mardi 5 avril 2016

200 pays concernés : Panama Papers, un scandale sans précédent

Panama Papers est le nom du nouveau scandale financier révélé dimanche par le Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ). Un scandale d’une ampleur sans précédent qui lève le voile sur des centaines de personnalités et de décideurs politiques à travers de nombreux pays, dont l’Algérie, ayant recouru allègrement, et pendant de longues années, aux paradis fiscaux pour dissimuler des avoirs faramineux au détriment de leurs pays. Des millions de documents et de données du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialisé dans le montage de sociétés offshore, ont d’abord été remis par «une source» dont l’identité est gardée secrète au journal allemand Süddeutzsche Zeitung, avant que l’évasion fiscale de grande ampleur ne soit confirmée par le biais d’enquêtes approfondies menées par 370 journalistes de plus de 70 pays.  Selon le journal Le Monde, partenaire de l’ICIJ, le journal allemand avait eu accès à près de 11,5 millions de documents datés de 1977 à 2015. L’enquête internationale a ainsi confirmé l’existence d’avoirs dans les paradis fiscaux de 140 responsables politiques ou personnalités de premier plan, parmi lesquels notre ministre de l’Industrie, Abdessalem Bouchouareb, et des proches de l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, dont certains sont déjà cités dans le scandale Sonatrach. Douze chefs d’Etat et de gouvernement, dont six en activité, ont mené des activités financières occultes, signale aussi la presse, qui cite notamment le Premier ministre islandais Igmundur David Gunnlaugsson, le secrétaire particulier du roi du Maroc Mohammed VI, l’ancien émir du Qatar, le président des Emirats arabes unis, le président argentin Mauricio Macri, le souverain d’Arabie Saoudite, le président ukrainien Petro Porochenko, des proches du président russe Vladimir Poutine, du président chinois Xi Jinping, de nombreux sportifs dont les footballeurs Michel Platini et Lionel Messi figurent aussi parmi les noms cités. Il est à noter que plus de 214 000 entités offshore sont impliquées dans les opérations financières dans plus de 200 pays et territoires à travers le monde, selon l’ICIJ. Ce dernier précise sur son site internet que le gouvernement du Panama a annoncé dimanche qu’il «coopérera vigoureusement» avec la justice si une procédure judiciaire est ouverte suite à ce scandale. «Les documents montrent que les banques, les cabinets d’avocats et autres acteurs opérant dans les paradis fiscaux oublient souvent leur obligation légale de vérifier que leurs clients ne sont pas impliqués dans des entreprises criminelles», affirme l’ICIJ. «Cette fuite sera probablement le plus grand coup jamais porté aux paradis fiscaux à cause de l’étendue des documents» recueillis, estime Gérard Rylé, le directeur de l’ICIJ cité par la presse. «Ces révélations montrent à quel point des pratiques nocives et la criminalité sont profondément enracinées dans les places offshore», estime pour sa part Gabriel Zucman, économiste à l’université de Californie, à Berkeley, cité par le consortium basé à Washington. Il est à préciser que «société offshore» est le nom donné aux entreprises enregistrées dans des pays qui proposent une fiscalité dérisoire, comme les îles Vierges britanniques, le Panama ou les Seychelles. Ces «sociétés internationales d’affaires» (international business corporation ou IBC) n’exercent, comme le précise Le Monde, aucune activité économique réelle sur le territoire dans lequel elles sont enregistrées ; elles servent de simple «coquille» ou d’écran pour des activités exercées ailleurs. Outre la basse imposition, le pouvoir d’attraction des juridictions offshore vient de la facilité de création de sociétés et du faible contrôle sur l’identité de leurs bénéficiaires réels.

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