Les déclarations de l’Aménokal du Hoggar, Ahmed Idabir, à El Watan, ont suscité, hier, la réaction virulente du sénateur Mohamed Akhamoukh (fils de l’ancien Aménokal). Le notable de Tamanrasset commence par rejeter «catégoriquement» les propos d'Idabir, l’accusant de vouloir «dénaturer de manière inconcevable la réalité» de la région. Pour lui, «les Touareg font, depuis des temps séculaires, partie de l’Algérie, cette Algérie qu’ils ont toujours défendue et sont toujours prêts à défendre, à l’instar de leurs glorieux chefs Bey Akhamoukh et Hadj Moussa Akhamoukh, qui ont constamment milité pour son intégrité territoriale et se sont opposés à tous les plans de division initiés par le colonialisme français». Le sénateur estime que les Touareg «n’ont jamais subi et ne subissent aucune forme d’exclusion ou de marginalisation, et ne revendiquent nullement un statut. Les tribus vivent sur la terre de leurs ancêtres, jouissant de tous leurs droits et exercent leurs devoirs en toute liberté, à l’instar de tous leurs concitoyens dans le reste du pays. Ils jouissent de manière équitable des richesses de leur pays et des projets de développement initiés». Mohamed Akhamoukh souligne qu’il «n’a pas besoin» d’énumérer la «longue» liste des programmes de développement dont la région du Hoggar «a bénéficié», et fait remarquer que «les tribus targuies ont toujours été respectueuses des institutions de la République où elles jouissent d’une représentativité appréciable et ne se réclament d’aucune autre». Mohamed Akhamoukh s’en prend brutalement au successeur de son père, en le présentant comme «une personne non représentative des Touareg» et que «le titre dont elle se réclame n’existe plus depuis des années». Plus grave encore : il accuse l’Aménokal d’avoir «usurpé le titre, dont il use pour lancer des accusations infondées et des sous-entendus préjudiciables à la stabilité de l’Algérie en général et à celle de la région du Hoggar en particulier, au nom des Touareg qui ne reconnaissent aucune autre autorité que celle des institutions constitutionnelles de la République». Se présentant comme notable de la région de Tamanrasset, le sénateur explique que «le titre d’Aménokal existait à l’époque du royaume des Touareg, sous l’occupation française. Depuis l’indépendance, cela n’est plus le cas. Les Touareg sont devenus des citoyens de la République, comme tous les autres Algériens. Mon défunt père Hadj Moussa Akhamoukh n’a jamais apprécié qu’on le désigne ainsi alors pourquoi on continue d’utiliser ce titre ?» Visiblement, les propos d’Idabir ont fait tache d’huile. Il avait dénoncé «l’exclusion et la marginalisation» dont «souffre» la communauté des Touareg à Tamanrasset, et menacé de «remettre» son titre aux chefs des tribus du Hoggar, «au cas où les autorités ne répondent pas aux préoccupations de la population dans un délai d’une semaine». Au-delà de cet ultimatum, a averti Ahmed Idabir, «c’est aux chefs des tribus de prendre les décisions qu’ils jugent nécessaires en raison de la gravité de la situation qui prévaut dans la région de Tamanrasset». Des déclarations jugées trop «graves» par le sénateur Mohamed Akhamoukh, un cadre du RND, le même parti auquel appartient Ahmed Idabir, et qu’il a représenté en tant que député durant trois mandats, avant qu’il ne se retire, lors des dernières législatives, de la liste électorale.
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