Les premiers à passer à la barre hier sont les quatre gardes personnels du défunt. Tous étaient dans un bureau non loin de celui de la victime. Ils avancent la même version à quelques nuances près. Ils ont entendu l’appel radio qui a ordonné la fermeture de tous les accès de la Direction générale, et suspecté un événement grave sans savoir de quoi il s’agissait. Hocine Safsaf raconte : «Le secrétaire de Tounsi, Dahlal est passé au bureau. Il m’a dit qu’Oultache a tué le Directeur général. Je lui ai dit pourquoi vous ne nous avez pas informés ? Il a répondu qu’il était avec lui. Les coups de feu retentissaient encore. J’ai avancé, mais impossible de progresser. Oultache avait une position stratégique. Il pouvait atteindre n’importe quelle personne qui se serait pointée. Lorsque les coups de feu se sont arrêtés, je me suis approché. Oultache s’était retiré dans le bureau de Tounsi et avait fermé la porte. J’ai fait un appel radio pour avoir l’appui de trois éléments dotés de kalachnikov et de gilets pare-balles. Trois éléments de la police judiciaire sont arrivés. Il fallait l’effet de surprise. J’ai donné un coup de pied dans la porte, elle s’est ouverte. Je suis entré avec mon collègue et lorsqu’il a vu l’arme à barillet dans les mains d’Oultache, il a tiré sur lui. Il était assis sur une chaise en face de la porte. J’ai dit à mon collègue de ne plus tirer. On lui a enlevé l’arme des mains. Il était vivant. Nous étions deux seulement. J’ai vu Tounsi à plat ventre baignant dans une mare de sang un peu noir et coagulé. Lorsque les renforts sont arrivés, je suis sorti.» «Oultache était en position de tir» Le témoin affirme que l’accusé avait été blessé à l’abdomen lorsqu’il était dans le couloir, mais Oultache réplique du fond du box : «Il ment !» Le juge : «Arrêtez d’interrompre le témoin.» L’accusé : «Je n’arrête pas. C’est la vérité.» Le témoin poursuit : «C’est moi qui ai donné l’alerte en appelant l’équipe médicale pour transférer Oultache aux urgences et le sauver.» Aux questions de la partie civile et de la défense, le témoin répond avec assurance. Il ne cesse de répéter : «On est intervenus pour maîtriser Oultache et sauver Tounsi. Je ne me rappelle pas à quelle heure il a été évacué.» Son collègue, Ahmed Hamadou, précise qu’après avoir entendu les tirs, lui et ses trois autres collègues se sont dirigés vers la cafétéria du DG, où tous les directeurs centraux étaient regroupés. «On nous a dit qu’Oultache était dans le couloir, qu’il était armé. Nous sommes montés et nous avons vu Oultache pointer l’arme tantôt vers le haut, tantôt sur nous. Mon collègue lui a intimé l’ordre de se rendre en déposant l’arme. Il était devant la porte du bureau et nous au fond du couloir. Il a refusé. Nous avions nos pistolets Beretta, nous ne voulions pas utiliser les kalachnikovs. Nous ne savions pas encore ce qui s’était passé. Oultache était blessé. On aurait pu le tuer, mais il était loin et on voulait juste le neutraliser. Nous avons insisté pour qu’il dépose son arme, mais rien. Il a reculé pour entrer dans le bureau de Tounsi, une fois blessé. Il a fermé la porte et c’est mon collègue Aït Kaci qui a donné un coup de pied pour qu’elle s’ouvre», révèle le garde. Il cède sa place à Madjid Aït Alaoua, un autre garde personnel de Ali Tounsi, qui raconte qu’il était avec ses trois collègues lorsqu’il a entendu qu’ Oultache était armé dans les couloirs. Il a pris sa kalachnikov pour couvrir ses collègues, Hadj Kaci, Aït Alaoua qui étaient devant. Il insiste sur un fait qu’il présente comme important : «Oultache était assis sur une chaise et avait les deux mains qui tenaient le pistolet. Cela veut dire qu’il était en position de tir.» Me Kasentini lui demande pourquoi Oultache n’a pas tiré sur lui ; le témoin répond : «Parce qu’il était blessé et qu’il commençait à perdre connaissance.» Me Sidhoum lui rappelle que lors de l’instruction, il avait affirmé que c’était un élément de la police judiciaire qui l’avait désarmé. «J’ai dit qu’Aït Alloua lui a donné un coup au pied et que l’arme était tombée. Il était encore éveillé», souligne-t-il. Le juge appelle les membres de la commission de modernisation que chapeautait Oultache. Certains étaient présents dans la salle de réunion, mais n’ont rien vu, d’autres n’ont pas apporté d’éléments nouveaux. Tous affirment n’avoir jamais vu Oultache avec une arme.
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