dimanche 4 juin 2017

«On ne peut pas gouverner avec un tel niveau de désaveu»

Le parti de Ali Benflis, Talaie El Hourriyet, livre son analyse sur la situation politique et la nomination d’un nouveau gouvernement. Dans un communiqué sanctionnant la réunion de son bureau politique, la formation de Benflis évoque le fort taux d’abstention aux législatives et estime qu’«aucun gouvernement ne peut prétendre valablement gouverner avec un tel niveau de désaveu, de doute ou de défiance». Pour ce parti, le vide durable au sommet de l’Etat a produit depuis longtemps une impasse politique qui dégénère à son tour, sous les yeux de tous, en un délitement sans précédent de l’ensemble de l’édifice institutionnel de la République. «En effet, avec une institution présidentielle monopolisant les pouvoirs constitutionnels les plus déterminants mais ne les assumant pas, avec une institution législative à laquelle le désaveu massif du corps électoral le 4 mai 2017 a ôté toute légitimité, toute représentativité et toute confiance et avec la formation d’un nouveau gouvernement virtuel semblable à ceux qui l’ont précédé ces dernières années, ce sont les principales institutions de la République qui apparaissent dans un état de délabrement avancé», souligne le BP de Talaie El Hourriyet pour lequel il est évident que «cet état de délabrement institutionnel généralisé représente, à l’heure actuelle, la principale menace à la pérennité de l’Etat national». Pour le parti de Benflis, nier cette réalité solidement établie, «c’est prendre le risque d’exposer notre pays à des lendemains tragiques». Car, il n’y a pas de jour qui passe sans apporter avec lui la manifestation d’«une crise de régime qui s’aggrave». Le BP de Talaie El Hourriyet souligne que les couacs qu’a connus la formation du nouveau gouvernement est une démonstration que rien ne va en Algérie. «La formation de ce nouveau gouvernement a donné lieu à beaucoup d’étrangetés, à beaucoup de curiosités et à beaucoup de singularités affligeantes ou choquantes. Celles-ci sont les résultats du comportement d’un régime politique qui a perdu le sens des réalités», écrit le BP du parti de Benflis qui exprime des craintes «légitimes» quant  au «devenir de l’Etat national qui est notre bien commun le plus précieux». Le parti de Talaie El Hourriyet poursuit en affirmant que «ces institutions politiques en décomposition ont une responsabilité exclusive et directe dans les lendemains très peu rassurants qu’elles réservent à notre pays politiquement, économiquement et socialement». Ce qui inquiète le plus, affirme ce parti, c’est l’absence d’une prise en charge réelle de la situation économique. La crise économique demeure, précise ce parti, sans prise en charge sérieuse près de quatre années après son déclenchement et aux périls d’une déstabilisation sociale qui se profilent à tous les points de l’horizon. Le parti de Benflis souligne dans ce sillage l’instabilité que connaissent les départements ministériels économiques. «Les ministères en charge de secteurs économiques ont changé au moins trois fois de titulaires. Une instabilité gouvernementale d’une telle ampleur est source d’incertitude et d’imprévisibilité et, partant, génératrice de découragement et même de dissuasion chez tous les partenaires, nationaux ou étrangers», estime ce parti pour lequel le nouveau gouvernement est sans cap ni boussole, car il est appelé à appliquer «ce prétendu programme présidentiel qui n’a qu’une existence mythique car s’il existait véritablement cela serait su de tous et son contenu serait connu de tous depuis bien longtemps». Ainsi donc, pour le parti de Benflis, le nouveau gouvernement «apparaît pour ce qu’elle est véritablement : une nouvelle étape dans la stratégie de fuite en avant que le régime politique en place s’est donné pour gagner du temps». Cette fuite en avant, poursuit le BP de Talaie El Hourriyet, «est particulièrement dangereuse pour le pays dans la mesure où elle est condamnée à entretenir l’impasse politique actuelle, à aggraver les crises politique, économique et sociale et à précipiter le délitement total des institutions de la République». Pour cette formation, les menaces sur l’existence même de l’Etat national «n’ont jamais été aussi pesantes».  

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