vendredi 29 avril 2016

Ce que vous devez savoir sur les réformes de l’éducation

Plus d’éducation islamique au bac, annulation de l’examen de la 5e, et enseignement du français à partir de la 2e année primaire... De nombreuses annonces ont été faites et moult rumeurs se sont répandues sur les nouvelles réformes de Benghebrit. El Watan Week-end a tiré le vrai du faux. Appelée communément réforme de deuxième génération, cette appellation «n’est pas correcte». En effet, Il n’y a pas de réforme de 2e génération. Un pédagogue anonyme explique : «Il n’y a qu’une seule réforme, celle initiée en 2003 à partir du rapport de la Commission nationale de la réforme du système éducatif (CNRSE) installée en 2001 par le président de la République.» Bachir Hakem, enseignant et membre du CLA, affirme : «on les appelle programmes de deuxième génération, et ce, par rapport aux programmes de la première génération de la réforme engagée en 2003.» Ces nouveaux programmes visent à instituer l’approche par compétence. «Il est question d’assurer le développement de l’esprit critique chez l’élève et ses capacités d’analyse. Ces programmes ont été établis sur les horaires qui sont en cours depuis 2013. Ce qui est demandé dans les nouveaux programmes, c’est le retour à une année scolaire de 36 semaines», conclut l’enseignant. Ainsi, plusieurs arrangements ont été apportés aux programmes et de nombreuses décisions ont été annoncées. on vous démêle le vrai du faux. - Annulation de l’épreuve d’éducation islamique. Faux Alors que la Coordination nationale des enseignants de sciences islamiques s’est indignée face à la supposée suppression de l’épreuve de l’éducation islamique au bac, il paraît que cela n’est finalement qu’une rumeur. En effet, selon Mohamed Cherfaoui, chargé de communication au ministère de l’Education, cela est faux. «Nous n’avons rien changé. Dans le site du ministère figure tout le programme avec les matières. Et il est clairement mentionné que rien n’a été touché.» A cette nouvelle, un pédagogue anonyme se désole : «Encore un mensonge et une intoxication médiatique de la part des ennemis du progrès. A ce que je sache, on n’a jamais évoqué la suppression de l’éducation islamique.» De son côté, Bachir Hakem estime que «même si tout le monde pense qu’au lieu de mal enseigner cette matière ou obliger les élèves à l’apprendre ne lui rend pas service, l’annulation de cette épreuve est juste impossible car cela devient une affaire d’Etat. Malheureusement, cela reste encore un sujet tabou, car annuler l’épreuve de l’éducation islamique veut dire être d’une autre religion ou athée.» Kamel Nouari, directeur d’un collège à Médea, est lui plutôt favorable à l’idée de réduire les heures de cours de cette matière. Il soutient : «Je suis pour le fait de réduire le coefficient de cette matière au lycée. Je pense aussi qu’on devrait lui changer de dénomination et passer à éducation religieuse, et revoir le contenu des programmes afin qu’il soit en adéquation avec les exigences de notre époque.» Meziane Meriane, porte-parole du Snapest, conclut : «Pour l’instant, il n’y a pas d’annulation de l’épreuve d’éducation islamique. Cependant, si on veut limiter le nombre de journées d’examen, on sera peut-être obligé de le faire. Trois jours d’examens, comme cela a déjà été évoqué, équivaut en moyenne à 5 épreuves. Donc, les matières secondaires seront passées en première année de lycée.» - Annulation de l’épreuve de 5e. Faux Contrairement à ce que pensent beaucoup, «l’examen de fin de cycle primaire ne sera pas annulé», a affirmé la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit. D’ailleurs, l’examen est fixé pour le 22 mai prochain. Cependant, «les élèves passeront les épreuves dans leur établissement», a précisé la ministre. Pour Bachir Hakem, annuler cet examen ne serait pas un problème. Il estime que «tant que le taux de réussite chaque année est dans les 90%, autant l’annuler». Un avis partagé par Kamel Nouari, qui va encore plus loin et avoue : «Je suis pour l’annulation de toute forme d’évaluation au primaire. En d’autres termes, la suppression des devoirs et des compositions.» Un avis partagé par un pédagogue anonyme qui confie : «Il est temps de mettre fin aux pratiques et mœurs scolaires traditionnelles (examens/sanctions, notation/sanctions, compositions trimestrielles…) que nous avons héritées de l’école coloniale, qui était hyper sélective au profit des enfants issus des familles aisées. Ce débat est inévitable et j’espère qu’il aura lieu un jour. Le plus tôt serait le mieux.» - Annulation du bac sportif qui sera remplacé par la note annuelle de l’élève.  