Fabrice Combolive a été désigné l’été 2017 au poste de directeur des opérations de la région AMI (Afrique, Moyen-Orient et Inde), l’Iran et le Pakistan. Diplômé de l’Ecole supérieure de commerce de Toulouse, il a rejoint le groupe Renault en 1992 occupant différents postes dans le commerce, notamment en Espagne, en Suisse et en France. Ensuite il avait été nommé directeur de marketing de Renault Allemagne avant d’être désigné directeur commercial de Renault, Dacia et Nissan en Roumanie. Fabrice a été par la suite promu directeur commercial de Renault en Russie et en Eurasie et directeur général de Renault Brésil. Fabrice Combolive se trouve actuellement à Alger pour le lancement de la phase II de Renault Production Algérie. Ainsi, pour la future usine CKD de Renault Production, il a précisé qu’il compte débuter la production avec 100 000 véhicules avant d’atteindre à terme au minimum 250 000 véhicules. Il a par ailleurs annoncé dans cet entretien le lancement de la Clio 4 MIB pour mars, et souligné un objectif d’intégrer 2 à 3 autres technologies (sous-traitants) dans les lignes SKD d’ici la fin 2018 et d’en avoir plus d’une dizaine avant l’arrivée de l’usine CKD. - Après un peu plus de trois ans d’activité de l’usine de Oued Tlélat (Oran), quel bilan faites-vous en tant que patron de la région AMI ? Le premier bilan qu’il faut tirer pour l’usine d’Oran, c’est que finalement toutes les étapes de l’agenda ont été respectées. Le contrat a été signé fin 2012. L’objectif était d’avoir l’usine prête deux ans après, et elle a vraiment ouvert en décembre 2014. Ensuite, l’objectif était de monter en cadence et de rajouter des modèles sur la chaîne et finalement chaque année la production a augmenté, en dépassant même les objectifs initiaux. En termes de modèles, on est passé successivement de la Renault Symbol, à la Dacia Sandero Stepway et maintenant la Cio 4, ce qui donne une offre diversifiée. Le bilan que j’en tire, c’est qu’en termes de délais et d’engagement on a été franchement aussi bien, aussi bons et aussi forts que dans les autres pays que j’ai vus, voire même un peu en avance. En termes de la production, on fait le maximum et en tout cas la croissance est forte. Quant à l’intégration locale, un aspect très important, on est à un peu plus de 1000 personnes qui travaillent au niveau de l’usine, on a réussi pour l’instant à localiser 6 technologies (câblage, plastique, cartographie...) qui nous ont permis d’atteindre un taux d’intégration de près de 30%, soit en avance par rapport à ce qui a été prévu. Mais on sait qu’il faut aller un peu plus loin. C’est pour cela qu’il faut acquérir de nouvelles technologies pour arriver à augmenter nos volumes et les deux process pour arriver à intégrer encore plus. En tout cas, on est dans les temps et on sait qu’il faut aller encore plus vite. - Six fournisseurs accompagnent actuellement cette usine dans l’intégration des pièces embarquées. Est-ce suffisant pour vous conformer au nouveau cahier des charges relatif au montage automobile en Algérie ? Dans votre question, à mon sens il y a deux points. Est-ce que cinq ou six fournisseurs — je préfère parler de technologies, car un fournisseur peut prendre deux, trois marchés…— c'est suffisant ? Non. Si on veut être plus compétitif et si l’on veut aussi travailler pour le marché local, il en faut plus et c’est pour cela qu’on travaille pour en avoir deux de plus en 2018 et avoir au moins plus d’une dizaine avant l’arrivée de la nouvelle usine (la ligne CKD, ndlr). - Est-ce que cela est conforme au cahier des charges ? Globalement, on est en train d’étudier et d’évaluer ce cahier des charges. Mais, oui, cela nous paraît assez logique avec ce nouveau cahier des charges qui a été fait. - Et quels seront ces futurs fournisseurs ? On travaille sur différents types de technologies. On souhaiterait passer à une technologie plastique II. On travaille aussi les joints d’étanchéité et les radiateurs. On a 5 à 6 technologies dans le viseur dont 2 ou 3 qu’il est possible d’avoir dès cette année. - Quand est-ce que l’usine de Oued Tlélat passera à la phase CKD qui correspond à l’intégration des départements tôlerie et fonderie ? Quand on dit l’usine passera à la phase II, c’est carrément la création d’une usine dans l’usine. D’un côté, on va garder la ligne SKD actuelle et sur laquelle il faut arrêter un plan produit, et ensuite créer sur un autre terrain la nouvelle usine CKD. A ce