jeudi 1 juin 2017

L’amer constat du réseau Nada

La Journée internationale de l’enfant, le 1er juin, est fêtée annuellement par l’Algérie. Le réseau Nada a tenu à cette occasion une conférence pour faire le bilan des avancées et des lacunes concernant les droits de l’enfant. A l’instar de tous les pays du monde, l’Algérie célèbre aujourd’hui la Journée internationale de l’enfant. Mais dans quelle situation a lieu cette célébration ? Telle est la question à laquelle a tenu à répondre le Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant Nada, lors d’une conférence, hier, au siège de son centre d’écoute. Le bilan du programme «Je t’écoute» lancé essentiellement via le numéro vert 3033 fait état d’une situation très délicate de ces petits Algériens, dont les droits font l’objet d’abus au quotidien. En effet, les éléments du Réseau Nada ont recensé quelque 20 917 appels durant l’année 2016 et les premiers mois de l’année en cours. Sur ce chiffre, 5171 enfants ont appelé pour dénoncer une maltraitance physique et morale. Les agressions et violences physiques ont représenté quelque 934 appels. Les cas d’enfants victimes de consommation de drogue ont, quant à eux, totalisés 330 appels. Quelque 876 enfants ont appelé à l’aide le Réseau Nada pour agression et violence en milieu scolaire,  55 autres pour inceste et 575 provenant d’enfants réfugiés ou demandant l’asile. Le bilan du numéro vert du Réseau Nada fait état également de 8765 appels d’enfants impliqués dans des conflits familiaux et des divorces, 321 autres appels d’enfants victimes de mariages coutumiers ou «orfi», 121 appels d’enfants nés sous X, de mères célibataires ou en kafala. Parmi les cas les plus touchants cités lors de cette conférence, celui d’une mineure victime d’inceste dont l’auteur n’est autre que son frère et dont les parents ont refusé d’agir pour la protéger. Cette jeune fille, qui sombrait dans une dépression majeure, a fait une tentative de suicide au sein même d’une cellule d’écoute sociale. L’intervention immédiate d’une psychologue et d’un médecin a pu éviter le pire à cette jeune fille en détresse. Un autre cas tout aussi touchant est celui d’un petit garçon qui a été victime d’une tentative d’abus sexuel par son voisin paraissant pourtant «pieux» et en qui il avait entièrement confiance. Le drame de cet enfant ne s’arrête pas là, puisqu’après avoir fui ce malfrat et sous le choc, ce petit perd la mémoire durant plusieurs mois. Pour Abderrahmane Arar, président de ce réseau, la situation est grave et nécessite des actions ciblées à grande échelle pour mieux protéger cette frange fragile de la société. «Les cas sont tous aussi choquants. Il est complètement inconcevable de tolérer la violence sous quelle que forme qu’elle soit, encore plus lorsqu’elle est perpétrée par les personnes qui sont censées être les premiers responsables de la protection de l’enfant. Je vise par ceci les parents ou les proches de la famille qui sont souvent impliqués dans les violences physiques et morales très sérieuses sur l’enfant», déclare-t-il avant d’annoncer le programme d’action du Réseau Nada pour l’année en cours, et ce, jusqu’en 2022. «Notre programme repose sur trois principaux axes. Le premier est la vulgarisation des textes régissant les droits de l’enfant au sein des 150 associations formant notre réseau et déployées sur 15 régions du pays, ainsi que la sensibilisation de nos partenaires sociaux et juridiques quant au respect de la décision de l’enfant. Notre deuxième axe est l’amélioration de la qualité de la protection sociale et judiciaire de l’enfant. Justement dans ce sens, nous demandons que l’âge de responsabilité juridique de l’enfant soit repoussé de 10 jusqu’à 13 ans et que tout l’appareil juridique soit également spécialisé dans les droits de l’enfant dont le procureur et l’avocat», explique M. Arar. Le troisième axe est le renforcement du réseau Nada par une restructuration sur les plans organisationnel et fonctionnel. «Partant de cette année déjà entamée, et ce, jusqu’à 2022, nous voulons atteindre plusieurs objectifs, dont, essentiellement, la diminution jusqu’à 40% des violences sur les enfants, la formation et l’implication dans les droits de l’enfant de 150 groupes de parents par an, ainsi que la mise en place d’un système de signalement renforcé et surtout efficace», ajoute notre interlocuteur. Concrètement, le Réseau Nada compte durant cette période lutter pour l’amendement de la loi 09-02 du 9 mai 2002 relative à la protection des personnes en situation de handicap, surtout les enfants, apporter des modifications à la loi de travail notamment concernant l’exploitation économique des enfants dans le marché parallèle et le code pénal dans son volet sur la responsabilité juridique des enfants.  

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