A l’approche des élections législatives, qui devraient se tenir au printemps 2017, le recours à une campagne sur internet sera d’une certaine utilité pour les candidats qui sauront trouver le mot juste et le message adéquat pour convaincre d’éventuels électeurs. Mais au-delà des législatives, l’enjeu est de loin plus décisif : gagner la confiance des jeunes, cette frange de la société la plus «connectée», mais aussi la plus sceptique envers les politiques et leurs discours, et ce, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition. Les formations politiques se disent conscientes de l’importance des outils de communication qu’offre la Toile. Mais savoir en tirer profit est une autre paire de manches. Commençons par le FLN. Ce parti, au pouvoir, dispose d’un site rudimentaire et d’une page facebook qui compte un peu plus de 15 000 abonnés. Il a aussi une centaine d’abonnés à sa chaîne YouTube et 227 followers sur twitter. Une piètre performance pour un parti qui revendique le titre de la première force politique du pays. Le RND accuse, lui aussi, un très grand retard dans ce domaine. Il dispose d’un site depuis plusieurs années, mais sa présence sur les réseaux sociaux est très récente. Sa page facebook, lancée il y a quelques mois, compte à peu près 8700 abonnés. Sa chaîne YouTube, inaugurée également récemment, ne compte que 300 abonnés. Sur twitter, le RND est tout simplement absent. L’offensive du parti d’Ahmed Ouyahia sur le web devrait être lancée à partir de septembre prochain, promet son chargé de communication, Seddik Chihab. Le parti a adopté, lors de son dernier congrès, une résolution dédiée spécialement au «développement de la communication sur le web». Le RND envisage de «faire appel à des spécialistes pour développer sa présence sur le web, à partir de la prochaine rentrée sociale». Contrairement aux partis au pouvoir qui disposent de l’accès aux médias lourds, ceux de l’opposition n’ont pas d’autre choix que de jeter leur dévolu sur des canaux qui échappent, relativement, au contrôle du gouvernement. «Nos messages ne passent pas via les chaînes de TV de l’Etat. Nous sommes exclus également des chaînes privées soumises au pouvoir. Il ne nous reste donc que les journaux indépendants et les réseaux sociaux», explique Atmane Mazzouz, chargé de communication du RCD. Des cadres de ce parti participent à des sessions de formation portant sur la communication et les réseaux sociaux. Mais en termes de chiffre, le RCD ne donne pas l’impression d’avoir réussi le challenge de la communication sur la Toile. Sa page officielle sur facebook ne compte que 11 200 abonnés, tandis que sa chaîne YouTube est suivie par quelque 600 personnes. Sur twitter, le RCD ne compte que 800 followers. Le phénomène Rachid Nekkaz Son allié au sein de la CLTD, le MSP, a fait mieux. Le mouvement dirigé par Abderazzak Makri dispose d’un site dynamique et d’une page facebook qui compte 46 000 abonnés. Le FFS, en dépit des efforts consentis ces dernières années, peine à s’imposer sur les réseaux sociaux. Sa page officielle sur facebook ne compte que 7500 abonnés tandis que celle de son groupe parlementaire n’a réussi à attirer que 4800 «fans». Le peu d’enthousiasme suscité par les différents partis sur la Toile est dû au fait que la mission de gérer ces nouveaux outils n’a pas été confiée à des professionnels, explique Meliza Baghdad, community manager (CM) dans une entreprise à Alger. Le community manager est un métier à part, dont beaucoup d’hommes politiques algériens semblent ignorer l’existence. «Le CM ne se contente pas de partager des vidéos ou des articles, il formule des messages précis et corrects et assure la mission d’interagir avec la communauté», explique-t-elle. Meliza Baghdad recommande aussi aux hommes politiques de créer des publicités sur les réseaux sociaux (ADS) pour toucher plus de monde. Rachid Nekkaz semble le seul homme politique à avoir compris l’enjeu du web. Indépendamment du jugement que l’on peut porter sur son projet politique, sa page facebook compte près d’un million de fans, dont une majorité de jeunes.
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