Les travailleurs de l’Agence nationale pour la distribution et la transformation de l’or et autres métaux précieux (Agenor) sont à bout de nerfs. Même si l’ambiance, pour un visiteur, laisse voir le contraire, ces employés déplorent un climat de «travail malsain et pathogène». Dans un courrier, signé par une cinquantaine d’employés, le ministre de l’Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, est interpellé afin de se pencher sur la situation qualifiée de «catastrophique» au sein de cette entreprise étatique. Ils contestent «les instructions verbales», «les menaces et le harcèlement moral et administratif» émanant de la direction générale, poussant à la démission de certains employés, dont des cadres. Selon les employés, qui se sont présentés à notre rédaction, la direction générale suivrait une «politique d’intimidation» pour faire régner un climat de peur. Un climat encouragé par des «mesures disciplinaires abusives», dont essentiellement les rétrogradations et les licenciements, entraînant les employés dans des périodes de dépressions à répétition. Certains seraient sous antidépresseurs et suivis dans le service de psychiatrie. «Depuis que le nouveau directeur général est à la tête d’Agenor, les congés pour cause de maladie pleuvent et les spécialités médicales explicatives de ce malaise, telles que la psychiatrie et les cardio-pathologies, y sont invitées plus que jamais. Nous travaillons sous l’emprise de la menace, la peur au ventre. La plupart des travailleurs, tous des chefs de famille, taisent leur colère, leur indignation et se retrouvent obligés à subir les intimidations, de peur de se voir licenciés», déplore un employé. Selon ces travailleurs, agités par la colère et la déception quant à ce climat de travail imposé par la direction générale, les certificats et congés maladie sont refusés au niveau de l’administration. «Le refus est catégorique d’accuser réception sur les certificats de maladie relatifs à l’arrêt de travail délivré par les médecins assermentés, obligeant les travailleurs malades, pour la plupart chroniques, à passer par l’huissier de justice, et là encore le refus est de mise», lit-on dans cette lettre dans laquelle le PDG, Ziani Belkacem, est pointé du doigt. Plusieurs cas de «sanctions abusives» et licenciement ont été cités par les travailleurs. C’est le cas du directeur commercial qui aurait été «licencié par télégramme», décision prise en l’absence de document officiel jusqu’à ce jour. Cette personne, parmi tant d’autres, a fait l’objet — en son absence, car étant malade, et celle des véritables représentants des travailleurs, à savoir la section syndicale — d’un conseil de discipline. Sans nous attarder sur les détails de cette affaire, nous avons appris que ce cadre a saisi l’Inspection du travail qui lui a confirmé l’illégalité de la procédure et de facto la sanction prise à son encontre. Voulant y voir plus clair, nous avons pris attache avec Belkacem Ziani. Même si nous avons été très mal reçus et faits l’objet de plusieurs provocations, dont des menaces, nous avons tenu à connaître la vérité. Sans surprise, le PDG a réfuté toutes les plaintes de ces travailleurs étant donné que, selon sa déclaration, tout employé sanctionné «dit que c’est abusif». Concernant les cadres licenciés et rétrogradés, il justifie cette décision par l’abstention de ces derniers de faire leur travail et cite le cahier des charges. Un document qui, selon une juriste contactée, doit être rédigé par des personnes qui ont un minimum de connaissances juridiques. Même s’il n’y a pas de loi qui le stipule, le commun des entreprises veut que ce type de documents soit fait par des cadres connaisseurs. M. Ziani reproche également à ces personnes d’avoir saisi le ministère et le groupe Manal – Manadjim El Djazair, tutelle de Agenor – pour exposer leurs problèmes. Un motif valable, selon lui, pour les sanctionner. Il est à signaler que la section syndicale, qui se dit soutenue par l’ensemble des travailleurs, avait saisi le ministère du Travail. Selon les employés, «aucune amélioration n’a été constatée», voire la situation a empiré. Au niveau du ministère du Travail, on évoque une commission d’enquête qui a été dépêchée sur les lieux et qui n’a pas encore livré ses résultats.
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