Vrai La ministre de l’Education nationale, Noria Benghebrit, l’avait préalablement annoncé : certaines matières du baccalauréat allaient être annulées et remplacées par les moyennes des notes obtenues durant toute l’année scolaire. ça sera le cas pour l’épreuve d’éducation physique et sportive dès 2016. Pour Bachir Hakem, «cela est une très bonne chose car il n’y aura plus aucune intervention mettant tous les candidats sur le même pied d’égalité». Meziane Meriane trouve lui aussi cette idée bonne. «Il n’y a aucune incidence sur le parcours sportif des enfants et cela les encourage à faire du sport», affirme-t-il. De son côté, Kamel Nouari estime qu’il faut carrément supprimer cette épreuve. Il préfère que «les candidats soient examinés dans les matières essentielles». Ainsi, ce dernier plaide pour «la suppression de l’épreuve d’éducation sportive». - Etudier le français en 2e année primaire au lieu de la 4e année. Faux Si cette information a été relayée par plusieurs médias, le ministère de l’Education  affirme que cela n’est qu’une simple rumeur. «Cette information est totalement fausse. On ne va pas commencer à enseigner le français en 2e année primaire. Cela se fera à partir de la 4e année, comme cela a toujours été fait», affirme Mohamed Cherfaoui. Même s’il ne s’agit que d’une rumeur, les professionnels de l’éducation s’accordent à dire que cela serait une bonne chose. Bachir Hakem estime que «cela serait une bonne chose d’apprendre une langue le plus tôt possible». Ainsi, parmi les compétences visées en urgence, on cite la maîtrise des langues. A cet effet, le professeur Abderrezak Dourari, directeur du Centre national pédagogique et linguistique de l’enseignement de tamazight (CNPLET) affirme : «La langue française devra être maîtrisée à un très haut niveau afin de pouvoir l’utiliser comme moyen d’accès aux sciences modernes sans attendre la traduction. L’enseigner aux petites classes est donc une bonne idée.» - Changement de certains programmes en intégrant des écrivains et poètes algériens. Vrai C’est lors d’une conférence présidée par l’inspecteur général au ministère de l’Education qu’il a été décidé de concrétiser l’idée proposée lors des travaux de la conférence nationale pour la réforme de l’école : introduire les textes d’auteurs algériens dans les manuels scolaires. La ministre de l’Education a même insisté sur la nécessité à ce que 10% des textes littéraires des livres scolaires soient tirés des œuvres d’auteurs et penseurs algériens. Un pédagogue anonyme se réjouit : «Il était temps de réhabiliter le patrimoine culturel algérien en donnant à nos écrivains toute la place qu’ils méritent dans les manuels scolaires.» Et de s’interroger : «Est-il admissible que nos enfants ignorent tout de Kateb Yacine, Abdelhamid Benhadouga, Assia Djebar, Waciny Laaredj, Ahlem Mostaghanemi, pour ne citer que ceux-là, alors qu’ils sont célébrés dans d’autres pays ? Nous devons nourrir nos enfants à la mamelle de leur identité culturelle et non pas à la fontaine du wahhabisme intolérant, de textes d’auteurs inconnus, souvent fabriqués pour des desseins inavouables.» Kamel Nouari partage cet avis et confie : «Faire connaître à nos enfants les textes de nos écrivains est une excellente chose. C’est mieux pour eux que de leur enseigner les textes d’écrivains du Moyen-Orient.» Meziane Meriane va plus loin et assure que cette initiative va «renforcer l’unité nationale». Il explique : «Intégrer les écrivains algériens va algérianiser davantage l’école algérienne. L’enfant va évoluer dans son imaginaire algérien au lieu d’évoluer dans un imaginaire étranger. Cela va renforcer la cohésion nationale.» Cependant, Bachir Hakem y voit un petit inconvénient. Selon lui, «la littérature est universelle. Elle exige donc de connaître aussi bien les poètes algériens que les autres. La meilleure solution est donc d’établir un programme par siècle tout au long de la scolarité de l’élève et intégrer tous les écrivains, aussi bien algériens qu’étrangers.» - Un calendrier des examens et de vacances spécifique pour les élèves du Sud dès l’année prochaine. Vrai Suite à la protestation des élèves du Sud quant au calendrier des examens, la ministre de l’Education a proposé une nouvelle idée : organiser les examens de 3e trimestre de façon non unifiée et cela dès l’année prochaine. Cependant, la ministre a émis deux conditions : le respect du volume horaire et de toutes les parties concernées (responsables de wilayas, élèves et parents). Meziane Meriane trouve qu’il s’agit d’une très bonne nouvelle et confie : «cela ne sera que justice rendue d’avoir un calendrier spécifique pour le Sud avec les grandes chaleurs.» De son côté, Bachir Hakem propose : «Le baccalauréat par académie est aussi national et moins coûteux. Donc, un baccalauréat dans les 48 wilayas suivant les conditions de chaque région et des vacances suivant les régions ne pose aucun problème et surtout entre le Nord et le Sud.» Kamel Nouari, lui, préfère que les examens soient unifiés à l’echelle nationale, mais il n’est cependant pas contre que chaque région ait son propre calendrier de vacances.  

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