L’Algérie et la Russie dansent sur le même tempo. Crise pétrolière, conflits syrien et libyen, approche anti-atlantiste d’intervention militaire dans les conflits ; que de points de convergence entre Moscou et Alger qui réactivent depuis quelque temps les lignes de l’entente entre les deux pays. La visite de deux jours effectuée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à Moscou a permis de resserrer des liens qui ne peuvent que se renforcer en ces temps du tout-sécuritaire que prône l’Occident. «Alger et Moscou peuvent bâtir des partenariats et créer un pont», a déclaré Abdelmalek Sellal au sortir de son entretien avec son homologue le président du gouvernement russe, Dmitri Medvedev. «L’amitié qui a toujours marqué les relations algéro-russes est pour l’Algérie un principe sur lequel, nous ne revenons pas.» M. Sellal est même revenu dans sa déclaration sur la récente visite du ministre des Affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, en Syrie, première du genre depuis 2011 dans ce pays sanctionné par la Ligue arabe. «Cette visite s’inscrit dans cette logique visant à parvenir à des solutions politiques pour les conflits qui se posent actuellement à travers le globe», dit-il à ses interlocuteurs russes, soutien le plus fort du régime syrien. Une déclaration qui intervient, alors qu’un responsable de l’Otan avertit, à partir de la capitale marocaine, qu’un deuxième Printemps arabe pourrait survenir dans les pays arabes qui n’ont pas encore entrepris les réformes nécessaires. L’entente politique entre Alger et Moscou ne saurait se priver du renforcement des échanges et de la coopération économiques. Cinq accords signés Des accords ont d’ailleurs été signés hier entre les deux gouvernements. Il s’agit d’un mémorandum d’entente dans le domaine de l’habitat, un programme de coopération culturel algéro-russe 2016-2018, un accord de coopération entre l’Agence de presse algérienne (APS) et Rossiya Segodnya, et un mémorandum d’entente entre le Commissariat à l’énergie atomique (Comena) et la corporation d’Etat russe (Rosatom), ainsi qu’un mémorandum d’entente entre l’Agence nationale de promotion et développement des parcs technologiques (ANPT) et la Fondation Skolkovo. Mais l’entente économique entre les deux pays ne saurait être complète sans le dossier hydrocarbures. L’agence Sputnik rapporte que le Premier ministre algérien a annoncé, lors du forum d’affaires, un rapprochement avec le géant russe Gazprom. «La compagnie pétrolière et gazière Gazprom et l’Algérie comptent établir un plan de coopération, notamment dans le développement du gaz de schiste», a-t-il déclaré en appelant à la nécessité de régler la crise des prix du pétrole qui affecte l’économie des deux pays. Par ailleurs, M. Sellal explique à ses interlocuteurs russes que l’Algérie «compte sur la diversification de l’économie nationale pour se libérer définitivement de la dépendance aux hydrocarbures». Il appelle ainsi la partie russe à investir en Algérie dans les secteurs de l’agriculture et de l’industrie. Le ministre de l’Industrie, Abdessalem Bouchouareb, a déclaré à l’APS que des négociations sont avancées et seront bientôt concrétisées avec la partie russe pour la transformation du phosphate avec le groupe EuroChem et une coopération entre un institut russe et le groupe public Manal pour la réalisation d’un projet d’exploration et de transformation des produits minéraux découverts en commun. Dans le domaine de l’industrie mécanique, un projet de partenariat entre le groupe SNVI et la société Urval Vagon Zavod est prévu pour la création d’une joint-venture de fabrication et maintenance de wagons. La formation et la recherche dans le domaine des mines représentent un axe important dans la coopération bilatérale, avec la signature de plusieurs contrats d’assistance technique. Les industries pharmaceutique, textiles et bois sont autant de domaines qui ouvrent des pistes de partenariat entre les deux pays.
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