Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, a appelé, hier à partir de Blida, la société civile à accompagner l’effort consenti par l’Etat dans le développement du pays et la préservation des acquis consacrés au profit du citoyen. Il a estimé en outre que le citoyen est devenu, aujourd’hui, grâce à son implication dans des associations, un «acteur principal dans le développement national». Cependant, le ministre incite le citoyen à ne pas se contenter de revendiquer, mais à être, également, «conscient de son rôle dans la préservation des acquis consentis par le pays». Ces déclarations ont leur importance particulièrement dans cette phase délicate que traverse le pays, caractérisée par la crise économique et la chute drastique du pouvoir d’achat. Une situation qui risque d’alimenter le mécontentement social. Pour M. Bedoui, la «préservation de la sécurité et de la stabilité est prioritaire», vient ensuite la «préservation des acquis consacrés par l’Algérie, au prix d’énormes efforts consentis des années durant». Le ministre ne veut pas souffler sur le brasier et préconise l’apaisement à la veille de la rentrée sociale. «Nous avons la volonté et les moyens pour aller de l’avant et consacrer ensemble notre objectif qui est d’être à la hauteur des aspirations du citoyen algérien, qui a souffert durant les années 1990», a poursuivi le ministre, mais en contrepartie, «il est de son devoir de soutenir cette dynamique par la coopération et l’intégration de la société civile, afin de préserver ces acquis». Les propos du ministre pourront-ils réellement faire renaître la société civile ? Privées ces dernières années de moyens d’expression, sans interlocuteur valable, tout un pan de la population a souvent déversé dans la rue une colère trop longtemps contenue, ce qui a occasionné, dans la confrontation avec les forces de sécurité, des pertes humaines et des dégâts matériels considérables. Certes, quelques voix au sein de ce qui reste de la société civile ont tenté de combler ce vide existant entre la population et les pouvoirs publics pour désamorcer les crises et ramener la sérénité. Mais leur initiative reste au fond dérisoire. Certains vont jusqu’à parler de récupération politique. Pour nombre d’observateurs, il existe un besoin de retisser le fil : au niveau de l’Etat, il y a nécessité de réfléchir sur son approche de la société civile et la manière dont il la définit dans la réalité. L’évolution des dix dernières années montre que les associations souffrent d’un déficit de légitimité : elles ne sont pas reconnues comme acteurs alors qu’elles sont dans la médiation. En parallèle de l’émergence d’un noyau associatif autonome sont apparues de nombreuses associations qui gravitent autour des APC et de la wilaya et qui souvent sont liées à l’administration, la «famille révolutionnaire» ou les anciennes organisations de masse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire