C’est un nombre insignifiant», selon la Coordination nationale des enseignants de tamazight qui relève «le fossé qui sépare la réalité de l'enseignement de tamazight et le discours officiel». Les candidats qui ont passé l’épreuve de tamazight sont basés essentiellement dans les wilayas de la Kabylie (Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira), puisque 1000 candidats seulement sont issus des autres régions du pays, selon les statistiques officielles liées à cet examen. Le BEM a mis à nu l’absence de volonté politique pour la généralisation de l’enseignement de tamazight, qui reste facultative en dehors de la Kabylie, constate Mohamed Adjal, membre de la Coordination nationale des enseignants de tamazight. «Ce qui constitue une contradiction criante avec la politique prônée par le ministère.» Ce constat bat en brèche le discours véhiculé par le ministère de l’Education nationale faisant miroiter les efforts de généralisation dans 38 wilayas pour l’année en cours. «Le ministère a, certes, fait des efforts, mais c’est juste pour une présence symbolique de l’enseignement de cette langue dans les wilayas ne relevant pas de la Kabylie, de Batna ou de Khenchela», souligne le membre de la coordination de tamazight. Les enseignants de cette langue expliquent en effet que pour pouvoir postuler à l’épreuve du BEM, l’élève devrait avoir validé au moins quatre années d’études de cette langue, or, dans la majorité des wilayas concernées par cette matière, les élèves ont un enseignement discontinu et ne peuvent donc pas aboutir à la possibilité de passer l’examen. «Dans certaines wilayas, en dehors de la Kabylie, un seul enseignant dispense la matière pour quelques classes sans qu’il y ait une continuité dans le palier suivant. Ces élèves ne peuvent ainsi passer l’épreuve de tamazight dans le BEM, encore moins pour le baccalauréat». La Coordination nationale des enseignants de tamazight dénonce les «bâtons dans les roues» contre la généralisation de cette matière. Le recrutement des enseignants de cette langue rencontre des écueils, ce qui entrave leur installation et l’exercice de leur métier dans plusieurs wilayas. L’annonce de quelque 100 postes budgétaires pour l’enseignement de tamazight dans le primaire pour l’année 2018/2019, qui est loin de répondre aux besoins de la politique de la généralisation que prône le ministère, risque de connaître un échec, s’alarme la même coordination. Dans certaines wilayas, il est demandé au postulant au concours, qui se déroulera le 12 juin, un certificat de résidence. Sachant que la wilaya ne dispose pas sur son territoire de faculté ou département de langue et culture amazighes, ce qui rend impossible l’existence d’un candidat au concours avec certificat de résidence. Cette situation est dénoncée à Boumerdès, entre autres, qui projette de recruter une trentaine d’enseignants du primaire dans la matière de tamazight. La direction de l’éducation de cette wilaya rejette toutes les candidatures au concours sous prétexte de dossier non complet (le certificat de résidence est exigé au lieu d’une fiche de résidence ou un certificat d’hébergement plus faciles à fournir). A la prochaine rentrée, il y aura certainement une indisponibilité d’enseignants, faute de candidats au concours, s’inquiète M. Adjal qui appelle la tutelle à prendre en charge cette préoccupation qui constitue un réel blocage pour le recrutement des enseignants en dehors de la Kabylie. La coordination, qui lutte pour la levée du caractère facultatif de l’enseignement de tamazight, dénonce certains dysfonctionnements dans l’élaboration des sujets, contenant plusieurs pages dans tous les caractères enseignés. «Au lieu de tout ce paquets de feuilles, il suffisait d’envoyer le sujet selon le caractère enseigné dans chaque wilaya», souligne M. Adjal.
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