La commune de Aïn Zaouia, daïra de Draâ El Mizan, à une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, qui a vu le jour à la faveur du découpage administratif de 1984, est parmi les localités les plus déshéritées de la wilaya, surtout si l´on se réfère au nombre de problèmes dans lesquels se débattent continuellement ses 17 352 habitants qui continuent de prendre leur mal en patience. Il s’agit d’une municipalité qui n’a aucune ressource, à l’exception des maigres budgets de l’Etat alloués à la collectivité. D’ailleurs, dans cette division territoriale, l’important taux de chômage ne cesse de grimper, frappant de plein fouet la jeunesse, étant donné que la région ne dispose d’aucun tissu économique susceptible de générer des postes d’emploi. De ce fait, les jeunes demeurent toujours livrés à leur sort sans aucune perspective d’avenir. Il n´y a pratiquement aucune industrie pouvant atténuer, un tant soit peu, le calvaire des citoyens qui ne savent plus à quel saint se vouer, surtout en cette période de crise. «La commune ne génère pas de ressources, elle compte seulement sur les dotations de l’Etat. Le budget de l’APC est de 16 milliards de centimes consacrés totalement aux salaires et charges obligatoires. Les recettes fiscales intégrées dans la fiche de calcul des impôts ne dépassent pas 1,4 milliard de centimes. D’ailleurs, nous avons eu recours à la subvention d’équilibre pour adopter le budget primitif», explique Merzouk Haddadi, maire de Aïn Zaouia. Pour lui, la gestion d’une commune pauvre n’est pas une sinécure. Les citoyens se morfondent dans des problèmes multiples. Ainsi, la santé demeure le parent pauvre de cette contrée de la Kabylie profonde. Le seul dispensaire de la localité est dépourvu de moyens nécessaires pour assurer une prise en charge adéquate pour les habitants du chef-lieu de la commune et sa périphérie, soit une population de 6000 âmes. Cette infrastructure fonctionne seulement avec un médecin et deux infirmiers qui ne prodiguent généralement que les petits soins aux malades. Il y a aussi trois unités de soins dénuées de moyens et dont une a été squattée par une famille. «Il y a eu une action en justice pour déloger les occupants de cette infrastructure, mais la décision n’a pas été appliquée à ce jour», a souligné M. Haddadi. Le centre médico-social de Boumehni — un douar de 16 villages avec une population de 10 000 habitants —, qui dispose de tous les services mais, faute d’équipement, son fonctionnement est réduit presque à néant, parce que seuls un médecin et un dentiste ont été affectés à cet établissement qui assure aussi des prestations en radiologie. De ce fait, faut-il le rappeler, les citoyens de cette division territoriale font face à un quotidien de plus en plus intenable dans la mesure où plusieurs infrastructures de base font défaut. Leur calvaire ne s’arrête pas seulement à ce stade, puisqu’ils sont confrontés aussi à d’autres aléas. Ils réclament, en outre, leur droit aux aides financières destinées à l’habitat rural. Toutefois, selon le premier responsable de l’APC, aucune unité dans le cadre de ce dispositif n’a été accordée à la commune depuis deux ans, 490 dossiers sont toujours en instance au niveau de l’APC. Même les 165 logements sociaux, dont les travaux ont été entamés depuis plusieurs années, sont inachevés. Les jeunes de cette localité se sentent abandonnés et ne savent plus à quel saint se vouer pour pouvoir dénicher un emploi stable et espérer ainsi changer leur quotidien, fait d’angoisse et d’oisiveté. Les perspectives d´emploi sont quasi inexistantes. D’ailleurs, tous les dispositifs de recrutement, même en emploi précaire, sont à l’arrêt. L’APC vient de notifier la fin de contrat à une quarantaine de personnes. Faute d´activités génératrices de richesses et d´emplois, plusieurs citoyens se sont rabattus sur les métiers de l’artisanat. «La poterie fait vivre beaucoup de jeunes à Aïn Zaouia. Il y a dans notre commune 47 unités de poterie industrielles privées», nous a fait savoir un citoyen de cette localité qui a aussi des potentialités pour développer l’agriculture étant donné qu’elle dispose d’un barrage d’irrigation. La municipalité accuse aussi une dégradation de son réseau routier, comme le chemin communal reliant Tizi n’Tedlest et Kentidja. Si le raccordement au réseau de gaz naturel atteindra 100% de couverture à la fin de l’année en cours, il n’en demeure pas moins qu’un déficit en électrification rurale est également ressenti, notamment chez les habitants des zones éparses qui demeurent dans le noir. Aussi, même si les foyers sont alimentés de manière régulière en eau potable à partir du barrage de Koudiate Asserdoune, dans la wilaya de Bouira, les citoyens font face à des pénuries de ce liquide vital, notamment en été, en raison des difficultés qu’enregistre la station de Mechtras. Par ailleurs, au grand bonheur de la classe juvénile et aux férus du football, le projet d’une pelouse synthétique pour le stade municipal a été accordé à l’APC par le ministre de l’Intérieur dans le cadre du fonds des collectivités locales. Il s’agit d’un grand acquis pour les jeunes sportifs, surtout que la salle omnisports du chef-lieu communal est occupée par l’ANP depuis plusieurs années. Il faut, d’ailleurs, rappeler que la commune de Aïn Zaouia a payé un lourd tribut au cours de la décennie noire. Plus de 40 victimes ont été enregistrées lors de cette tragédie. L’ancien président de l’APW a aussi été assassiné par un groupe armé en 2006, dans cette localité. La période du terrorisme a, d’ailleurs, beaucoup freiné le développement local dans la commune. L’Assemblée communale est toujours confrontée à d’énormes difficultés pour réaliser le sursaut escompté par la population. La mission des élus n´est aucunement aisée.
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