dimanche 26 février 2017

«Le fardeau des sacrifices pèse sur l’Algérie des plus faibles»

Système politique en crise», «impasse politique» et «rupture de la confiance entre gouvernants et gouvernés»… Ce sont les trois points essentiels abordés par le président de Talaie El Houriyet, Ali Benflis, dans un discours prononcé devant les militants de son parti, réunis hier à Sétif. Dressant un tableau sombre de la situation générale du pays, l’ancien chef de gouvernement répond implicitement à l’appel du président Bouteflika qui a invité, vendredi dernier, les Algériens à résister face à la crise. «Comment appeler aux sacrifices des Algériennes et des Algériens et espérer être entendu lorsque l’on fait peser le fardeau des sacrifices sur l’Algérie des plus faibles, l’Algérie des plus fragiles et l’Algérie des plus vulnérables, et que l’on en exonère la minorité préférée, la minorité privilégiée et la minorité gâtée du régime politique en place ?» s’interroge-t-il d’emblée. Dans ce sens, le leader de Talaie El Houriyet estime que «la confiance est rompue et le fossé de la défiance se creuse entre le gouvernant et les gouvernés». «Comment appeler à la mobilisation nationale et attendre des Algériens qu’ils s’y rallient alors que cet appel émane d’institutions illégitimes, décrédibilisées, non représentatives et en perte de confiance ? Et comment faire croire aux Algériens que la rationalisation des dépenses et l’austérité sont une exigence de la phase critique dans laquelle nous sommes, alors que la corruption s’entend dans l’impunité, que la fuite des capitaux se poursuit... ?» dit-il. L’impasse politique, ajoute-t-il, «est globale et totale». «Cette impasse dont nous parlons n’est pas une vue de l’esprit, c’est une réalité ; c’est une réalité douloureuse, mais une réalité qui s’impose, qui se constate et qui se vit», précise-t-il, affirmant que celle-ci «n’est pas une invention d’une opposition qui n’aime assez son pays». «Elle (l’impasse) n’est pas un simple épouvantail que l’opposition agiterait pour attiser des peurs sans fondement et pour entretenir des préoccupations qui n’auraient pas lieu d’être», souligne également Ali Benflis. Rappelant que «personne ne détient le monopole du patriotisme», il qualifie la situation du pays «d’affligeante, d’angoissante et de préoccupante». «Le premier devoir patriotique, aujourd’hui, est aussi de dire la vérité – toute la vérité – à notre peuple à propos de cette situation, non pour ajouter à ses craintes et à ses inquiétantes mais, bien au contraire, pour l’amener à prendre la mesure des défis et le mettre en position de les relever, en position de force», lance-t-il, précisant que c’est «le système politique algérien tout entier qui est en crise». «Il représente la crise mère dont découlent toutes les autres crises, qu’elles soient politiques, économiques ou sociales. Ce système a atteint ses limites. Il est à bout de souffle. Il n’a plus d’énergie pour s’adapter ni pour se renouveler. Il est dans l’incapacité intrinsèque de suivre la marche accélérée de son environnement et de son temps», tranche-t-il.

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