vendredi 26 août 2016

Azarnane, l’un des villages perdus de Tamanrasset

«Relevant de la commune de Tamanrasset, Azarnane est un exemple de plusieurs villages qui soufrent, entre autres, de la marginalisation des autorités locales», s’indigne Mohamed Ben Dehane, activiste associatif local. Situé au nord-est de Tamanrasset, pour l’atteindre il faut emprunter une piste non goudronnée de 30 km en traversant, à plusieurs reprises, Oued Hoggar qui débute de l’Assekren et qui débouche sur oued Tamanrasset. Cette réunion de 4 villages, d’environ 2000 habitants, manque de tout. Rencontré dans l’un des villages, Ibba Khadir, 49 ans, directeur de l’école primaire de Azarnane et responsable du village, énumère, pour El Watan Week-end, les manquements dans sa région : «Nous avons écrit à plusieurs reprises aux responsables de notre wilaya à propos de ce problème de route qui relie notre village à Tamanrasset, mais aucun d’eux n’a pris la peine de nous répondre. Oued Hoggar détruit chaque année toutes les routes tracées par les villageois. Nous sommes otages de cette région. Nous n’avons qu’une seule école primaire, mais qui manque de beaucoup de classes comme la 4e et la 5e années. Nos enfants sont obligés d’être placés en internat à Tamanrasset et ne disposent même pas de moyen de transport pour se rendre à l’école. Ici, aucun véhicule ne passe, donc les gens se rendent à pied à leur destination.» A Azarnane, le seul dispensaire dont dispose la région a été fermé juste après son inauguration en 2007. Ahmed Ibba, 38 ans, habitant de cette région et père de deux enfants, s’indigne : «Rien ne bouge quand il pleut dans notre région. Notre dispensaire est fermé. Nos malades sont soit transportés vers Tamanrasset ou doivent attendre l’infirmier qui nous rend visite une fois par mois ou tous les deux mois.» Sa femme, Fatma, 34 ans, a réussi à deux reprises son concours d’entrée à l’école paramédicale de Tamanrasset. «On lui a refusé l’entrée sous prétexte qu’elle n’a pas fait des études scientifiques, s’indigne Ahmed. Si elle a bien réussi, c’est qu’elle en est capable. Pourquoi donc lui refuser l’accès aux études pendant que notre région manque terriblement de médecins et d’infirmiers permanents ?» Dans cette région isolée, beaucoup d’agriculteurs ont perdu leur récolte et leurs puits recouverts de sable depuis les derniers débordements du oued Hoggar. Ibba Khadir appelle les autorités «à construire des murs de protection autour de l’oued et réfléchir à la possibilité de réaliser un barrage afin de faire bénéficier les agriculteurs de la région de cette richesse naturelle dont ils ont vraiment besoin.»

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