mercredi 27 avril 2016

La population lourdement pénalisée

Il y a quelques mois, des citoyens en colère ont fermé la RN9 à hauteur du tunnel de Kherrata, alors que des centaines d’automobilistes étaient pris au piège à l’intérieur. Pour la deuxième journée consécutive et pour la énième fois à Béjaïa, les citoyens ont recouru à la fermeture des voies d’accès comme moyen de se faire entendre par des autorités, qui semblent dépassées par les événements. Depuis deux jours, la RN12 reliant Béjaïa à Tizi Ouzou via la ville d’El Kseur fait l’objet d’une fermeture hermétique par d’irréductibles protestataires de la commune de Oued Ghir, remontés contre la présence encombrante d’un centre d’enfouissement technique (CET) à proximité de leurs habitations. A l’aide d’objets hétéroclites, ils ont obstrué la voie en trois endroits, créant des bouchons monstres et suscitant, par conséquent, le courroux de centaines d’automobilistes qui se sont retrouvés pris au piège. Ceux d’entre eux qui sont parvenus à s’extirper du piège des bouchons ont été dans l’obligation d’emprunter des voies de contournement tortueuses et des routes de montagnes pour rallier leur destination. Ce que les autorités appellent à tort un CET est à l’origine de cette situation inextricable. Les autorités ont fini par être rattrapées par les événements et sont, encore une fois, prises en flagrant délit d’incompétence, d’improvisation et de gestion aussi maladroite qu’inconséquente. Le dit CET a été ouvert en grande pompe en août dernier par l’ancien wali, Hamou Ahmed Touhami, en remplacement de la décharge de Boulimat qui accueillait les ordures de la ville de Béjaïa. A l’époque, l’effet d’annonce avait pris le dessus sur l’efficacité et à peine six mois plus tard, toutes les tares du nouvel équipement ont été mises à nu. Celui-ci est implanté dans le plus «simple appareil», sans aucun attribut attenant permettant d’avancer qu’il s’agit d’un vrai CET. En somme, en agissant de la sorte, les autorités n’ont fait que déplacer le problème de Boulimat à Sidi Boudrahem (Oued Ghir), obligeant la population à composer avec les mauvaises odeurs, la fumée, les animaux errants et les rejets toxiques (lixiviats) menaçant dangereusement la santé publique et l’environnement. «Gestion maladroite» Il y a dix jours, pour apaiser les tensions après une première fermeture de la route et dudit CET par les protestataires, le wali, Ouled Salah Zitouni, a annoncé l’acquisition d’une station d’épuration des lixiviats, en vain. La population, qui exige des «engagements écrits», réclame la fermeture «définitive du CET» ou l’implantation d’un centre de tri, plus approprié et respectueux de l’environnement et du voisinage. Pour l’instant, aucune issue n’est trouvée pour désamorcer la situation. En attendant, populations et opérateurs économiques sont éprouvés par les fermetures intempestives des voies d’accès. Les actions n’ont aucune limite, au point qu’il y a quelques mois, des citoyens en colère ont fermé la RN9, à hauteur du tunnel de Kherrata, avec des centaines d’automobilistes pris au piège à l’intérieur. Economiquement, le préjudice est incommensurable. Comptant parmi les wilayas les plus actives du pays, c’est des usines de Béjaïa que sort le gros des produits agroalimentaires consommés dans toutes les régions d’Algérie. La wilaya compte aussi l’un des ports les plus actifs du pays. Paradoxalement, c’est l’une des wilayas les moins bien loties en matière de projets structurants et de viabilisation. Les opérateurs économiques les plus téméraires arrivent à peine à garder la tête hors de l’eau, d’autres ont déjà jeté l’éponge en délocalisant sous des cieux plus accueillants. Et pendant ce temps, les pouvoirs publics clament leur innocence à chaque fois que l’occasion se présente et se complaisent à faire porter le chapeau à la seule radicalité des citoyens pour faire écran à leur incompétence, absence de vision, d’anticipation et leur gestion au jour le jour.

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