jeudi 28 avril 2016

«Le phénomène nécessite une approche scientifique»

- Comment vous est venue l’idée d’organiser ce séminaire dont le sujet est pour le moins inédit ? Certes, le sujet  est inédit – quoique d’autres séminaires et journées d’étude ont été organisés auparavant – mais avec l’état actuel de la circulation routière en Algérie, nul ne peut fermer l’œil sur nos pratiques (et je souligne ce «nos») inappropriées sur nos routes. Notre slogan qui s’affiche est clair et net. «Vers un meilleur usage de la route» reflète quelque part la résultante de nos recherches effectuées au niveau du laboratoire. - En Algérie, nous qualifions d’hécatombe le bilan annuel des accidents de la route, où le facteur humain est en cause dans 90% des cas. Quelle en est votre analyse ? Comme l’usager de la route, le concepteur des véhicules, l’aménageur des circuits est un être humain et, automatiquement, il est responsable de tout ce système complexe. La complexité de la situation routière avec l’évolution actuelle de l’urbanisation de nos villes «engendre» de données nouvelles à prendre en considération dans  la formation des conducteurs et des piétons. Préparer le citoyen à être éveillé, attentionné, prévenant dans son comportement routier, conscient de sa responsabilité envers soi et envers l’autre (concitoyen) est une condition sine qua non pour diminuer le nombre d’accidents qui suivent malheureusement une courbe ascendante. - Le laboratoire de la psychologie de l’usager de la route en tant qu’outil pédagogique dispose-t-il de moyens, voire de vision pour contribuer à comprendre les causes et apporter les solutions ? De par sa thématique inédite encore mal saisie, le laboratoire rencontre quelques difficultés à s’insérer dans le flux des recherches psychologiques à l’université algérienne, mais il arrive quand même à attirer l’attention des chercheurs et des praticiens dans le domaine. Nos rapports et collaborations avec nos confrères d’ici et d’ailleurs nous motivent à faire plus et mieux. Certes, on trébuche comme tout débutant, par manque de moyens et parfois de visibilité au niveau national.  On est conscient que notre première mission est de se faire connaître  puis d’expliquer notre vision du problème et d’apporter les propositions de solutions qui demandent une perspicacité et un dévouement de tous. - La sortie de la première promotion du master de ce laboratoire est attendue pour juin prochain. Quel sera le rôle de ces futurs spécialistes dans la réduction des accidents de la route qui font 4000 morts par année et au moins 20 000 blessés ? Il faut d’abord savoir que cette formation est venue comme réponse au constat dramatique sur nos routes. La gravité de la situation nous a poussés à nous «aventurer» dans cette formation de «Psychologie de la circulation», niveau master. Nos objectifs sont clairs : analyse scientifique des comportements des usagers de la route, qualité de formation pour les conducteurs, sensibilisation, éducation routière, biomécanique (complémentarité homme/véhicule), intelligence territoriale, prise en charge des victimes et de leurs familles et des proches… Bref une panoplie de modules  traitant la question dans toutes ses dimensions. Enfin, on tient à être fidèle à notre rôle d’universitaires appelés à répondre aux appels de notre environnement et  contribuer à la recherche des solutions aux problèmes posés dans notre société. De ce fait, nos diplômés spécialisés pourront contribuer d’une façon perspicace à la prise en charge de ce phénomène et la gestion scientifique de la situation.

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