La passe d’armes se poursuit entre Ahmed Ouyahia et Djamel Ould Abbès et les échanges de piques montent en cascades en cette fin de campagne rythmée par du tac au tac entre les deux partis au pouvoir. Au secrétaire général de l’ex-parti unique qui cherche à accaparer l’image du président de la République et «ses réalisations», le patron du RND réplique en affirmant que Bouteflika «appartient à tous les Algériens». M. Ouyahia n’a pas manqué l’occasion de son meeting d’hier à la salle Harcha (Alger) presque pleine pour tenter de porter l’estocade pour stopper son «rival maison». Réaffirmant son soutien «total» au chef de l’Etat, Ahmed Ouyahia a rappelé que «Bouteflika est le président de tous les Algériens et de tous les partis politiques». Dans sa charge, il tacle encore le FLN qui dit vouloir régner un siècle. «Nous ne pensons pas gouverner 100 ans, c’est insensé, c’est contraire à la démocratie», tonne le chef du RND. Et pour mieux enfoncer son adversaire, il assure que «contrairement aux autres qui font dans la chkara (corruption), le RND a choisi des militants comme candidats aux élections législatives». Subliminal message à l’adresse du FLN dont l’élaboration des listes électorales a été émaillée par des scandales de corruption. Il est vrai que la bataille s’annonce serrée entre le FLN qui entend garder la majorité parlementaire et le RND qui déploie son arsenal pour parvenir à un équilibre des forces dans la future Assemblée nationale. De la nouvelle cartographie électorale dépendront les rôles et les positionnements des uns et des autres. Passées les mises aux points, Ahmed Ouyahia déroule les principales propositions de son parti qu’il compte défendre à l’Assemblée nationale. Pour pallier la crise économique, le patron du RND préconise, entre autres, le «choix de l’amnistie fiscale». «Nous avons deux choix, soit courir derrière ceux qui n’ont pas payé leurs impôts, soit leur accorder une amnistie, je suis pour le second choix pour des raisons d’efficacité», défend Ouyahia. Sur le même registre économique, le dircab’ de la présidence de la République appelle également à «parachever les réformes économiques» en plaidant pour «la privatisation des secteurs comme l’habitat, les briqueteries et les minoteries. Il faut le faire tant qu’ils sont rentables». A ce propos, il évoque la crise qui frappe le secteur du bâtiment, l’endettement de l’Etat qui n’est plus en mesure de satisfaire ses honoraires vis-à-vis des entreprises de réalisation. «Il faut libéraliser le secteur du bâtiment et donner la possibilité aux entreprises privées d’investir avec des avantages fiscaux», prêche-t-il. Cependant, Ouyahia prend le soin de préciser que les secteurs stratégiques ne seraient pas concernés par les privatisations. Jugeant que la crise économique risque de s’installer dans la durée en raison notamment de la permanence de la chute du prix du baril de pétrole. Il réitère à l’occasion son soutien à l’exploitation du gaz de schiste en plus des énergies renouvelables. L’exploitation du gaz non conventionnel avait fait couler beaucoup de «fioul», ce qu’avait poussé le gouvernement à ajourner ce dossier. Abordant les questions sociétales, Ahmed Ouyahia se montre implacable avec les trafiquants de drogue et le rapt d’enfants en exigeant l’application «sans état d’âme» de la peine de mort. A l’adresse du monde des médias, Ahmed Ouyahia a profité de la veille de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse pour dire son «soutien à la liberté d’expression et au travail des journalistes, notamment dans leur rôle de révélation des affaires de corruption».
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