jeudi 3 mai 2018

Des structures en stand-by

Des autorités prévues dans les textes de loi sur l’information et l’audiovisuel sont dépassées ou absentes. Installée en juin 2016, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV) devait être «un organe indépendant dont l’action n’est encadrée que par les seules dispositions de la loi», comme l’a affirmé l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal. L’autorité, dont le siège de son membre disparu, le Pr Zahir Ihaddaden, est toujours vacant, s’est avérée dépassée malgré les assurances d’indépendance de son président, homme de médias reconnu, Zouaoui Benhamadi. Les prérogatives que lui donne la loi sur l’activité audiovisuelle lui seront «retirées» par le ministère de la Communication. A l’exception de quelques communiqués sur l’assassinat de la petite Nihal, ou des «mises en garde» timorées en direction des chaînes privées, l’ARAV, occupant un «magasin» exigu, comme le fait remarquer avec ironie à El Khabar l’ancien ministre de la Communication, Nacer Mehal, n’a pas pu réaliser toutes ses missions (régulation, contrôle et consultation). Les textes engageant le secteur de l’audiovisuel seront ainsi proposés en entier par l’administration (décrets exécutifs relatifs aux conditions et modalités de mise en œuvre de l’appel à candidature pour l’octroi de l’autorisation de chaînes privées, les modalités de versement de la contrepartie financière liée à l’autorisation…) sans que les sages de l’institution soient associés. Dernière action disqualifiant l’ARAV : la décision du ministre de la Communication, Djamel Kaouane, d’annuler l’arrêté portant appel à candidature pour l’octroi d’autorisations de création de services de diffusion télévisuelle thématique. Le ministre justifie sa décision par les «sollicitations et (les) remarques de la grande famille de l’audiovisuel algérien». A ce jour, rien n’est annoncé et l’offre audiovisuelle nationale est toujours marquée par des chaînes offshore de droit étranger. Le chef de l’état pas suivi Autre structure remise aux calendes grecques : l’Autorité de régulation de la presse écrite (Arpe). L’ancien ministre de la Communication, Hamid Grine, avait annoncé en son temps que l’élection des journalistes membres de la composante de l’Arpe aura lieu en 2017. Le président de la République lui-même avait instruit, en octobre 2017, le gouvernement à l’effet d’accélérer la mise en place de l’autorité «avant la fin de l’année en cours». Kaouane a déclaré que le processus de mise en place de l’Arpe «prendra le temps qu’il faudra», précisant que le «seuil déterminé» de la fin de l’année est «assez indicatif». Dans une autre déclaration, le ministre a annoncé que l’installation de l’autorité se fera dans «les plus brefs délais», sans préciser les échéances comme l’a fait le chef de l’Etat, qui n’a pas été suivi dans ses injonctions. L’administration n’a pas pu installer des structures prévues dans la loi sur l’information. Il en est ainsi du Conseil supérieur de l’éthique et de la déontologie de la profession de journaliste, devant être mis en place au plus tard une année à compter de la promulgation de la présente loi organique (janvier 2012). Mais là encore, rien à l’horizon. Les raisons de ces retards seraient, s’obstine-t-on à expliquer, la désorganisation du métier, dont la population a été recensée (délivrance de la carte  de journaliste professionnel), mais aussi la volonté des autorités du secteur de maintenir le secteur dans un état de délabrement. Kaouane a assuré, en février dernier, que l’arsenal législatif et réglementaire de son secteur reste «un chantier ouvert», précisant que ses services s’attellent à l’élaboration d’une série de projets de loi et de décrets liés (publicité, sondages d’opinion, organisation de l’activité de conseil en communication, communication électronique). Annoncés par Kaouane et par ses prédécesseurs, les projets attendront encore plusieurs mois ou années avant leur promulgation.

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