jeudi 2 mars 2017

«Le baby-boom peut constituer une réelle bombe»

- La tendance à la hausse du taux de natalité, qui s’est confirmée ces dernières années, aura-t-elle un impact sur la carte démographique ? Autrement dit, aurons-nous une modification dans la répartition géographique ? La tendance à la hausse du taux de natalité n’aura pas d’impact sur la carte démographique actuelle dans les court et moyen termes. Les parts respectives des naissances brutes enregistrées dans les différentes wilayas par rapport au total des naissances du pays n’ont pas beaucoup évolué entre 2002 et 2015. Sur les 48 wilayas, 44 ont enregistré une faible évolution oscillant entre -0,3 et 0,3 point. Il y a lieu de préciser aussi que la répartition des naissances reflète globalement la répartition de la population. Par ailleurs, les disparités des comportements en matière de de fécondité peuvent affecter à long terme la structure par âge et, par la suite, le volume de la population au cas où ces comportements différenciés persistent. Mais, il y a de fortes chances qu’on observera plutôt un retour à la tendance normale de convergence vers un niveau proche du taux de remplacement au cours des trois prochaines décennies. - L’évolution démographique du pays pèse-t-elle dans les projets de développement aux niveaux local et national ? Cette évolution se traduit par un changement du volume global de la population, de celle de certaines catégories (exemple : personnes âgées, jeunes, actifs…), ainsi que de la structure par âge, ce qui peut conduire à la revue de l’ordre des priorités en termes de développement. - Nous avons l’impression d’assister au même débat des années 1970-1980 sur les questions liées à l’explosion démographique. Qu’en pensez-vous ? Aurons-nous droit prochainement à une campagne sur le planning familial ? Le contexte social, économique, culturel et politique actuel n’a rien à voir avec celui qui prévalait au cours des années 1970. Ces changements ont conduit à une modification profonde des indicateurs démographiques. Ainsi, l’indice conjoncturel de fécondité qui dépassait les 8 enfants par femme en 1970 atteint à peine les 3,1 enfants par femme actuellement. De même, la prévalence contraceptive, qui était de 8% (avec à peine 1,5% de taux d’utilisation des méthodes modernes), se situe actuellement autour des 57%. Les mentalités ont beaucoup changé. L’interdit religieux et le refus de l’époux ne figurent plus parmi les raisons de non-utilisation des contraceptifs. L’alphabétisation de la population en général et celle des femmes en particulier se sont beaucoup développées, ce qui a permis une nette amélioration du statut de la femme, sans oublier la légifération d’un arsenal juridique en sa faveur. - Pourquoi avons-nous peur du baby-boom, au lieu d’y voir une richesse et une ressource que convoitent les puissances économiques à travers les programmes d’émigration ciblés, par exemple ? Le principe fondamental de la politique algérienne de la population demeure l’adhésion volontaire et consciente des couples au programme de maîtrise de la progéniture. La peur émane plutôt du risque d’avoir des enfants non désirés par faute d’accès à l’information/conseils/produits de contraception. La crainte du baby-boom peut se justifier par les faibles performances de notre appareil économique qui demeure fortement dépendant des hydrocarbures et à l’inadéquation de notre système éducatif et de formation aux besoins réels de notre économie. Ces carences risquent de transformer cette ressource humaine en une réelle bombe qui peut menacer la stabilité du pays et représenter plutôt une contrainte au développement.

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