jeudi 1 juin 2017

Crise financière : L’armée concernée par la cure d’austérité ?

Avec un effectif de près de 400 000 hommes, une frontière de 7000 km à surveiller, des centaines d’avions, de chars, de blindés et autres équipements à entretenir, il ne reste pas beaucoup de place à beaucoup d’économies. Nous ne sommes pas en train d’acheter des guirlandes pour en parler tous les jours.» C’est avec cette sentence un tantinet martiale qu’Ahmed Ouyahia, alors chef de gouvernement, avait répliqué à un journaliste qui lui demandait de s’exprimer sur les achats d’armes qu’effectuait l’Algérie à cette époque. Nous sommes en 2008 et l’Algérie avait décidé, depuis quelques temps, de renouveler son matériel militaire. Les moyens le permettaient et le contexte sécuritaire régional l’exigeait. Ces dernières années, le budget de l’armée n’a cessé de progresser. Il a atteint le pic de 13 milliards de dollars en 2013 avant de s’établir à un niveau de 11 milliards de dollars dans la loi de finances de l’année en cours. Une dotation budgétaire qui dépasse le seuil des 5% du produit intérieur brut (PIB). Mais ce niveau de budget pose des questions à l’aune de la cure d’austérité que s’impose le pays depuis la crise de 2014. Est-il normal de laisser un tel niveau de dépenses militaires au moment où les ressources financières du pays se raréfient ? La question revient avec insistance mais la classe politique est – presque – unanime à reconnaître que vue la situation géopolitique dans laquelle évolue le pays, il est compréhensible d’arriver à ce niveau de dépenses pour la défense nationale. Le risque sécuritaire que constitue la situation explosive en Libye et les conflits au Sahel rendent la modernisation de l’armée indispensable. Mais les choses peuvent évoluer. La modernisation de l’armée étant presque achevée – même si la technologie évolue toujours très vite – une porte est peut-être ouverte à une réduction du budget de la défense. C’est ce que suggère le journal El Khabar qui évoque, dans une récente édition, la réduction du budget de l’armée à 6,5 milliards de dollars. Une économie de presque 50% par rapport aux budgets des années précédentes. Il ne s’agit là que de prévisions qu’effectue le ministère des Finances suivant les demandes qui lui proviennent des différents départements ministériels. En attendant les arbitrages du ministère des Finances et du Premier ministre, des observateurs restent sceptiques par rapport à une telle éventualité. Car, si l’armée a fait l’essentiel de ses achats en armement, il reste que son train de vie et les défis auxquels est confrontée cette institution rendent la chose difficile. Avec un effectif de près de 400 000 hommes, une frontière de 7000 km à surveiller, un matériel de plusieurs centaines d’avions, de chars, de blindés et autres équipements à entretenir, il ne reste pas beaucoup de place à beaucoup d’économies. C’est ce que pense Akram Kharief, journaliste et animateur du blog secret défense. «Je ne pense pas que le budget de l’armée baissera cette année. Déjà qu’il baisse d’année en année car il est formulé en dinars. Même si la somme est la même avec la dévaluation, il a perdu 10% au bas mot entre 2015 et 2016. Je pense que le budget sera encore reconduit en 2018. Mais baissera vers 2019-2020 car les grosses acquisitions ont été faites», a-t-il indiqué. A côté de ces impératifs, l’armée dispose d’un parc immobilier et d’autres centres de loisirs qui coûtent énormément d’argent. C’est le cas du cercle de Beni Messous, un mastodonte hôtel destiné à accueillir les militaires venus de l’intérieur du pays. Les services du complexe sont proposés à des prix très abordables. Ces tarifs seront probablement revus à la hausse pour tenter de rentabiliser l’établissement. Mais combien de sites peuvent avoir une telle marge de manœuvre ?  

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