Les enseignants maîtrisent-ils tous les outils de l’évaluation des élèves et les objectifs attendus ? Le ministère de l’Education nationale a lancé, entre février et mars derniers, une consultation nationale sur le système d’évaluation pédagogique appliquée dans l’enseignement primaire et moyen et à laquelle ont participé 95% des enseignants. L’objectif de cette opération, effectuée à travers la plateforme numérique du ministère, est centré sur les pratiques de l’évaluation par les enseignants. Les résultats de cette consultation présentés hier par des cadres du ministère révèlent que deux tiers des enseignants utilisent la méthode de l’évaluation par contrôle avec des notes selon le barème et des observations telles que bon, très bon mauvais, faibles…, alors qu’un tiers seulement utilise une évaluation par grilles à travers une échelle d’appréciation de l’acquisition de la compétence enseignée : acquis, en voie d’acquisition… «La majorité des enseignants dans le primaire et le moyen se concentre donc sur la note, alors que le tiers seulement se base sur le parcours et diagnostique une nécessité d’accompagner l’élève pour le développement de la compétence visée», explique Farid Benremdane, directeur de la pédagogique au ministère de l’Education. «L’évaluation répond dans la plupart des cas à une motivation plus administrative que pédagogique. Des enseignants ne savent pas encore ce qu’il faut évaluer», explique Mme Abad, ayant participé à l’élaboration de la consultation qui a interrogé une grande partie des enseignants ayant moins de 10 ans d’expérience. Le sondage a couvert également le volet relatif aux devoirs de maison et les objectifs attendus. L’opération réalisée auprès des enseignants a démasqué certaines insuffisances. Près du tiers des enseignants donnent des devoirs pour la préparation des leçons. «Cet élément nous renseigne sur la pression vécue par les apprenants et leurs familles qui subissent cette tâche qui revient principalement à l’enseignant», explique Nedjadi Messeguem, inspecteur général au ministère de l’Education. Le même responsable plaide pour une réorganisation du calendrier des contrôles et évaluation. «Si en moyenne dans le primaire, l’évaluation est effectuée après 35 heures de cours et dans le moyen après 39 heures, il est recommandé aux enseignants d’avancer l’évaluation à après 10 heures dans le primaire et 5 heures dans le moyen.» «Cette consultation, qui est une banque de données, va constituer une base de travail pour corriger les défaillances et déséquilibres constatés dans la méthode d’évaluation basée essentiellement sur la restitution et la mémorisation, au détriment de la synthèse et l’analyse», soutient Mme Benghabrit, ministre de l’Education nationale. Lors d’un point de presse tenu en marge de la présentation des résultats de la consultation, la ministre a annoncé le lancement de campagnes de formation sur l’évaluation pédagogique au profit des enseignants. Pour mme Benghabrit, «l’engouement des enseignants pour ce débat révélateur d’un besoin d’exprimer une insatisfaction partagée avec les parents sur le système d’évaluation». Par ailleurs, la ministre a annoncé une conférence le 9 mai prochain sur la préparation des examens de fin de cycle ainsi que sur les différentes étapes du concours de recrutement des enseignants.
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