L’ancien candidat à l’élection présidentielle d’avril 2014 dresse un tableau peu reluisant de la situation du pays qu’il juge chaotique. «Nous sommes devant une impasse politique totale», souligne le conférencier pour qui le nœud du problème est la vacance du pouvoir qu’on essaie de maquiller par tous les moyens et qui cause d’immenses souffrances à la nation. Santé du président Abdelaziz Bouteflika, retour de l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, le soutien des pays du Golfe au Maroc sur la question du Sahara occidental, la visite de Abdelkader Messahel en Syrie et l’emprunt obligataire lancé par le gouvernement Abdelmalek Sellal, autant de questions auxquelles a répondu hier le président de Talaie El Houriat, Ali Benflis, lors d’une conférence de presse animée au siège de son parti à Ben Aknoun. L’ancien candidat à l’élection présidentielle d’avril 2014 dresse un tableau peu reluisant de la situation du pays qu’il juge chaotique. «Nous sommes devant une impasse politique totale», souligne le conférencier pour qui le nœud du problème est la vacance du pouvoir qu’on essaie de maquiller par tous les moyens et qui cause d’immenses souffrances à la nation. «Le régime en place, dit-il, n’est pas conscient du danger de l’effritement de l’Etat et de l’effondrement des institutions qui sont sous son contrôle.» «En se souciant aveuglément de sa pérennité, il ne mesure pas les menaces qu’il constitue pour le pays», ajoute Ali Benflis qui soutient que «cet entêtement a un prix politique, économique, social et sécuritaire». «Et ce prix commence, selon lui, à être un lourd et insoutenable fardeau pour la collectivité nationale.» Le conférencier explique en effet la question de la vacance du pouvoir en se référant à la résolution politique de la dernière réunion du comité central de son parti qui met l’accent «sur la vacance du pouvoir qui a permis aux forces extraconstitutionnelles de s’emparer de la décision nationale». La solution à cette incroyable impasse ? Pour Ali Benflis, l’unique issue réside en «le retour au peuple souverain à travers un processus électoral immunisé de la fraude électorale de l’appareil politico-administratif qui travaille pour le compte du régime en place». Pas seulement, l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2014, préconise, après la «relégitimation» des institutions de «revoir de fond en comble la gouvernance du pays qui est basée sur la rente, le clientélisme et la corruption pour la reconstruire sur des fondements sains, la compétence, l’initiative et la création de richesses pour un développement équilibré et cohérent». Questionné sur la photo du Président tweetée par le Premier ministre français, Manuel Valls, et sur la santé du chef de l’Etat, Ali Benflis a indiqué qu’il s’est abstenu de tout commentaire sur l’image de Abdelaziz Bouteflika. Mais il pense qu’il est possible que l’objectif est d’occuper les gens et de les détourner des véritables problèmes qui se posent au pays. Pour lui, «l’Algérie est tellement grande, qu’aucune image, aussi souffrante qu’elle soit, n’est capable de la réduire». Ali Benflis a précisé qu’«il n’attendait pas cette photo pour découvrir la vacance du pouvoir». Seulement, dit-il, «l’idée que je me fais de la politique m’interdit d’utiliser l’image du chef de l’Etat à des fins politiques». Et là, ajoute le président de Talaie El Houriat, «mes sentiments d’être humain priment sur toute autre chose et en tant que croyant, je ne peux que lui souhaiter un prompt rétablissement». «La vacance du pouvoir a fragilisé notre politique extérieure» «Je n’ai pas de problèmes personnels avec lui, nos divergences sont politiques», précise le conférencier. A propos du retour de l’ancien ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, Ali Benflis tranche : «Talaie El Houriat est un parti sérieux, tout le monde sait que la justice l’a poursuivi, un mandat d’arrêt a été lancé. Tout en étant soucieux du respect du principe cardinal qui est la présomption d’innocence, il y a lieu de constater que la justice a reçu un coup fatal du fait qu’elle est devenue un instrument entre les mains du régime en place qui ne croit ni à l’indépendance de la justice ni à la séparation des pouvoirs.» Au sujet du soutien des pays du Golfe au Maroc, Ali Benflis ne mâche pas ses mots. Selon lui, «le poids de l’Algérie à l’extérieur ne reflète en réalité que la fragilité du pays sur le plan interne». «Ces tristes résultats ne sont que la conséquence de la vacance du pouvoir», explique-t-il avant d’ajouter que «si au plan interne l’on peut manœuvrer, à l’extérieur cela se paie cash». Ali Benflis, qui estime qu’il n’a pas toutes les donnes pour commenter le déplacement de Abdelkader Messahel à Damas, en Syrie, où il a rencontré le président Bachar Al Assad, souligne néanmoins que l’Algérie doit soutenir les causes justes des peuples. Il cite «l’exemple libyen où notre diplomatie a perdu la main, parce qu’elle a soutenu le régime». «Vous voyez le résultat aujourd’hui, on est incapable de peser sur le cours des événements», déclare Ali Benflis, pour qui «la vacance du pouvoir a fragilisé notre politique extérieure». Le président de Talaie El Houriat a aussi commenté le scandale Panama Papers en soulignant que «la corruption n’est pas un cas rare chez nous». «C’est un produit systémique», dit-il. «La grande criminalité financière n’est pas combattue par le régime en place non légitime. Pis, il en est complice» affirme Ali Benflis qui a critiqué l’opération de l’emprunt obligataire. Qui a décidé de cette opération ? s’interroge le conférencier. «Le Conseil des ministres ? Il ne s’est pas réuni depuis le 11 janvier dernier.» «Ni le volume de l’emprunt ni les secteurs visés par ces investissements ne sont connus du public», fait remarqué le président de Talaie El Houriat qui qualifie cette décision de manœuvre et de subterfuge dénotant de l’absence totale de gouvernance. Après avoir échoué à capter l’argent de l’informel, en lui imposant une pénalité de 7%, dit-il, il passe à une autre étape. Pour Ali Benflis, «le régime en place est passé d’une amnistie fiscale pénalisée à une amnistie fiscale rémunérée», parce que l’emprunt obligataire bénéficie d’un taux d’intérêt de 5%.
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