samedi 3 juin 2017

«Le taux de réussite des micro-entreprises ne dépasse pas les 10%»

- Saïda connaît un chômage endémique qui s’est accentué à partir de 2014. Quelles sont les raisons, selon vous ? La déperdition scolaire, l’arrivée massive sur le marché du travail de nouveaux diplômés, et l’obsolescence des différents dispositifs d’insertion professionnelle et d’aide à la micro-entreprise sont autant de raisons qui font que le chômage explose à Saïda. A cela s’ajoutent l’insuffisance d’investissements productifs et la crise qui frappe le secteur du bâtiment depuis presque deux années. Aussi, le gel des projets d’équipement en raison de restrictions budgétaires a accentué le marasme économique dans une wilaya, où les secteurs des services et de l’agriculture demeurent marginaux. - Qu’en est-il des outils d’aide à l’emploi, à l’instar de l’Ansej, CNAC et Angem ? Très peu de micro-entreprises ont réussi à émerger du lot faute d’accompagnement et d’un environnement économique en mesure d’offrir des débouchés réels aux porteurs de projets. Le taux de réussite ne dépasse pas les 10% dans la wilaya de Saïda, selon des données récentes de la Chambre de commerce. La saturation de certains créneaux et la mauvaise maturation de bon nombre de projets ont conduit à l’échec, donnant l’illusion, durant un certain temps, qu’on pouvait résorber le chômage à travers le dispositif Ansej. Ne pensez-vous pas que l’aggravation du chômage dans la wilaya de Saïda est surtout liée à une brusque désindustrialisation ? La wilaya de Saïda disposait de deux zones industrielles pleinement opérationnelles : l’une s’étendait de Haï Soummam jusqu’à ouled Khaled, l’autre est implantée à Aïn Lahjar, à 12 kilomètres du chef-lieu de la wilaya. Elle constituait un pôle économique en plein essor. Cependant, de nombreuses entreprises publiques ont été dissoutes, dissolutions suivies de compressions d’effectifs à partir des années 1990. Dès lors, on peut dire qu’il n’y a plus de zones industrielles, mais plutôt des entités à l’agonie, maintenues en vie au moyen de coûteux plans de restructuration. - Récemment, une instruction du ministère du Travail a exclu des bénéficiaires du dispositif DAIP de postuler à un emploi dans le cadre du CTA. Quelle est l’incidence de cette circulaire à Saïda ? Le dispositif d’aide à l’insertion professionnelle (DAIP) et le Contrat au travail aidé (CTA), destinés aux diplômés primo demandeurs ont, certes, permis à la plupart des demandeurs d’emploi d’être recrutés essentiellement dans le secteur public. Mais ces deux dispositifs ne peuvent, à long terme, résoudre la problématique du chômage que seule une relance effective de l’investissement productif est en mesure de juguler. A Saïda, l’entrée en vigueur de nouveaux textes de loi excluant les bénéficiaires de crédits bancaires ou d’emploi dans le cadre du DAIP de postuler à la formule du CTA (contrat de 3 ans non renouvelable) a suscité de fortes inquiétudes chez les chômeurs. Pire, les titulaires d’immatriculation auprès de la Caisse d’assurance sociale (CNAS) sont de facto exclus du bénéficie du CTA, même s’ils ont été immatriculés pour une période de moins d’un mois. Visiblement, la chute des prix du pétrole a amené les responsables du secteur du travail à procéder, via des circulaires et instructions contradictoires, à réduire sensiblement le nombre de postes d’emplois aidés.

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