titre, côté Renault, les investissements ont été décidés et les travaux de terrassement et de l’approvisionnement en énergie électrique ont déjà commencé. L’étape la plus importante, c’est le choix de l’atelier peinture. Là aussi l’investissement a été décidé. C’est l’un des points les plus importants dans la nouvelle usine parce que c’est la peinture qui va nous permettre de travailler l’intégration en amont des pièces tôlerie ou des pièces plastiques à propos desquelles on est en train de discuter avec des fournisseurs locaux et nos partenaires, notamment la SNVI qui a aussi une expérience dans cette industrie. - Après la Renault Symbol, la Dacia Sandero Stepway, le montage de la Clio 4 est annoncé pour les prochains jours. Quels sont les autres modèles que l’usine intégrera ? Le montage du Duster est-il envisageable ? On a décidé d’élargir notre production sur la ligne SKD. Pour l’instant, on a eu les deux modèles, la Symbol et la Sandero, deux modèles qui ont un grand succès sur le marché algérien. Mais aussi la Clio 4 parce que le client algérien a vraiment une bonne appréciation du design et de la modernité de ce véhicule. C’est une offre qui est relativement complémentaire avec des choix en termes de produits qui sont très différenciés. La Clio, dont la production a commencé, va être lancée au début du mois de mars et on espère faire un volume important dès cette année. Pour ce qui est de l’usine CKD, on a fait un plan produit ; en revanche, pour l’instant, nous ne communiquons pas dessus parce qu’il est encore trop tôt. Cette usine doit ouvrir ses portes fin 2019, donc on a un peu de temps pour annoncer les modèles qui vont être produits en son sein. Concernant le montage du Duster, je ne peux pas vous répondre. - Renault est toujours leader sur le marché, et ce, depuis plus de dix ans. D’autres usines viennent de commencer leur activité dans le montage de véhicules. Ne craignez-vous pas la concurrence en termes de parts de marché ? Allez-vous réajuster votre stratégie de marketing pour faire face à cette nouvelle donne industrielle ? Les parts de marché sont, pour nous, quelque chose de virtuel. Ce qui m’intéresse sur le marché algérien, c’est augmenter les volumes parce qu’il y a une demande plus forte — la demande actuellement est supérieure au volume que l’on produit — parce que c’est l’augmentation des volumes qui nous permettra d’augmenter l’intégration locale. Les parts de marché, c’est le résultat du bon travail fait avant et ce n’est pas un objectif en soi. Ce qui m’intéresse en 2018, c’est d'arriver à faire plus parce que c’est ça qui me permettra d'attirer plus de fournisseurs et de négocier la base de coût la plus bénéfique possible pour le marché algérien. - Il n’y aura donc pas de réajustement de votre stratégie de marketing… Notre stratégie dans un premier temps est de savoir produire des voitures de qualité avec le meilleur niveau d’intégration, c’est pour cela qu’on décide de l’investissement en CKD. Le deuxième axe, c’est d’être capable d’avoir un niveau de service au sein du réseau qui soit correct et satisfaisant vis-à-vis des clients. Ce qui est important c’est au final le volume. Le volume de l’Algérie de 2017 était un peu plus de 60 000 voitures. Le groupe Renault est la première marque en Afrique avec 17% de parts de marché, soit 200 000 voitures. Ce qui m’intéresse c’est augmenter ces volumes, accroître l’intégration locale et baisser les prix. - Justement, quelles sont les prévisions pour les prochaines années en termes de volumes ? L’objectif pour cette année, c’est de produire au minimum 70 000 voitures. C’est un challenge, car il faut ajouter un nouveau véhicule (la Clio 4) et garder le même niveau de qualité sur les trois véhicules. Ensuite, à terme, l’objectif est d’arriver à faire cette ligne de CKD le plus rapidement possible. Sur cette usine CKD, il y a deux objectifs : d’une part, un premier palier à 100 000 véhicules et, d’autre part, une visée qui doit être à terme au minimum à 250 000 véhicules. - Mais pour augmenter le volume de 70 000 véhicules, ne faut-il pas une troisième ligne en SKD ? Notre organisation industrielle SKD pour les trois modèles est suffisante. Tous les efforts doivent se concentrer sur la nouvelle usine CKD, à commencer par l’atelier peinture. Les travaux commencent dès maintenant et l’ouverture de l’usine CKD est prévue pour fin 2019.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire