Un grave accident de la circulation est survenu, samedi vers 19h30, près de Boulekroud, sur le CW28 reliant le chef-lieu de wilaya à la commune de Aïn Zouit, à l’ouest de Skikda. Selon un bilan des services hospitaliers, rendu public dans la matinée d’hier, on déplore la mort de 9 personnes (5 femmes, 2 hommes et 2 jeunes garçons) dont une a succombé à ses blessures à l’hôpital. On dénombre également 28 blessés. «Dix-neuf blessés sont encore en observation et les autres ont quitté l’hôpital dans la soirée de samedi», précise le docteur Bouarroudj, directeur du nouvel hôpital de Skikda, en mentionnant que le pronostic vital de l’ensemble des blessés se trouvant encore à l’hôpital n’est pas engagé. Durant toute la nuit de samedi à dimanche, un dispositif de secours et de recherches a été mis en place par la Protection civile, aidée, il faut le mentionner, par des dizaines de volontaires. Sur les lieux, on a surtout remarqué le manque d’éclairage, ce qui n’a pas facilité la tâche aux sauveteurs obligés de scruter dans l’obscurité la moindre parcelle du maquis où gisaient le bus et le véhicule léger. «On a retrouvé la dernière victime vers 22h. On a procédé à un ratissage en dépit des contraintes liées au terrain. L’opération s’est clôturée aujourd’hui (hier, ndlr) à 7h 45», a rapporté un officier de la Protection civile. M. Damech, directeur de la santé de la wilaya de Skikda, fait remarquer, pour sa part, «la spontanéité du personnel médical et paramédical qui a rejoint le nouvel hôpital dès l’annonce de l’accident. Même des médecins privés sont venus nous aider». Selon des témoins oculaires rencontrés sur les lieux le soir même, ce drame aurait été causé par l’état de la route et aussi par une défaillance mécanique. «On a vu le bus qui dévalait cette descente et semblait avoir perdu l’usage de ses freins avant de percuter, violemment, un véhicule léger à bord duquel se trouvait une famille de cinq personnes. La violence du choc a carrément propulsé le véhicule léger qui est allé chuter dans un ravin. Le bus a poursuivi sa course folle sur quelques mètres avant de se renverser dans le même ravin, plus de 50 m plus bas.» Ce témoignage est conforté par celui d’un blessé rencontré au nouvel hôpital. Il rapporte les mêmes faits : «Je me souviens du conducteur du bus qui criait : ‘On va mourir… On va mourir !’ Les freins ne répondaient plus et je revois encore le véhicule léger qui a été percuté. Je l’ai vu presque voler et sombrer par la suite dans le vide. Après je ne me souviens de rien, sauf que je m’étais retrouvé dans un bus plein de morts et de blessés. Malgré mes blessures, j’ai essayé de sauver deux enfants, mais je ne parvenais pas à grimper ce talus, alors j’ai crié ‘venez nous aider, venez nous aider’. Après, ce fut le vide et je n’ai repris conscience qu’à l’hôpital.» Le plus dramatique dans cet accident, c’est que toutes les victimes étaient de la même famille ou parents par alliance. «On a organisé une sortie familiale à la plage Oued Bibi et c’est lors du retour que le drame s’est produit. Moi, j’ai perdu ma mère, ma femme et ma sœur», témoigne, les larmes aux yeux, un blessé. Toutes les personnes accourues dans la soirée de samedi au nouvel hôpital se connaissaient. Même hier, l’atmosphère triste et insoutenable de la veille était encore perceptible. Les pleurs de L. S. Khalil, 9 ans à peine, légèrement blessé, ont carrément bouleversé les présents. «Il était à bord du véhicule léger avec ses deux parents, sa sœur aînée et son frère. Il est le seul survivant. Il a été éjecté du véhicule lors du choc, ce qui l’a sauvé», raconte son grand-père, venu à son chevet. Cet accident, qui a suscité l’émoi dans la ville de Skikda et en dépit des marques de compassion, a aussi été très commenté par la population qui dit ne pas comprendre pourquoi cette route très en pente et connue pour sa dangerosité n’a jamais attiré l’attention des pouvoirs publics. Les habitants de la région n’y sont pas allé de main morte, et ce, quelques heures seulement après l’accident, pour fustiger les responsables locaux. «On n’a cessé de dénoncer ce fait. On a même adressé un CD au ministre des Travaux publics pour attirer son attention sur le danger que représente cette route. On a alerté aussi les responsables locaux, en vain. Que les gens sachent que ce n’est pas le premier accident survenu sur ce tronçon. Un bus, deux véhicules légers et un véhicule utilitaire ont déjà connu le même sort. C’est la route de la mort.» La route, il suffit de la voir pour constater qu’elle représente un réel danger. Caractérisée par une forte pente, elle se distingue aussi par plusieurs virages. Sur le lieu de cet accident, on n’a même pas implanté des garde-fous pour minimiser les risques de chute.
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