Kisenti, s’offusque : « c’es grave honte vous nous ne somme pas dans un stade ». Belarif lui réplique et l’audience est levée. Les trois cadres dirigeants qu’Oultache avait menacés ont été entendus en fin de journée. Nous y reviendrons.
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